Point sur quelques structures qui programment du jazz en milieu rural en province. Qu’en est-il à Paris et autour en Île de France ?
Depuis plusieurs années, on observe des efforts faits par les programmateurs français pour que le jazz puisse trouver sa place en milieu rural.
Certains festivals ont ainsi créé des opérations spéciales en programmant une formation itinérante à travers différents villages d’un périmètre régional bien défini.
C’est le cas de la saison de l’association D’jazz de Nevers, qui propose des concerts décentralisés dans différentes petites villes de la Nièvre, ou du Régional tour de l’Europa Jazz Festival du Mans, du Rural détour du festival Luberon Jazz, organisé hors saison estivale à l’attention de tous les publics possibles, portant le jazz au cœur de la ruralité, en osant la diversité et l’originalité, et en s’appuyant sur les nombreuses dynamiques locales afin de dépasser la simple opération de diffusion.
L’ancien festival Jazz à Cluny dirigé par Didier Levallet est devenu en 2008 le Jazz Campus en Clunisois, pour défendre une portée culturelle plus axée sur des communes environnantes et valoriser le territoire en invitant le public à suivre un festival itinérant sur différents sites lors des concerts parfois accompagnés de dégustations de produits locaux.
Certaines manifestations ont même fait le pari de s’installer et perdurer en dehors des grandes villes, comme Jazz à Couches, qui met en valeur son lieu avec Le jazz a du goût, série de concerts entrecoupés de dégustations commentées de vins des Côtes du Couchois...
Le jazz est donc plus facilement accessible aux "non-citadins", même si l’on reconnaît que sa présence en milieu rural reste toutefois complexe (faute de garantie de fréquentation et de moyens économiques parfois insuffisants) et assez modeste lorsque l’on considère l’offre générale à ce jour existante sur l’ensemble du territoire français.
En région parisienne, il y a bien sûr les clubs (Sunset, Sunside, Duc des Lombards, Le Caveau de la Huchette, Le Petit Journal, Le Baiser salé, Le Triton aux Lilas, La Cave Dimière à Argenteuil...).
Certains ont disparu : Le Petit Opportun, les Sept Lézards...
D’autres lieux arrivent à émerger dans un contexte culturel et économique à l’avenir menacé : Les Disquaires, la cave du 38 Riv’, plus récemment la péniche L’improviste.
N’oublions pas de mentionner la disparition d’autres petits lieux qui ont fait les belles heures du jazz parisien il y a quelques années : La Fenêtre, la Maison du Jazz initiée par Laurent Cugny et une équipe de jazzfans parisiens. Faute de lieu fixe et de subventions, cette association a cessé son activité en 2006 après sept ans de travail intensif. Son activité était « entièrement dédiée à cette musique sous toutes ses formes, à la fois centre de recherche tourné vers le patrimoine et la mémoire du jazz, lieu d’information et de documentation, et bien sûr, lieu de diffusion ». Coïncidence éloquente : c’est le jour où la Maison du Jazz a disparu que la Maison du Hip Hop a été inaugurée…
Il y a aussi les théâtres, les grandes scènes nationales dans lesquelles la programmation du jazz reste minime, mais toutefois existante (Théâtre de Saint Quentin en Yvelines, Centre des Bords de Marne, Théâtre de Longjumeau, Les Gémeaux (scène nationale de Sceaux), Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis qui accueille pour la troisième année la saison du Saint Denis Jazz-Club)...
À noter la récente disparition du très beau Théâtre Paris Villette (officiellement fermé depuis le 15 décembre 2012), qui accueillait certains concerts pendant le festival de Jazz à la Villette. Un appel a été lancé par la Ville de Paris, pour un nouveau projet théâtral dédié à la création contemporaine et ouvert à un public plus large. D’autres salles, à la programmation musicale plurale, accueillent des formations de jazz, notamment à l’occasion de sorties de disques (Studio de l’Ermitage, Café de la Danse...).
N’oublions pas l’Atelier du plateau : « un ancien atelier de tuyauterie niché au fond d’une impasse du XIXème arrondissement à deux pas des Buttes-Chaumont où le Théâtre Ecarlate - Cie Gilles Zaepffel a déposé ses malles en 1999.
Ce lieu-décor en transformation permanente est un espace unique ceint de murs patinés par le temps et coiffé d’une large verrière à plus de sept mètres de hauteur. C’est aussi le 1er Centre Dramatique National de Quartier - appellation non contrôlée – qui mélange sans complexe le cirque, la musique contemporaine, les musiques improvisées, le théâtre, le jazz, la danse, la magie… avec toujours un même souci d’aventure artistique et d’affinités éclectiques. » D’autres lieux prennent le risque de programmer des musiques improvisées, comme Les Instants Chavirés à Montreuil, actif depuis 1991, la Dynamo à Pantin, la Java qui accueille le Festival Son Libre.
Mauvaise nouvelle : le Lavoir Moderne et l’Olympic Café sont voués à disparaître, après le dépôt de bilan de l’association qui les gérait et de projets immobiliers possibles pouvant transformer ces lieux en d’autres fins.
Notons aussi les efforts faits par certaines institutions pour laisser une place au jazz, comme à la Maison de Radio-France, beaucoup plus habituée à accueillir des formations de musiques classiques. Des concerts à des tarifs défiant toute concurrence sont proposés par Xavier Prévost, au rythme d’un samedi tous les quinze jours, souvent en deux parties, enregistrés en live pour être rediffusés à l’occasion de l’émission Jazz sur le Vif.
Les festivals ont aussi leur place, comme Sons Divers, Banlieues Bleues et Jazz au fil de l’Oise, qui proposent une programmation dans les banlieues proches de Paris sans oublier le Paris Jazz Festival qui se tient dans le Parc Floral de Vincennes tous les étés et Jazz à la Villette en septembre, qui investit différents lieux de la capitale. Les habitants de l’Île-de-France pourront donc trouver leur bonheur à Paris et ses environs, bien que l’existence de plusieurs salles reste à ce jour encore menacée. On observe de plus en plus le développement des concerts dits « à domicile » dans des lieux conviviaux, comme en témoigne la programmation Jazz@home de Bertrand Gastaut qu’il qualifie comme « du jazz à la maison, de la musique improvisée, de la poésie, du saucisson et un petit verre sous l’œil protecteur du Sacré-Cœur à Paris ».
Tout cela peut paraître positif en terme de diversité d’offres en milieu urbain, sans doute un peu moins lorsque l’on constate la disparition de certains lieux, mais pour les habitants des campagnes profondes des banlieues parisiennes, se rendre à ces rendez-vous en semaine ou le week-end n’est pas toujours facile, car il faut affronter la durée et les coûts des transports avec leurs éventuelles perturbations, les heures tardives de fin de concerts lorsque des lieux que nous ne nommeront pas n’ont pas l’intelligence de proposer des concerts à des heures raisonnables.
Alors que faire ? Rester chez soi à écouter des disques ? Ce n’est pas suffisant car on sait bien que "la meilleure façon d’écouter du jazz, c’est d’en voir" (sur scène) [1]. Faire l’effort de se déplacer pour aller à des concerts ? C’est effectivement la solution la plus conseillée mais cela n’est peut-être pas permis à tout le monde et accessible aux portefeuilles de tous. Ou tout simplement espérer avoir près de chez soi une structure qui organise régulièrement des concerts à des prix très attractifs.
C’est le cas de l’association Au Sud du Nord en Essonne dont nous vous parlons plus en détail dans l’article : "Au Sud du Nord : du jazz dans l’Essonne." (18 février 2013).
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[1] Slognan avignonnais de l’AJMI ! NDLR