À écouter et à lire (pour les plus jeunes !).

Revue de disques pour ce mois de mars 2013, par ordre alphabétique avec un coup de projecteur particulier sur le clarinettiste Ben Goldberg et le pianiste Michel Reis.

Sommaire :

Retrouvez ces disques et beaucoup d’autres parus ou à paraître, chaque mois, dans la "Pile de Disques" de CultureJazz.fr !


Un petit livre pour les nouvelles générations, en introduction :

  Franck Médioni - Michel Backès : "Louis Armstrong - enchanter le jazz"

Franck Médioni - Michel Backès : "Louis Armstrong - enchanter le jazz"
Éditions À dos d’âne / Daudin

Franck Médioni, journaliste, écrivain, producteur de l’émission Jazzistiques sur les ondes de France-Musique est l’auteur de plusieurs biographies ou de recueils de témoignages (Miles Davis, Albert Ayler, Jimi Hendrix...). On y retrouve toujours le regard et l’écoute du passionné de jazz et des musiques afro-américaines mais aussi un goût pour l’ethnologie contemporaine.
Dans cette biographie de Louis Armstrong destinée à de jeunes lecteurs (de 7 à 12 ans et +), il ne choisit pas la voie de la facilité. Il faut contrôler son écriture sans sombrer dans la simplification excessive et caricaturale. Franck Médioni a su adapter son style aux compétences de ces lecteurs en herbe. Le contenu est riche, imagé. L’ensemble de la biographie est vivant et captivant, présenté comme un roman aux phrases assez courtes et illustré en noir, blanc et nuances de gris par Michel Backès.

Il n’y manque que la musique car on imagine aisément qu’un enfant de 7 à 12 ans n’a sans doute aucune idée de ce que pouvait être cette musique ! Bien sûr, on pourra retrouver facilement sur la Toile, dans des discothèques ou médiathèques des ressources audio pour donner du sens à ce récit. Ne pourrait-on pas imaginer de proposer au lecteur un lien de téléchargement contenant une sélection musicale en adéquation avec le livre ?

Un livre et une collection de mini-bios illustrées à recommander !

.::Thierry Giard: :.

> Franck Médioni (auteur) - Michel Backès (illustrateur) : "Louis Armstrong - enchanter le jazz" - Collection des graines et des guides - Éditions À dos d’âne - distribution Daudin - ISBN978-2-919372-18-8 - février 2013.

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  Ben GOLDBERG : "Subatomic Particle Homesick Blues"

Ben GOLDBERG : "Subatomic Particle Homesick Blues"
Bag Production Records / Orkhêstra

Au milieu des années 80, le jeune Ben Goldberg, clarinettiste américain natif de Denver a passé un moment à Paris avec le groupe de jazz klezmer The Klezmorim. C’est là qu’il rencontra Steve Lacy, lequel accepta de lui donner quelques conseils avisés qui ont, dit-il, changé sa vie de musicien. Il transposa à la clarinette les exercices de son maître et travailla avec obstination. Quand il créa The New Klezmer Trio (1987) avec Dan Seamans (contrebasse) et Kenny Wollesen (batterie), l’influence de Lacy avait été essentielle pour établir un pont entre tradition et "avant-garde".

Aujourd’hui, Ben Goldberg veut diversifier ses projets et crée son propre label, BAG. Il peut ainsi publier de nouveaux enregistrements comme Unfold Ordinary Mind (voir ci-dessous) ou sortir de ses tiroirs une séance aussi intéressante que celle-ci à l’intitulé assez surréaliste, réalisée en 2008.
"J’avais passé quelques jours avec un formidable groupe de musiciens !...", dit-il. Un moment de répétition et l’enregistrement fut réalisé, naturellement, efficacement. Il en résulte une musique qui embrasse bien des styles mais ne fait plus guère de cas du folklore klezmer ! Elle passe sans scrupules et avec un certain bonheur d’une sorte de swing de chambre (Evolution) au blues élégant (Study of The Blues) puis, via une marche paisible et lente (Possible) et un arrangement d’une chanson de Bob Dylan (Satisfied), le disque se conclut avec une jolie mélodie toute en finesse et nostalgie (How To Do Things With Tears) au développement très libre.
Cette musique pleine de fraîcheur et de vitalité permet d’apprécier le trio de souffleurs, rien moins que Ron Miles, Joshua Redman et Ben Goldberg épaulé par une solide rythmique (qui a existe de façon autonome : le duo Good for Cows). La musique d’apprécier les qualités de compositeur de Ben Goldberg qui a su sortir des voies de la tradition klezmer pour développer à la clarinette un langage contemporain et plein d’énergie qu’il partage avec générosité.

