Le ciel est bleu, le ciel est vieux. Les morceaux que propose le quartet de Samuel Blaser nous sont-ils tombés sur la tête ? Nous posons la question car nous les sentons rampants dans les affres de la désaffection, sombrement construits autour d’une somme d’altérités sonores où s’entrecroisent des réminiscences mélodiques anciennes. Est-ce un monde insondable ? Pressentie plus qu’abordée, la confiance qu’on lui désaccorde est limitée tant il semble né pour nous cerner. Et nous, offert à la tentation du discernement, nous l’écoutons fuir, comme un qui perd un peu de lui-même, à chaque pas, sur un chemin d’angoisse.

Samuel Blaser 4tet
Pieces of old sky

Le trombone de Samuel Blaser genère des souffles sépulcraux. Autour de lui, les inspirations harmoniques des autres musiciens absorbent les silences, les transforment en erratiques nuées d’où sourdent quelques tonalités marquées par l’urgence d’un jaillissement qui aimerait être libérateur. Le paysage musical est baigné d’urbanisme blafard, de mysticisme ambigu, de murs suintants et graisseux, de vaines et soudaines excitations dans des ruelles livrées à elles-mêmes avant que le jour ne se relève. Le trombone, encore, qui nous appelle par volutes mineures, nous colle à l’oreille un frissonnement poignant, de ces frissonnements qui raclent l’esprit des os. Un univers interlope nous entrouve des paysages en nue propriété. Ils nous laissent songeur, le cul sur un talus. A-t-on bien entendu ? It ain’t necessarily so semble dire le choral final.


> Samuel BLASER QUARTET : "Pieces of old sky" - Clean Feed CF- 151- distribution Orkhêstra

Samuel Blaser : trombone / Todd Neufeld : guitare / Thomas Morgan : contrebasse / Tyshawn Sorey : batterie

01. Pieces of old sky / 02. Red hook / 03. Choral I / 04. Mystical circle / 05. Mandala /06. Speed Game / 07. Choral II


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