Fils d’un émigrant allemand, un temps comédien et danseur, et d’une mère qui pratiquait l’orgue à l’église, William Henry Bauer, dit Billy, appartient à la catégorie maudite des musiciens oubliés dont on ignore le plus souvent quels précurseurs il furent dans le domaine du jazz. Né le 14 novembre 1915 à New York et mort le 16 juin 2005 à Albertson, Billy Bauer apprit le ukulélé à l’âge de 9 ans alors qu’il était immobilisé par une fracture de la jambe. Il apprit ensuite le banjo et obtint son premier engagement à 16 ans. Il passa ensuite à la guitare, influencé par Floyd Smith et, plus particulièrement, par Charlie Christian auquel il voua une dévotion marquée.

Billy Bauer

Reconnu comme un rythmicien hors pair dans l’orchestre de Jerry Wald d’abord puis dans ceux de Woody Herman, Benny Goodman et Jack Teagarden, il tarda à s’affirmer en tant que soliste. Son talent s’épanouit au sein de petites formations et c’est notamment par son travail avec Lennie Tristano au milieu des années quarante que l’on remarqua l’originalité de son jeu et sa constance dans l’innovation musicale aux avant-postes d’un jazz alors en pleine effervescence. S’il est aujourd’hui admis qu’il fut un pionner de la guitare moderne, il fallut néanmoins attendre la décennie suivante pour qu’on le comprenne véritablement, grâce à sa collaboration avec les saxophonistes, avant-gardistes à l’époque, Lee Konitz et Warne Marsh. Nul doute, par exemple, qu’un Jimmy Raney l’ait consciencieusement écouté, et d’autres à sa suite. Au tournant des années soixante, l’essentiel de son activité se concentra sur l’enregistrement de studio, en tant que sideman, où son habileté guitaristique le rendait incontournable. Le filon tari, il ne se consacra plus qu’à l’enseignement au New York Conservatory of Modern Music et dans sa propre école, la Billy Bauer’s guitar school où il compta parmi ses élèves un dénommé Joe Satriani (lequel prit également des leçons avec Lennie Tristano). Il créa également, en 1951, une maison d’édition qui permit, entre autre, de préserver l’héritage musical de Lennie Tristano, Lee Konitz et Warne Marsh. Ses ouvrages théoriques The guitar instructor series y sont également publiés.

Sa dernière apparition scénique eut lieu en 1997 lors d’un « JVC Tribute » à Tal Farlow et Barney Kessel.

Celui qui publia en 1997 une autobiographie intitulée Sideman ne publia qu’un disque sous son nom, Plectrist, en 1956, qui est actuellement disponible en réédition chez Freshsound avec une autre session de 1955 dont l’intérêt est discutable (Let’s have a session - The billy Bauer quartets, Freshsound FSRCD 516). La remarquable réédition réalisée par Verve en 2000 (dont nous donnons les coordonnées ci-dessous) est encore disponible ici ou là sur le net, mais à des tarifs prohibitifs. La possibilité de l’acheter en MP3 demeure (est-ce mieux que rien ?) ou mieux, de fréquenter régulièrement les quelques disquaires spécialisés qui existent encore.

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Billy Bauer - Plectrist
Verve

> BILLY BAUER : "Plectrist" - Verve 314 517 060-2 -

Billy Bauer : guitare / Milton Hinton : contrebasse / Andrew Akers : piano / Osie Johnson : batterie

01. It’s a blue world / 02 .Maybe I love you too much / 03. Lincoln tunnel / 04. Night cruise / 05. Too marvelous for words / 06. Lady Estelle’s dream / 07. You’d be so nice to come home to / 08. The way you look tonight / 09. Moon mist / 10. Lullaby of the leaves / 11. Blue mist / 12. The way you look tonight (alternate take) / 13. Tthe way you look tonight (alternate take) / 14. The way you look tonight (alternate take) / 15. Lullaby of the leaves (alternate take)


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