.::Thierry Giard: :.

> Ben GOLDBERG : "Subatomic Particle Homesick Blues" - Bag Production Records BAG003 / Orkhêstra (parution le 19/02/2013)

Ben Goldberg : clarinette, clarinette contralto / Joshua Redman : saxophone ténor / Ron Miles : trompette / Devin Hoff : contrebasse / Ches Smith : batterie / Scott Amendola : batterie sur 5 & 6

01. Evolution / 02. Ethan’s Song (Ethan & Ben Goldberg) ∕ 03. Study of The Blues / 04. Doom / 05. The Because Of / 06. Possible / 07. Asterisk / 08. Satisfied Mind (JH Red Hayes / J. Rhodes) / 09. Who Died and Where I Moved To / 10 Lopse / How To Do Things With Tears // Enregistré en 2008. Bay Records Studios Berkeley – Californie.

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  Ben GOLDBERG : "Unfold Ordinary Mind"

Ben GOLDBERG : "Unfold Ordinary Mind"
Bag Production Records / Orkhêstra

Quatre ans après le disque "Subatomic Particle Homesick Blues" (ci-dessus), le clarinettiste et compositeur Ben Goldberg réunissait une formation à la composition singulière avec deux saxophones ténor (Ellery Eskelin, Rob Sudduth), le batteur Ches Smith, et pour agiter le tout, le guitariste électron libre, Nels Cline.
Ben Goldberg parvient, cette fois encore à concevoir une musique qui marie avec intelligence les mélodies simples que l’oreille retient et la liberté d’invention qui fait le différence. Il réussit de très beaux assemblages colorés en combinant les sonorités des deux ténors, portés par un batteur qui puise souvent dans le blues et le rock, sans excès. La clarinette passe tour à tour d’un rôle (jamais envahissant) d’instrument mélodique mais assure aussi des parties de basse (clarinette contre-alto). Cela donne un disque sans monotonie, basé sur des combinaisons instrumentales assez originales.
Par un usage très maîtrisé des effets et des boucles, le guitariste Nels Cline apporte une couleur électrique et irise une musique qui accorde une grande place aux cheminements entremêlés des solistes. La référence à Marc Ribot (assurément proche de cette musique ne serait-ce par le batteur Ches Smith) vient facilement à l’esprit. On est dans un univers proche, ne serait-ce que par l’envie de s’affranchir des cloisonnements et des styles et une façon simple et communicative de "faire de la musique".

Un musicien et un nouveau label (le sien), à suivre de très près. On y puisera assurément de belles surprises.

.::Thierry Giard: :.

> Ben GOLDBERG : "Unfold Ordinary Mind" - Bag Production Records BAG004 / Orkhêstra (parution le 19/02/2013)

Ben Goldberg : clarinette, clarinette contralto / Ellery Eskelin & Rob Sudduth : saxophones ténor / Nels Cline : guitare / Ches Smith : batterie

01. Elliptical / 02. Parallelogram / 03. xcpf / 04. Lone / 05. I Miss The SLA / 06. Stemwinder / 07. Breathing Room // Enregistré au Bunker studio de Williamsburg (USA) en mai 2012.

