Dans le cadre de la vingt-deuxième édition du festival « Jazzycolors » la vibraphoniste Derby WANG présentait son DAT Quartet à L’Entrepôt (Paris). Alain Gauthier y était...
La vingt-deuxième édition du festival Jazzycolors prend ses aises ce soir, hors les murs de l’Institut Culturel de Taïwan, en investissant l’Entrepôt, lieu emblématique d’une vie culturelle de quartier et pas que : entre les habituels voisins habitués et les taïwannais de Paris, salle comble, on refuse du monde pour venir écouter le DAT Quartet emmené par Derby WANG : elle même au vibraphone et aux compos, Yoko SUZUKI piano, Yuta OMINO contrebasse et Hiroki KITAZAWA batterie. Folk song taïwannais arrangé jazzy, slow taïwannais délicat et aérien tout en nuances, des compos de Wang aux thèmes clairs, précis sur des tempi moyens qui restent en deça de la prise de risque, soli de l’une ou l’autre, ça tourne rond et une dernière pièce en forme de cadeau avant Noël : bonne santé à tous et toutes !!
Et puis, bien sûr, on les rappelle. Pour un rappel d’anthologie. Tout au long du concert, la pianiste a tiré son épingle du jeu via de solides soli et un accompagnement au plus près de la vibraphoniste (en particulier) et voici pour terminer, une de ses compositions “Flies In May”. Tempo très vif introduit par le batteur, thème joué par la pianiste et roule ma poule, icelle se lance dans une folle improvisation à fond les ballons, la poignée dans le coin, en totale prise de risque genre rendez-vous au point d’orgue (ou dans le mur). D’un seul coup d’un seul, ce quartet prend une envergure qu’il avait à peine effleurée et s’arrache du sol en post-combustion. Le public est en apnée haute. La vibraphoniste sort de sa zone de confort et rejoint la pianiste pour une battle de claviers enthousiasmante et haletante ; le bassiste frôle la tendinite multiple, le batteur les crampes dans les quatre membres et les deux claviéristes ne lâchent rien ; elles avalent les grilles l’une après l’autre, impossible de s’arrêter maintenant que le flow de musique flue fluide fou fast ( pas food ) entre elles ; elles développent une histoire façon saga multi-séculaire avant de croiser le fer dans une série de 4/4 améliorés et toujours sur la voie gauche de l’autoroute ( sans doute allemande au vu de leur vitesse ). Rien que du plaisir entre elles et eux, un moment de jouissance partagée dans un coît musical collectif et public !!! Il faut tout de même en finir : regards croisés, retour au thème, ultime coup de cymbale, comme à regret.
Dehors, la nuit semble moins froide.
L’Entrepôt
7 rue Francis de Pressensé
75014 Paris