Créé en 2001 par le manager-producteur Leonardo Pavkovic, le label new-yorkais MoonJune Records reste fidèle à l’esthétique "progressive rock ethno jazz" issue des années 70.
En 1970, Robert Wyatt, alors batteur du groupe anglais Soft Machine, composa "The Moon in June". C’est de là que provient l’intitulé du label MoonJune Records que pilote le producteur-manager Leonardo Pavkovic.
En fan absolu de l’esthétique de la célèbre Machine Molle, Pavkovic tient à conserver, à préserver les caractéristiques dans courant artistique qui fut, en son temps, très fertile en Grande-Bretagne avant d’essaimer un peu partout à travers le monde, comme nous allons le voir.
"L’objectif essentiel de MoonJune records, c’est de soutenir des musiques qui transcendent les barrières stylistiques étroites et évoluent dans un continuum progressif qui place le jazz à une extrémité et le rock à une autre...". C’est ainsi que Leonardo Pavkovic définit la ligne artistique de son label. Il ajoute que ce cadre n’est pas strict, bien-sûr, puisque le jazz et le rock se sont enrichis des courants allant "du progressive-rock à l’ethno-jazz, de l’avant garde expérimentale au jazz-rock, et toutes les formes intermédiaires...". Puriste, oui, mais pas psycho-rigide !
Les amateurs de guitares acides et saturées, de claviers vintage (du mellotron au Mini-Moog en passant par le Wurlitzer ou le clavinet), de formes répétitives et de rythmiques binaires (plus ou moins...) vont trouver leur bonheur auditif en explorant les ressources de ce label.
Avec un peu de retard, nous sortons des frigos de CultureJazz cinq productions du label. Une musique sur laquelle, cependant, le temps n’a que peu d’effet. Comme les collectionneurs de vieilles voitures, les gourmets du progressive-rock-ethno-jazz des seventies ont occulté le paramètre temps dans leur goûts musicaux.
Vous trouverez dans cette page la présentation de 5 albums qui ont tous un caractère particulier et méritent d’être écoutés avec attention sinon intérêt ou passion...
Les disques MoonJune sont distribués en France par Musea.
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> MoonJune records MJR024
Riza Arshad : Fender Rhodes, piano, synthétiseur Oberheim OBX analogique / Tohpati : guitares acoustique et électrique / Adhithya Pratama : guitare basse / Endang Ramdan et Erlan Suwardan : percussions "kendang", tambourin, claps, jouets, vocal // invités : Emy Tata : percussions "kendang", tambourin, claps, jouets, vocal (2) / Mian Tiara : vocal (7) / Dave Lumenta : paysages sonores (8)
Compositions et arrangements de Riza Arshad sauf 2 (Arshad/Ramdan/Suwardana/Tata/Tohpati) et 6 (Arshad/Ramdan/Suwardana) / Enregistré à Jakarta, Indonesia par Riza Arshad en 2008.
01. Salilana Pertama (Forever, Part 1) / 02. Salilana Kedua (Forever, Part 2) / 03. Tak Jauh Pertama (Not So Far, Part 1) / 04. Tak Jauh Kedua (Not So Far, Part 2) / 05. Trah Lor - Laras (Northern People - Voices) / 06. Trah Lor - Rupa (Northern People - Faces) / 07. Trah Lor - Tapak (Northern People - Prints) / 08. Karuhun (To Elders) / 09. Disapih (Separate Away)
Cet ensemble de "jazz progressif" nous vient d’Indonésie. Il se compose d’un trio guitare(s) / basse / claviers auquel s’ajoutent des percussions traditionnelles indonésiennes en lieu et place d’un batteur "conventionnel".
La musique composée et arrangée par le pianiste (et leader) Riza Ashad se construit paisiblement autour du jeu des percussionnistes et des développements mélodiques de musiciens assez volubiles. Une ambiance sonore atypique où la musique électrique à l’occidentale rencontre la sophistication rythmique indonésienne.
À découvrir !
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> MoonJune records MJR031
Dennis Rea : guitare électrique 6 cordes / Thaddaeus Bophy : guitare électrique 12 cordes / Bill Jones : trompette / Ryan Berg : guitare basse / Jay Jaskot : batterie // + Izaac Mills : clarinette basse (1 & 5)
01. Mean Streets of Pyongyang / 02. Gibberish Falter / 03. Po’ Brief / 04. Don Quixotic / 05. Adrift / 06. Amber Waves of Migraine / 07. Pachinko Malice / 08. Dreams From Our Dear Leader / 09. Jack Out The Kims / 10. Slouchin’ at the Savoy
Quintet basé à Seattle, Iron Kim Style détourne de manière sarcastique et sans ménagement les outrances de la dictature nord-coréenne de Kim-Jong-Il.
On serait tenté de parler de power quintet autant pour l’énergie qui anime ces cinq gaillards (et leur invité clarinettiste) que pour la référence au pouvoir d’un dictateur à laquelle ils répondent en jouant sans leader une musique électrique aux formes très ouvertes.