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  Diego IMBERT / Michel PEREZ : "Double entente"

Diego IMBERT – Michel PEREZ : "Double Entente"
Such Prod / Harmonia Mundi

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Ce n’est pas dans ce disque que vous reniflerez les effluves de la révolution en marche. Pourtant, ne sont-ce pas ces gens-là, les jazzmen qui, en leur temps, furent les premiers à faire subir à l’opérette de maman un camouflet mortel ? Eh oui, à cette époque quaternaire où le mot Mademoiselle n’était pas encore une insulte pour féministes en rupture de féminité, des musiciens en quête d’innovation donnaient à l’improvisation ses lettres de noblesse. Noblesse oblige, ils lui collèrent la liberté en bandoulière. Leurs copines s’appelaient Ella, Sarah, Billie, Anita, June, Ernestine, Julie, Sheila et Jeanne, etc. Elles ne manquaient pas de picoler, de sniffer, de se piquer aux jeux dangereux ou non, d’être en un mot révolutionnaires quel que soit le prix à payer, dans leur Art et leurs vies multiples. Et il y avait des mecs pour leur ouvrir la porte en les appelant Madame ou Mademoiselle. Alors quoi ? On s’éloigne du sujet ? Oui.

So what ? Sans electro, tout va-t-il à vau-l’eau ? Sans loop station, même ta mère t’abandonne ?

Oyez braves gens ! Il existe encore des musiciens qui se satisfont de la musique qui les emplit d’émotions. Si l’on y prête une oreille inattentive, il ne se passe rien. Vous êtes donc priés d’oublier la superficialité. Osez l’écoute approfondie. Là où la simplicité est une douce apparence, soulevez le voile (le mot juste avant, là, ça aussi, ça m’énerve) et laissez-vous tenter par la finesse du grain, par ces petites surprises qui étonnent toujours l’ouïe et font soupirer d’aise. C’est qui déjà Imbert et Perez ? Ce sont deux types qui ont décidé de s’en payer une tranche entre amis. Just friends. Ils ont dans leur background (ça m’a échappé, je voulais seulement dire « en mémoire » ou plus familièrement « dans leur arrière-boutique) des réminiscences de poètes disparus, ou non. Un peu de Chet, un peu de Jim ou de Kenny, de Ray, de Ron ou de Paul. Mais surtout, surtout, ils ont beaucoup d’eux-mêmes, de cette sagesse musicale glanée sur le chemin, de cette épaisseur harmonique si facile à digérer. Tiens, quand « Sur le pouce » Diego nous rappelle le vieux Slam, on ne se demande pas d’où ça sort. C’est là. Celui qui grogne, gare au bourre-pif. On se tait et on écoute, encore et encore, d’accord ? Le dialogue est sobre et élégant. Les mélodies ont des charmes que l’on ne peut ignorer, de ceux qui vous font tourner la tête, au propre et au figuré. Et eux aiment à y succomber. On est pas là pour épater la galerie. Et c’est épatant.
Ce sont des messieurs, vous dis-je. N’est-ce pas Mademoiselle ?

.::Yves Dorison: :.

> Diego IMBERT – Michel PEREZ : "Double Entente" - Such Prod / Harmonia Mundi (parution le 12/02/2013)

Diego Imbert : contrebasse / Michel Perez : guitare

01. Ping Pong (DI) / 02. Rembrandt (MP) / 03. Double entente (DI) / 04. L’Anjouvine (MP) / 05. Appart (MP) / 06. Abuelita (DI) / 07. For Ticia (MP) / 08. Rimbaud (MP) / 09. Rosas (MP) / 10. Sur le pouce (DI) / 11. Valse (MP) / 12. Pablito (DI) / 13. I Remember Chass’ (DI)

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  LE CUBE : "Frelon Rouge"

