Chris Speed et Oscar Noriega (saxs et clarinettes), Trevor Dunn (contrebasse) et Jim Black (batterie) composent "Endangered Blood" : passage éclair en France. À saisir !
> Endangered Blood - Le DOC - dimanche 4 décembre 2011
Un dimanche après-midi pluvieux de décembre : bien mieux que Drucker à la télé, Endangered Blood au Doc !
Encore fallait-il percevoir que cet intitulé sanglant et un rien effrayant annonce un quartet immanquable autour de deux kids de Seattle à l’apparence d’éternels ados, les quadras Jim Black (batterie) et Chris Speed (sax ténor et clarinette). Le contrebassiste Trevor Dunn [1], musicien cultivé adepte de la basse électrique (par ailleurs) autant que de la contrebasse (ici) et le saxophoniste alto et clarinettiste basse Oscar Noriega contrebalancent le duo très complice dans un quartet épatant.
Formation totalement acoustique à la différence, par exemple d’AlasNoAxis, autre groupe phare de Black avec Speed, Endangered Blood mise sur la richesse d’un jeu collectif très dense à partir de compositions toujours palpitantes.
Indiscutablement, le jazz le plus pur coule dans les veines de ces quatre musiciens qui puisent leur énergie vitale dans la musique. Loin des grandes artères d’un swing trop convenu, ils sondent les capillaires qui irriguent leurs musiques favorites : Ornette Coleman, Thelonious Monk et un superbe hommage à Paul Motian, "à la manière de...". Les compositions originales sont essentiellement de la plume de Chris Speed mais quelques créations collectives cimentent un ensemble qui laisse une large place à des improvisations jamais débordantes et toujours passionnantes.
Certains qualifieraient cette formation d’underground, pourtant ils composent le dessus du panier d’un jazz qui exprime la vigueur du présent en utilisant la science de leurs illustres prédécesseurs. S’ils restent fidèles au schéma thème, développement, c’est pour mieux sonder les espaces disponibles et les remplir de touches inventives : le subtil usage des accessoires chez Jim Black, les contrechants mêlant clarinette basse et contrebasse à l’archet, les évolutions acrobatiques parallèles des deux saxophones...
Tensions, ruptures, détentes s’enchaînent dans la souplesse avec une finesse très naturelle. Une musique semi-figurative qui s’accorde intimement avec l’esthétique des toiles du saxophoniste et peintre Ralf Atrieth actuellement exposées sur les murs du DOC.
Jim Black est un grand batteur, c’est indiscutable. Dans cette formation, il est à la fois le cœur et le poumon tant la respiration est importante sans son travail de rythmicien et de subtil coloriste. Il faut le voir jouer pour comprendre la richesse de son jeu qui exploite les peaux, le bois, les métaux et quelques accessoires avec une grande subtilité et une précision millimétrique jamais mécanique. Dans Endangered Blood, il veille au grain et apporte les structures qui compensent l’absence d’instrument harmonique pour mieux mettre en valeur la complémentarité des saxophonistes.
La petite salle du DOC était pleine comme un œuf et on s’en réjouit car on se demande bien pourquoi une formation de cet acabit ne peut se trouver que deux dates en France dans une tournée qui passe par l’Italie, la Suisse, l’Autriche, la Scandinavie et les Pays-Bas. Seuls les spectateurs du DOC et du Sunside Jazz Club (Paris) auront pu assister à des concerts de fin de tournée d’une intensité rare. Allez comprendre... Alors, heureux ceux qui étaient là !
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> Un disque :
ENDANGERED BLOOD : “Endangered Blood” - Skirl Records
Ce disque au format atypique (type DVD) est publié par Skirl Records, le label du saxophoniste Chris Speed.
Il est disponible sur différentes plateformes de téléchargement et peut être commandé en s’adressant à skirl@skirlrecords.com (15$ + frais de port).
> Consulter le site www.skirlrecords.com
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> Liens :
[1] Entendu aux côtés de John Zorn, par exemple...