Sans fioritures, en privilégiant l’expression brute, ce groupe développe son discours en mêlant les influences de Miles Davis version électrique et la rusticité du rock dans une formule à deux guitares. On découvre (ou retrouve ?) le guitariste Dennis Rea qui s’illustre également dans un autre groupe de Seattle : Moraine. (écouter aussi : Dennis Rea : "Views from Chicheng Precipice")
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> MoonJune records MJR029 (2 CDs)
Allan Holdsworth : guitare / Alan Pasqua : claviers / Jimmy Haslip : guitare basse / Chad Wackerman ! batterie
CD1 :
01. Blues For Tony / 02. The Fifth / 03. It Must Be Jazz / 04. Fred / 05. Guitar Intro / 06. Pud Wud
CD2
01. Looking Glass / 02. To Jaki, George and Thad / 03. San Michele / 04. Protocosmos / 05. Red Alert
Enregistré en concert pendant une tournée européenne en mai 2007.
Au milieu des années 70, le batteur Tony Williams composa un New Lifetime en faisant appel au guitariste britannique Allan Holdsworth et au pianiste Alan Pasqua (originaire du New-Jersey).
C’est en hommage à cette formation mythique du jazz fusion et à son leader que le quartet qu’on écoute ici en deux disques a été constitué en 2006 et enregistré au printemps 2007. Outre le guitariste virtuose qui a su construire sa renommée (justifiée) entre ses compatriotes Jeff Beck et John McLaughlin, on trouve le bassiste véloce du groupe Yellowjackets, Jimmy Haslip et le batteur Chad Wackerman (bien loin de la souplesse de Tony Williams !).
Du jazz fusion de très belle facture, certes, mais qui semble un peu daté aujourd’hui... On suppose que les amateurs du genre se régaleront.
> MoonJune records MJR030
Beppe Crovella : mellotron, Fender Rhodes Stage 73 electric piano, Wurlitzer E200 electric piano, Hohner electric piano, Hohner Clavinet D6, Rösler Grand Piano, Hammond Organ M102, Farifsa Professional
...Rattlin’ all the time
01. Tarabos / 02. Chloe And The Pirates / 03. All White / 04. The Man Who Waved At Trains / 05. As If / 06. Hibou, Anemone And Bear / 07. Out-Bloody-Rageous / 08. Pig / 09. Esther’s Nose / 10. Slightly All The Time-..before the Moon / 11. Leonardo’s E-Mail / 12. Moonvision / 13. Many Moons, Many Junes...after the Moon / 14. Lunar Impression/ 15. Circular Lines In The Air / 16. Moon Geezers (to Hugh & Elton)
Une curiosité pour les puristes (voire les intégristes !). Le pianiste italien Beppe Crovella propose son interprétation des compositions de Mike Ratledge, l’homme des claviers du groupe Soft Machine.
Pour coller à l’esprit de l’époque (et à la commande se son ami Leonardo Pavkovic, le producteur de MoonJune records...), il certifie qu’il n’a utilisé aucun synthétiseur ni clavier numérique pour cet enregistrement... Puriste disait-on ! Mais il s’est autorisé le re-recording...
Ambiances planantes, phrases répétitives, sonorité solistes nasillardes... On pourra écouter avec amusement (et/ou intérêt) cette suite lunaire en trois parties dans laquelle Crovella a tout de même glissé deux de ses compostions : Leonardo’s E-Mail et Moon Geezers qu’il dédie aux regrettés Elton Dean et Hugh Hopper, qui furent respectivement saxophoniste et bassiste de Soft Machine.
> MoonJune records MJR032
Alex Maguire : Fender Rhodes, orgue Hammond organ, mellotron, synthétiseur / Michel Delville : guitare électrique, Roland GR-09 / Tony Bianco : batterie // invité "spécial", Richard Sinclair : voix (1, 5) et basse électrique (1, 2)
Enregistré en août 2009 à San Sebastiano da Pó (Italie)
01. Corale di San Luca / 02. Laughter / 03. Over Birkerot / 04. Sea / 05. Passing Cloud / 06. Cosmic Surgery / 07. Aeon / 08. Beppe’s Shelter
Le pianiste britannique Alex Maguire est un fidèle du label MoonJune. Son disque en sextet avait retenu notre attention en janvier 2009. On le retrouve ici en compagnie du guitariste Michel Delville et du batteur un rien cogneur Tony Bianco pour un disque qui pourra sembler déjanté, déglingué, déguingandé mais survolé par la voix nébuleuse de Richard Sinclair, bassiste et chanteur qui reste indissociable de groupes britanniques mythiques comme Caravan ou Hatfield and the North.
Enregistré chez Beppe Crovella (voir ci-dessus), ce disque propose une musique sombre et mouvante qui colle bien à l’image industrielle suggérée par la pochette.
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