LE CUBE : "Frelon Rouge"
YOLK / L’Autre Distribution

Alban Darche adore jouer avec les cubes, le Gros Cube, L’Orphi-Cube ou Le Cube tout court.
Il aime la géométrie élastique et tous ses paramètres variables pour faire en sorte que la musique tourne rond... De quoi perdre la boule ?
Le cube était hier un pseudo-quartet (trio+1), c’est aujourd’hui un trio tout court qui s’épanche et se gonfle dès lors que le saxophoniste leader multiple ses anches (re-recording, que ne permets-tu pas ?). C’est que, même en trio, il ne peut s’empêcher de penser orchestre, ne serait-ce que pour accorder toute leur place à ses deux copains complices (d’exception), Sébastien Boisseau et sa ronde contrebasse bien carrée et Christophe Laverne, le derviche des tambours et des cymbales qui swingue comme un possédé (L’homme rigolo).
À une époque où les musiciens ne savent plus trop quoi inventer pour se faire remarquer au risque de rendre leur musique incompréhensible ou totalement étanche à l’émotion, ces trois là nous cuisinent une musique délicieuse et simple, du jazz de bistrot avec tout le savoir faire moderne qui chante, qui danse, qui tourne, qui boîte, totalement incubé. Une musique élevée en fût de bois d’arbres au cœur du vignoble nantais avec toutes les saveurs du jazz, facile en apparence, assez "coton" en réalité. Le savoir faire de grands chefs à consommer sans modération (avec un petit verre de muscadet ?).

Et ce disque sonne le réveil du label Yolk de Nantes : un rayon de bonheur dans un paysage morose ! (Armel Bloch vous en dira plus sur le label Yolk prochainement).

.::Thierry Giard: :.

> LE CUBE : "Frelon Rouge" - YOLK Records - Yolk J2055 / L’Autre Distribution

Sébastien Boisseau : contrebasse / Alban Darche : saxophones et compositions / Christophe Lavergne : batterie

01. La pornicaise / 02. Le café du change / 03. Caminhada / 04. Frelon rouge / 05. L’homme rigolo / 06. La bille / 07. La pascoalaise / 08. Seriatim / 09. Mon tribut à Tim Burton / 10. Spirale du phraseur / 11. La mort d’Archimède

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  Chris POTTER : "The Sirens"

Chris POTTER : "The Sirens"
ECM 2258 / Universal Music France

Depuis la disparition de Michael Brecker, Chris Potter s’est imposé comme une des figures de proue du saxophone contemporain par sa maîtrise technique, sa capacité à se glisser dans des styles différents (acoustique, électrique) en fédérant l’énergie et l’inventivité de musiciens de tout premier plan.
Bien qu’il soit présent sur de nombreux disques du label (avec Dave Holland, Steve Swallow, Paul Motian...), Chris Potter réalise là son premier disque en tant que leader pour ECM.
"The Sirens" représente la concrétisation d’un projet musical basé sur l’Odyssée d’Homère. Sans chercher à créer une musique descriptive ou trop narrative, il propose plutôt une succession de tableaux musicaux colorés sur des compositions qui solidarisent un équipage de rêve.
Il opte pour un projet totalement acoustique qui a pour originalité de réunir deux pianistes et non des moindres (Craig Taborn, une des références du piano aujourd’hui et le cubain David Virelles) auquel il attribue des rôles distincts : Taborn au piano, joué de manière conventionnelle et Virelles au piano préparé, célesta et harmonium dans un rôle de coloriste. Le maillage mélodique et harmonique ainsi créé s’avère être une belle réussite esthétique. Les structures rythmiques sont solidement assurées par la remarquable équipe Larry Grenadier/Eric Harland.
En cette belle compagnie, Chris Potter prend le large et entraîne l’auditeur dans les volutes aériennes de ses saxophones en privilégiant le ténor, choisissant le soprano pour suggérer l’attente de Pénélope (Penelope) et la clarinette basse pour évoquer le chant des sirènes (Sirens). Son Odyssée à lui est un voyage enchanteur sur l’océan d’un jazz encore à découvrir. Les différentes escales sont l’occasion de rappeler son attachement à l’histoire d’une musique qu’il redessine à sa manière et avec beaucoup de finesse et d’autorité.
Ne serait-ce que pour se délecter du jeu croisé des pianos emportant dans leurs voiles le chant des anches, en suivant le cap fixé par une rythmique sans faille, ce disque pourra vous embarquer. Un voyage enchanteur.

.::Thierry Giard: :.

