De Cécile McLorin-Salvant à Sonny Rollins, il n’y a que quelques décennies d’écart.
CECILE MCLORIN SALVANT
Cécile McLorin-Salvant : chant / Jean-François Bonnel : saxophone, clarinette / Enzo Mucci : guitare / Jacques Schneck : piano / Pierre Maingourd : contrebasse / Sylvain Glévarec : batterie
S’il est une jeune chanteuse qui représente un certaine idée de la tradition jazz, c’est elle et personne d’autre. Sa voix ample et profonde fait résonner chez l’auditeur bien de noms du passé et pas les moindre. Elle ne manque pas d’atout, c’est indéniable. Présence, tessiture, feeling, précision, sérénité, et j’en passe. On ne gagne pas le prix Thelenious Monk par hasard. En un mot, elle sait émouvoir le public avec des standards qu’elle sait trier sur le volet. Un seul reproche cependant : le set se déroule de façon trop routinière, mal aidé par un quartet très sûr mais assis sur des certitudes ancrées. Comme l’avenir lui appartient, on ne doute pas qu’elle va remédier à ces quelques défauts de jeunesse et atteindre des contrées où seules les grandes (celles dont on se souvient) s’aventurent. Il lui suffira d’oser.
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JAMIE CULLUM
Quand j’étais gosse, j’aimais bien les super héros des feuilletons américains, avec une préférence pour les filles. Wonder Woman, Drôles de Dames et bien sûr Super Jaimie. Vous croyez que c’est son fils, le jeune Jamie, le trublion énervé qui saute sur le piano et fait des sprints sur scène ? Parce que, tout de même, ce gars, c’est un super héros. S’il était né plus tôt, il aurait pu remplacé le kangourou dans Skippy, haut la main. Il y avait même des groupies en pâmoison dans le théâtre antique. On n’avait plus vu ça dans un lieu de ce genre depuis bien avant Jésus Christ ( à part pour Keith Jarrett à Fourvière, mais là, c’est tout du chiqué).
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SONNY ROLLINS
Sonny Rollins : saxophone tenor / peter Bernstein : guitare / Bob Cranshaw : contrebasse / Kobie Watkins : batterie / Sammy Figueroa : percussions
Theodore Walter Rollins est l’un des derniers géants du « jazz qui n’en finit pas de s’éteindre à petit feu ». A ce titre, il mérite dès son arrivée sur scène la longue ovation du public. En habitué du lieu, il semble la goûter mais ne peut s’empêcher de l’abréger. Car Sonny a envie de jouer, c’est sûr. Et c’est très plaisant car à bientôt 81 ans, après une vie bien remplie, la fatigue se fait sentir. Il apprécie grandement de faire tourner longuement les morceaux de son choix qui constituent les deux sets de la soirée (presque trois heures), avec l’indéfectible calypso au menu, comme de bien entendu. -Il fait beaucoup jouer ses musiciens, ce qui est normal. À l’impossible, nul n’est tenu. Mais le public est là pour lui (c’est bien) et ne manque pas de saluer telle ou telle phrase, tel ou tel échange, tel ou tel solo. Don’t stop the Carnival achève la cuvée 2011 et provoque l’émotion et la standing ovation. Il la mérite, c’est un fait. Sa longévité colossale le ramène à son surnom, certes. Et après ?
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