Pour ce mois de mars 2011, une première sélection dans laquelle on trouve des nouveaux venus qui en veulent mais aussi des valeurs sûres à la sereine expérience.

Un point commun : tous portent l’esprit du jazz même si celui-ci se décline avec des couleurs et des formes différentes.

Huit disques récents (parus ou à paraître) présentés et commentés par ordre alphabétique.

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  Frédéric BOREY : "Lines"

Frédéric BOREY : "Lines"
Fresh Sound New Talent

> Fresh Sound New Talent FSNT-367 - distribution www.freshsoundrecords.com/lines (9,90 € + port)

Frédéric Borey : saxophones tenor et soprano / Camelia Ben Naceur : piano / Nolwenn Leizour : contrebasse / Stefano Lucchini : batterie

01. Dwarf steps / 02. Urban walk / 03. Line for Kodaly / 04. Old devil moon / 05. Line for Bartok / 06. What about ? / 07. Line for Debussy / 08. Blue day / 09. Exit / 10. Line for Warne // Enregistré en France en mai 2009

Quatrième album de ce saxophoniste que nous n’avions pas encore pris le temps d’écouter, ce que nous déplorons aujourd’hui. Lines, produit par Fresh Sound New Talent, est un beau disque de jazz actuel. Des compositions particulièrement bien ciselées en sont le premier attrait, notamment avec des références à la musique du XXe siècle et en particulier Kodaly dont on se lasse pas. La sonorité de Frédéric Borey est le deuxième attrait de cet enregistrement. Ronde et claire, nuancée, elle s’impose en douceur, sans éclats bruyants ni artifices. Très aboutie, elle délivre avec précision des phrases d’une grande justesse qui ne manquent pas de séduire.

on aime !
  • Enfin, le dernier atout de ce CD est la qualité des accompagnateurs du saxophoniste. A l’image du leader, ils aiment à manier la nuance avec rigueur et subtilité. Adeptes du beau, ces trois musiciens développent un accompagnement authentique qui porte le leader et lui donne une assise propice.
  • Avec ce disque, Frédéric Borey démontre qu’il possède un style véritable, du goût et des idées. N’est-ce pas assez pour faire une belle carrière ?

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  Cédric HANRIOT : "French Stories"

Cédric HANRIOT : "French Stories"
Plus Loin music / Harmonia Mundi

> Plus Loin music - distribution Harmonia Mundi

Cédric Hanriot : piano, Fender rhodes, orgue, programming / John Patitucci : contrebasse et basse / Terri Lyne Carrington : batterie et voix / Benjamin Powell : violon / Patrick Owen : violoncelle / 2TH : vocal

01. Louisiana / 02. La chanson des vieux amants / 03. Crunkie / 04. Your sweetness / 05. Prélude / 06. Mambo / 07. Tribal poem / 08. Que Marianne était jolie / 09. Le jazz et la java / 10. Hymne à l’amour

Cédric Hanriot dont nous découvrons le travail avec cet album est, a priori, une sorte d’OVNI. Arrivé tardivement à la musique, voilà qu’il nous propose un enregistrement avec une rythmique composée de John Patitucci et Terri Lyne Carrington accompagnés des moins connus Patrick Owen au violoncelle, Benjamin Powell au violon et 2TH (?) à la voix.

  • Même si nous ne sommes pas totalement séduit par certains parti-pris esthétiques, notamment le premier morceau ou la voix sur le deuxième, force est d’avouer que de beaux moments acoustiques se développent tout au long du CD. Le casting de choc n’est pas pour rien dans cette affaire. La finesse et l’aisance de la rythmique précitée font des merveilles.

Nous ne sommes pas cependant convaincus par l’aspect electro d’autres pièces plutôt bien ficelées cependant, comme par les interventions vocales d’ailleurs. Les goûts et les couleurs, n’est-ce pas ?