> Chris POTTER : "The Sirens" - ECM 2258 / Universal Music France

Chris Potter : saxophones ténor et soprano, clarinette basse, compositions (sauf 9) / Craig Taborn : piano / David Virelles : piano préparé, céleste, harmonium / Larry Grenadier : contrebasse / Eric Harland : batterie

01. Wine Dark Sea / 02. Wayfinder / 03. Dawn (With Her Rosy Fingers) / 04. The Sirens / 05. Penelope / 06. Kalypso / 07. Nausikaa / 08. Stranger At The Gate / 09. The Shades (Taborn-Virelles) // Enregistré en septembre 2011 - Studios Avatar, New-York

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  REIS – DEMUTH – WILTGEN : "Reis - Demuth - Wiltgen"

REIS – DEMUTH – WILTGEN : "Reis Demuth Wiltgen"
Label Laborie / Abeille Musique

Tout juste trentenaire, le pianiste luxembourgeois Michel Reis est à l’honneur en ce début 2013 puisque deux disques sont publiés à très peu d’intervalle. Celui-ci en trio "à trois têtes" pour le label Laborie et "Hidden Meaning" en leader d’un quartet sur le label DoubleMoon.

Si on découvre aujourd’hui ce trio (grâce à Jean-Michel Leygonie pour le label Laborie), cela fait tout de même 15 ans que ces trois garçons jouent ensemble ! Ils étaient encore au lycée quand ils ont constitué ce trio et bien que chacun ait suivi sa propre voie, jusqu’aux USA pour le batteur et le pianiste, ils n’ont pas perdu d’occasions de se retrouver.
Ce disque permet donc d’écouter un trio forgé par l’expérience qui a résisté à l’épreuve du temps.
Cette musique n’est pas si différente dans sa forme de celle de nombre de trios actuel de la forme si répandue "piano-contrebasse-batterie". On y trouve les qualités indéniables d’instrumentistes à la technique éprouvée, virtuoses et fins mélodistes. On y trouve aussi cet alliage de mélodies épurées et accrocheuses soutenues par des structures rythmiques élaborées au placement irréprochable.
Mais il y a quelque chose en plus, une qualité immatérielle, un art de la note et de l’épure harmonique qui font la différence. Cette musique a du corps mais elle possède aussi une âme qui résulte sans doute de la connaissance et du respect mutuel dans un trio équitable.
On pourra trouver cette musique trop parfaite, trop aboutie. Il est vrai que la formule ne laisse que peu de place au hasard et à l’aléatoire mais on pourra aussi se laisser porter par le charme indéniable de compositions jouées avec un grand sens de l’équilibre.

.::Thierry Giard: :.

> REIS – DEMUTH – WILTGEN : "Reis Demuth Wiltgen" - Label Laborie LJ021 / Abeille Musique (parution le 14/02/2013)

Michel Reis : piano / Marc Demuth : contrebasse / Paul Wiltgen : batterie

01. Mirage (MR) / 02. No Stone Left Unturned (MR) / 03. A Block Apart (PW) / 04. Floppy Disk (PW) / 05. If Only You Would Know (MR) / 06. Straight Circle (MD) / 07. Whishing Well (PW) / 08. Pacific Coast Highway (MR) / 09. Neel Mat Kapp (PW)

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  Michel REIS : "Hidden Meaning"

