À Lausanne : Antonio Farao puis le quintet McCandless/Pellegrini.

> Lausanne, le samedi 12 novembre 2011

Antonio Farao / piano
Darryl Hall / contrebasse
Guido May / batterie

Antonio Farao
Antonio Farao

Parmi les quarantenaires italiens qui ont lié leur sort aux quatre-vingt-huit touches, Antonio Farao est celui que l’on préfère. À notre sens le plus complet, il sera, s’il en faut un, le digne successeur de maître Pieranunzi. Bien qu’il évolue dans un registre plus sanguin, plus volubile, le pianiste romain possède, par bien des aspects, des qualités communes avec l’autre pianiste romain : un sens du swing évident, une véritable originalité dans la conception harmonique,une capacité d’improvisation de haute volée, une italianité flagrante des lignes mélodiques et une technicité subtile.
Bercé depuis toujours par le jazz (son père était batteur) Antonio Farao développe dans son jeu une chaleur et une puissance convaincantes qui, sur scène, entraînent les musiciens qui l’accompagnent à donner toujours plus dans un registre où le savoir faire musical est prééminent. C’était le cas l’autre soir au Chorus de Lausanne où le contrebassiste américano-parisien Darryl Hall et le batteur allemand Guido May ont sérieusement chauffé la forge pour permettre au trio d’en extraire quelques brûlots incandescents, façonnés ensuite à coup d’improvisations véloces et de 4/4 survitaminés. N’allez pas cependant croire qu’il nous ait privés de douceur. Il y eut des ballades et un morceau solo du pianiste parfaitement travaillé au pastel, sans pour autant sombrer dans la fadeur. _ De fait et en toute circonstance, Antonio Farao aime triturer le tempo sans jamais s’égarer hors du chemin qu’il se choisit. Il le fait mieux que bien d’autres car il fait corps avec sa musique et sait donner à ses acolytes la place qu’ils méritent, entretenant ainsi la flamme d’un jazz communautaire, fidèle à ses convictions et qui surprend encore, pour le meilleur uniquement.

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> Lausanne, le dimanche 4 décembre 2011

Paul McCandless / Hautbois, clarinette basse, etc
Stefano Saccon / saxophone
Andrea Pellegrini / piano
Banz Oester / contrebasse
Marcel Papaux / batterie

Paul McCandless
Paul McCandless

Hormis le rappel dû à la plume de Ralph Towner, toutes les compositions écoutées ce soir étaient d’Andrea Pellegrini ou de Stefano Saccon. Dans un registre oscillant entre lyrisme et précision stylistique, les mélodies ont laissé la part belle au co-créateur d’Oregon. Plus nativement proche du jazz contemporain que porte Paul McCandless depuis quelques décennies que du jazz italien tel que le conçoivent les Fresu et autre Rava, Pieranunzi ou Mirabassi, ces compositions, disions-nous, sont d’une facture élaborées, riches en nuances qui ne sont pas sans rappeler l’univers créé par Towner et McCandless dans son aspect le plus jazz. Pas étonnant donc que le hautboïste de Pennsylvanie se sente à l’aise dans ce cadre, étant entendu que Pellegrini et Saccon sont de ses amis depuis longtemps. Nous n’avons pas encore parlé de la rythmique mais elle méritait le détour. L’à priori placide Marcel Papaux possède dans les baguettes un feu intense. Banz Oester, lui, vu récemment avec Samuel Blaser et Marc Ducret, est déjà très demandé pour sa capacité d’empathie avec la musique qu’on lui propose et son brio technique. Les deux forment un duo solide, très juste, idéal pour soutenir les interventions des solistes. _ Si Stefano Saccon était plus en retrait que son compère pianiste, à ce jeu-là, la palme de l’expressivité est sans conteste revenue à Paul McCandless, étonnant de fraîcheur et d’inventivité. Dans cette aventure d’un soir, rêvée de longue date, où chacun lisait à vue, il est apparu tel qu’il est : un musicien hors catégorie, évoluant dans un champ lexico-musical d’une haute tenue et d’une originalité flagrante. Le quintet a démontré sur deux sets que les grands musiciens n’ont besoin que d’être ensemble, même à l’improviste, pour offrir à un public tenu en haleine une musique absolument magnifique.

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