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  Lee KONITZ - Dave LIEBMAN - Richie BEIRACH : "Knowing Lee"

Lee KONITZ - Dave LIEBMAN - Richie BEIRACH : "KnowingLee"
Out Note Records / Harmonia Mundi

> Out Note Records OTN006 - distribution Harmonia Mundi

Lee Konitz : saxophones alto et soprano / Dave Liebman : saxophones ténor et soprano /
Richie Beirach : piano

01. In Your Own Street Way (D. Brubeck) / 02. Don’t Tell me what key (Konitz - Liebman - Beirach) / 03. Universal Lament (Konitz - Beirach) / 04. Alone Together (H. Dietz - A. Schwartz) / 05. Knowinglee (Liebman - Beirach) / 06. Solar (M. Davis) / 07. Migration (Liebman - Konitz) / 08. Thingin’ - All The Things That... (Liebman - Konitz) /09. Trinity (Konitz - Liebman - Beirach) / 10. Body and Soul (J. Green) / 11. Hi Beck (Konitz) / 12. What is this Thing Called love (C. Porter)

Que dire ? On les connaît, on les apprécie à leur juste valeur, on a plus que de l’estime pour leurs parcours respectifs. Ils ont côtoyé les plus grands. Ils se sont côtoyés et se retrouvent en 2010 pour une session où la liberté est la pierre angulaire d’une musique affranchie.

  • C’est de l’art créé par un trio de maîtres impressionnistes délivrés des angoisses de la partition.
    on aime !

    Ça tutoie les anges sans vergogne : comme des gosses prêts à tous les coups pendables dans la cour des grands. Il y a bien sûr derrière l’espièglerie apparente un énorme boulot d’artistes mûrs et rigoureux qui ne laissent au hasard que la portion qui doit lui revenir.

Une question au passage : pourquoi sont-ce les vieux qui ont souvent le plus la fraîcheur et la spontanéité  ?

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  Philippe LAUDET Quartet : "Terrestre extra"

Philippe LAUDET Quartet : "Terrestre extra"
Le Chant du Monde / Harmonia Mundi

> Le Chant du Monde 274 1888 - distribution Harmonia Mundi

Philippe Laudet : trompette et bugle / Gré­goire Agui­lar : piano et fender rhodes / Serge Ous­tia­kine : contrebasse et chant / Pierre Thu­ries : batterie // + // Fer­di­nand Dou­merc : saxophones sur 1 et 6 / Oli­vier Sa­ba­tier : trombone sur 6 / Jérôme Cotte : chant sur 10.

01. Eparges Airlines / 02. Kilomètre 1096 / 03. Adieu Fovea / 04. Nostalgie Avenue de Friedland / 05. Mangala Vallis / 06. De la neige sur le toit / 07. Agathnambule / 08. Mademoiselle Vanille / 09. Fermeture à l’Aube / 10. Béton ciré / 11. Le flamand rose rêvait d’un été brumeux.

Le trompettiste Philippe Laudet (né en 1959) nous livre un nouveau volet de son voyage dans la galaxie jazz. Après le double CD de Jazz Odyssée (Pour savoir où tu vas, regarde d’où tu viens - 2010), voici Terrestre Extra.

  • Natif de la région parisienne mais toulousain d’adoption, il aime le jazz à l’accent chantant, volubile et blagueur. Pour cela, il a su s’entourer de jeunes musiciens qui ne manquent pas de dynamisme. Cet album gorgé de swing, de groove léger de fraîche insouciance est tout simplement réjouissant comme le prouve la biguine de Mademoiselle Vanille chantée par Serge Oustiakine, le contrebassiste.

Philippe Laudet a nourri sa passion du jazz en écoutant les trompettistes Joe Newman ou Harry Sweets Edison dans le big-band de Count Basie, entre autres, donne un petit coup de polish à un style qui a gardé toute sa solidité et sa brillance.

On embarque volontiers pour ce nouveau voyage... et en toute sécurité : le pilote est aussi ingénieur, passionné d’astro-physique et maîtrise la langue extra-terrestre (lire la pochette !). Let’s go !

