25ème anniversaire ! Thierry Serrano, le patron, cultive le goût du parti-pris et c’est tant mieux parce qu’au moins, son festival, on s’en souvient !
Pour le 25ème anniversaire du festival Therry Serrano, le patron, a osé plus encore qu’à son habitude. C’est bien pour cela qu’on l’estime. A Vaulx on cultive le goût du parti-pris et c’est tant mieux parce qu’au moins, son festival, on s’en souvient.
> Vaulx-en-Velin - Centre Charlie Chaplin - 16 mars2012
Ambrose Akinmusire (trompette) / Walter Smith (saxophone ténor) / Sam Harris (piano) / Harish Raghavan (contrebasse) / Justin Brown (batterie)
Ambrose Akinmusire est un des trompettistes de demain. C’est un fait. Ce n’est pas Jason Moran qui nous contredira, lui qui a produit son dernier disque encensé par la critique.
À moins de 30 ans, le jeune new-yorkais qui a débuté sous l’aile de Steve Coleman a pris un envol résolu. C’est un grand musicien et sur un duo piano/trompette, il a su nous démontrer son savoir-faire technique et mélodique avec un brio évident. Le quintet avec lequel il se produit est rôdé. Peut-être un peu trop. Jamais content, direz-vous. Nous qui détestons les combos de circonstances, pour une fois qu’un ensemble régulier se produit, nous faisons la fine bouche. Il nous faut cependant avouer que la sagesse de ce groupe a plus à voir avec une réunion de bons élèves qu’avec une bande de potes en virée. Or donc, peu de mise en danger. La matière est souple et épaisse. La trame est lisse, soyeuse et confortable, idéale pour un pique-nique dominical en famille.
Chez ces musiciens-là, on ne tombe pas la veste avec facilité. Donc on ne la tombe pas.
Alors oui la musique est de qualité, Walter Smith III est bon dans un registre en demi-teintes et les autres suivent sur la même longueur d’ondes. Mais pitié, renversez votre verre sur le voisin, faites des tâches, laissez traîner vos miettes. Foutez le bordel ! Faites-nous croire que votre musique est autre chose qu’un exercice de style entre collègues de conservatoire. Vous voulez le numéro de Bearzatti ?
Jason Moran ( piano) / Jason Yarde (saxophone) / Denys Baptiste (saxophone) / Fayez Virji (trombone) / Byron Wallen (trompette) / Andy Grappy (tuba) / Taurus Mateen (contrebasse) / Nasheet Waits (batterie) / David Dempewolf (vidéo)
Jason Moran l’assure en interview : il ne serait pas le pianiste qu’il est sans Thelonious Monk. D’ailleurs il ne serait même pas musicien. L’hommage au maître qu’il a conçu en forme de concert multimédia est un condensé évident des talents du natif de Houston. Autour d’une structure dense, le concert de Monk en 1959 au Town Hall de New York, il articule ses visions musicales autour de la thématique monkienne de l’espace. Adepte de copier/coller, Jason Moran prend la liberté d’être lui-même dans un univers qu’il réécrit au gré de ses désirs expérimentalistes. En insufflant entre les lignes des thèmes originaux son propre discours, il n’impose à l’auditeur qu’une parole dialoguée entre le maître et le disciple autour du swing. Et quelles que soient les approximations dans le déroulé du projet (texte peu lisible, quelques temps morts superflus), l’ensemble se tient de par la qualité des musiciens présents mais aussi et surtout par la relation entre jazz et négritude que met en avant Moran.
Cette profondeur de vue, inhérente à la musique de Monk, jamais expliquée, densifie le propos musical au-delà de toute attente. Avec ce projet, on ne partage pas un concert, on s’inscrit dans une époque, celle de Thélonious Monk et d’autres encore, plus anonymes, mais qui méritent mieux que l’oubli. Dans cet exercice périlleux, Jason Moran use de son art pianistique avec une réelle maestria et provoque l’empathie par un subtil mélange entre fondamental et expérimental.
Pionnier en son siècle, le pianiste texan ne cesse d’approfondir longuement un discours en équilibre entre intuition et rigueur, saisissement et réflexion.
Un exemple.
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