L’ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ / Daniel YVINEC en concert à Paris

Une claque !!!

Daniel Yvinec l’a voulu comme un gros bandonéon et visuellement c’est bien comme cela que l’orchestre semble être disposé : en arc de cercle, les deux claviers se faisant face avec à leur sommet la batterie et la basse. Au milieu de cet arc, la guitare et la machinerie du bandonéon représentée par les cinq vents, l’air, les anches vibrantes, laissant en leur sein comme une place pour l’âme de Piazzolla.
Et les compositions du grand Astor nourries par l’étude des grands maîtres du classique et du jazz ont cette richesse des grandes musiques qui se prêtent à la réinterprétation, à la réappropriation. C’est le grand défi du talent qui doit parler, car il n’est pas question ici de tango ou de style mais de jeu. Le jeu de Piazzola, sa mélodie sont déjà si expressifs que le travail de Gil Goldstein est double : susciter par l’arrangement l’expression de l’émotion et en second lieu la liberté de l’interprète sans tomber dans le pathos.

ONJ-Daniel Yvinec : "Piazzolla"
Jazz Village / Harmonia Mundi

À Daniel Yvinec de contrôler, de résoudre l’adéquation de l’arrangeur et des instrumentistes. Alors, en plus de la précision de l’écriture, chaque soir ça se doit d’être différent et là chaque musicien apporte son talent, sa contribution à l’ensemble. Une solidité rythmique à toute épreuve, un swing (ou groove) à faire tomber, des soli explosifs (trompette, sax, flute), une Eve Risser bouillonnante d’imagination, des atmosphères à la Jack Johnson, à la Gil Evans aidées par un instrumentarium très large chacun étant multi instrumentiste. Le public est conquis et je ressors de la Gaité Lyrique ivre de la force d’expression que nous a offert cet orchestre.

Me voilà sur le quai du métro pris par l’envie pressante de me replonger dans cet univers, c’est long le métro à 22H30, je voudrais pousser les rames, manque de bousculer deux, trois personnes dans ma course. Enfin chez moi je jette mon imper, et réécoute dans la foulée le disque de l’ONJ (qui n’a pas cette force d’expression du concert) et Tango Zéro Hour de Piazzolla...
Excité, sonné, mais apaisé.

> ONJ : "Piazzolla !" - Mercredi 24 octobre 2012 - 20H30 - LA GAÎTÉ LYRIQUE, 3 bis rue Papin
75003 Paris

ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ – Daniel YVINEC "Piazzolla !"
Arrangements : Gil Golstein

Eve Risser : piano, piano étendu, flûte alto / Vincent Lafont : Fender Rhodes, Wurlitzer, électronique / Antonin-Tri Hoang : saxophone alto, clarinette basse / Rémi Dumoulin : saxophone ténor, clarinettes / Matthieu Metzger : saxophones, systalk box / Joce Mienniel : piccolo, flûtes / Sylvain Bardiau : trompette, bugle, trombone à piston / Pierre Perchaud : guitare / Sylvain Daniel : basse électrique / Yoann Serra : batterie


À lire aussi sur CultureJazz.fr :


À regarder :

Piazzolla !


> Lien :