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  MUSICA NUDA : "Complici"

MUSICA NUDA : "Complici"
Bonsaï music / Harmonia Mundi

> Bonsaï music - distribution Harmonia Mundi

Petra Magoni : voix / Ferrucio Spinetti : contrebasse

01. Vadi giù / 02. Una notte disperata / 03. Complici / 04. Lei colorerà / 05. Sentieri strade saluti / 06. Mirza / 07. When I drink / 08. Rimando / 09. I giorni di festa / 10. Aria sulla 4 corda / 11. Professionalità / 12. Mon amour / 13. Cinéma / 14. Felicità

Le précédent album du duo ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Sa pléiade d’invités célèbres avait un arrière goût de commerce assez désagréable. Nous n’en dirons pas autant de ce nouvel enregistrement qui voit les deux complices se recentrer sur ce qui fit leur succès : un dépouillement propulsant leurs qualités respectives de mélodistes et de rythmicien inventifs,de grand talent. Le grain de folie est toujours là et c’est tant mieux. En sus, Musica Nuda propose nombre de compositions originales dont on peut dire sans afféterie qu’elles sont réussies.

  • C’est donc une heureuse surprise et nous ne boudons pas notre plaisir.

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  PORTICO QUARTET : "Knee-deep in the North Sea"

PORTICO QUARTET : "Knee-deep in the North Sea"
RealWorld (2nde édition) / Harmonia Mundi

> RealWorld (seconde édition augmentée) - distribution Harmonia Mundi

Jack Wylie : saxophones, machines / Milo Fitzpatrick : contrebasse / Duncan Bellamy, batterie, pianos / Nick Mulvey : hang drum, percussions.

01. News from Verona / 02. Zavodosky island / 03. Knee-deep in the north sea / 04. Too many cooks / 05. Steps in the wrong direction / 06. Moonsoon : top to bottom / 07. The Kon Tiki expedition / 08. Cittagazze / 09. Pompidou / 10. Pricky pear / 11. And all the pieces matter (live) / 12. Knee-deep in the north sea (live) / 13. Steps in the wrong direction (live)

Initialement sorti en 2007, cette réédition est augmentée de trois titres live. Si les communiqués de presse parlent abondamment de Radiohead jouant du jazz, de Steve Reich, et même de Philip Glass, ce qui n’est pas faux, nous pensons que ce quartet « oregonise » beaucoup dans une veine nettement plus contemporaine que jazz et que Garbarek se promène dans le voisinage. Ce qui n’est pas honteux en soi, entendons-nous bien. Et maintenant que les influences sont posées sur le tapis, si nous parlions de leur musique ? On prend bien du plaisir à l’écouter ; riche de détails et finement mélodique, elle s’ancre dans la mémoire de l’auditeur avec facilité. Le jeu atmosphérique de Jack Wylie au saxophone n’est pas pour rien dans cette impression première. La qualité intrinsèque de la rythmique, la cohésion entre les musiciens font le reste et le hang, cette percussion aux sonorités de steel drum créée par un suisse assez récemment, ajoute une touche d’originalité qui séduit beaucoup, apparemment, mais nous laisse un peu de marbre et nous semble plus anecdotique que l’ensemble de la création musicale portée par ce quartet londonien qui mérite le détour, assurément.

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  Laurent STOUTZER Praxis : "Plexus Orphée"

Laurent STOUTZER Praxis : "Plexus Orphée"
Auto production

> Auto production - commande possible via www.myspace.com/laurentstoutzerpraxis ou FaceBook

Bruno Angelini : piano / Arnault Cuisinier : contrebasse / Luc Isenmann : batterie / Laurent Stoutzer : guitare 

01. Plexus Orphée / 02. Impulsions de la peau nue / 03. Locus nocturnus / 04. dylle 2 / 05. Seins voilés / 06. Ostraca / 07. Egare

La démarche conceptuelle de Laurent Stouzer a bien des qualités et, avant tout, celle de privilégier grandement la liberté individuelle dans un cadre formel. Ce n’est pas une mince affaire et il faut, pour aboutir dans cet espace musical choisi, des musiciens ouverts et talentueux.

  • Laurent Stoutzer l’a fait en s’accompagnant d’un trio sensible et techniquement irréprochable. Par rapport au précédent disque, Bruno Angelini remplace Benjamin Moussay au piano, la rythmique, elle, demeure avec Arnault Cuisinier et Luc Isenmann.
  • Les emprunts à d’autres styles sont marqués mais pas au point de nuire à l’originalité des compositions, lesquelles portées par une présence instrumentale à l’épaisseur quasi physique se développe dans un rayonnement multi-directionnel relativement imprévisible. Très vibratoire, l’ensemble dégage une impression de puissance spontanée qui n’oblitère aucunement l’art de la nuance, la subtile alchimie exploratrice, mises en pratique par le quartet tout au long de l’enregistrement.
  • De la finesse individuelle donc, au service d’un son communautaire qui stimule l’univers personnel du guitariste. A écouter bien sûr.

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  Henri TEXIER NORD-SUD QUINTET : "Canto Negro"

Henri TEXIER NORD-SUD QUINTET : "Canto Negro"
Label Bleu / Sphinx

> Label Bleu LBLC 6712 - distribution Sphinx

Henri Texier : contrebasse / Sébastien Texier : saxophone alto, clarinette, clarinette alto / Francesco Bearzatti : saxophone ténor, clarinette / Manu Codjia : guitare / Christophe Marguet : batterie

01. Anda compañeros (H. Texier)/ 02. Tango fangoso (H. Texier) / 03. Bayou brume (F. Bearzatti) / 04. Tierra ocre / 05. Louisiana Dark Waters / 06. Tormentoso / 07. Mucho calor / 08. Sombre jeudi / 09. Rouge bayou / 10. De nada / 11. Samba loca / 12. Nigerian Sad Waters / 13. Ravine gabouldin / 14. Manatee Blues / 15. Sueño canto

"Canto Negro. En espagnol parce que Negro signifie Noir et Nègre à la fois. En français, Noir peut être trop sombre et Nègre, depuis longtemps, ne se dit plus pour cause de malaise". Henri Texier pose ainsi la problématique de son nouveau disque : rendre un hommage sincère aux chants noirs, à ces musiques venues de l’Afrique qui ont glissé vers les Amériques pour donner vie au jazz.

  • Une posture d’artiste impliqué, engagé qui le rapproche une fois encore de Charles Mingus. Peut-être à cause de la formule à deux anches, les saxophones et clarinettes de Sébastien Texier, son fils, et de son nouveau compagnon sur cette portion de route, Francesco Bearzatti. Grâce aussi sans doute à des compositions dépouillées qui vont à l’essentiel : tracer des lignes, ouvrir des voies pour que chantent les voix instrumentales. Pas de fioritures inutiles, la belle rusticité des mélodies de quelques notes qui s’épanouissent dans les jeux du collectif.
    on aime !

    Consciemment, et avec le volontarisme qu’on lui connaît, Henri Texier réveille les esprits : "Que seraient devenus les artistes occidentaux sans la découverte de l’Art Nègre ?". Ne l’oublierait-on pas trop souvent aujourd’hui en se laissant étourdir par les dérives promotionnelles qui vendent l’éphémère au détriment de l’essentiel ?

Figure de proue de ce quintet tout feu tout flamme, Henri Texier nous emmène sans peine dans son nouveau périple à travers ses territoires où le jazz s’ancre dans son histoire profonde pour mieux nourrir l’imaginaire. Quelque part entre le barde celte et le griot africain, il reste une référence inébranlable, toujours remarquablement entouré pour servir la cause de son jazz libre et sensible.

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