Michel REIS : "Hidden Meaning"
Double Moon / DistrArt

Comme de nombreux musiciens aujourd’hui, le pianiste luxembourgeois Michel Reis (voir ci-dessus) partage sa vie entre l’Europe et les États-Unis (New-York plus particulièrement).
Il n’en oublie pas ses attaches avec le "Vieux continent" et, outre le trio Reis - Demuth - Wiltgen, il se présente ici à la tête d’un quartet qui permet de mesurer les qualités des trois jeunes musiciens allemands qu’il a embarqués dans ce projet.
La musique contenue dans ce très beau disque a été écrite spécialement pour cet enregistrement en fonction des personnalités de chacun des protagonistes.
"J’aime les œuvres qui comportent une dimension narrative. J’aime aussi écrire de la musique pour des projets spécifiques" précise Michel Reis qui dit avoir conçu "Hidden Meaning" comme une grande fresque où chaque pièce se rattache à la précédente. Et il est vrai que chacune des plages de ce disque donne à l’ensemble toute sa cohérence.
Cohérence et cohésion car on est frappé, en particulier, par la volonté de concevoir ce quartet comme un groupe, un ensemble où chacun est impliqué autant que possible. C’est perceptible dans les contre-chants qui soutiennent les interventions des solistes qu’on n’abandonne jamais à leur solitude.
Cette musique est à la fois légère et dense, mélodique et jamais ennuyeuse. Une raison à cela, sans doute : le talent de chacun des protagonistes impliqués mais jamais envahissants, à commencer par le pianiste leader qui affirme ici encore un indéniable talent de compositeur et un remarquable instrumentiste.
On concluera en accordant une mention particulière au saxophoniste-clarinettiste Stefan Karl Schmid dont le jeu raffiné et inspiré apporte de belles couleurs à ce disque très attachant.

> Michel REIS : "Hidden Meaning" - Double Moon Records DMCHR 71115 / DistrArt (parution le 01/04/2013)

Michel Reis : piano, compositions / Stefan Schmid : saxophones ténor et soprano, clarinette / Robert Landfermann : contrebasse / Jonas Burgwinkel : batterie

01. Répercussions / 02. Prescience / 03. Séduction / 04. Hidden Meaning / 05. Americana / 06. Haunted House / 07. Inside The Jewel Box / 08. What Comes Later, I Can Think About Later / 09. Elegy / 10. The Birdwatcher / 11. Until The Next Time // enregistré en juin 2012 à Cologne (Allemagne)

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  Antonio SANCHEZ : "New Life"

Antonio SANCHEZ : "New Life"
CAMJazz / Harmonia Mundi

Sideman des plus recherchés, le batteur mexicain-newyorkais Antonio Sanchez est aussi un leader remarquable et un compositeur inspiré. Il l’avait déjà montré avec un "Live in New-York" (2010) qui mettait en avant les saxophonistes David Sànchez et Miguel Zenón dans la formule "brute" du quartet sans instrument harmonique.
C’est à nouveau le label italien CamJazz qui publie "New Life" (pour une nouvelle vie ?) dans lequel brillent, cette fois, les saxophonistes David Binney et Donny McCaslin. Cette fois, le batteur a fait appel au jeune pianiste John Escreet, à l’aise sur tous les claviers, pour donner plus d’ampleur à sa musique.
On pourrait oser un rapprochement entre cette formation et celles qu’a pu diriger un Jack DeJohnette (en particulier les déclinaisons du groupe Special Edition) pour la manière de fédérer les énergie de musiciens aux personnalités marquées. Sans doute aussi y a-t-il une filiation entre les deux batteurs dans la manière de penser le rythme et sa mise en espace ?
Toujours est-il que New Life révèle la dimension de compositeur et de leader d’Antonio Sanchez. Certes, la brièveté n’est pas sa spécialité (la plage la plus courte dure 6’35). Chaque composition comporte une architecture qui retient l’attention, en particulier "New Life" qui n’est pas sans évoquer les fresques du Pat Metheny Group (dont A. Sanchez fut le batteur) avec la place accordée à la voix de Thana Alexa.
Se livrer au jeu des comparaisons peut sembler assez réducteur car ce disque possède de beaux atouts et articule remarquablement les voix de deux saxophonistes qui ont de belles choses à raconter sans sombrer dans le bavardage ennuyeux. On en donnera pour preuve l’énergie que dégage "The Real McDaddy" où Dave Binney et Donny McCaslin se livrent à un échange ébouriffant !

Pat Metheny, auteur du texte du livret, vante les mérites de son fidèle complice sans forcer le trait. À l’écoute de ce disque qui délivre une musique chaleureuse, inventive, solide et toujours ancrée dans les valeurs du jazz qui avance, on le croit volontiers.

.::Thierry Giard: :.

> Antonio SANCHEZ : "New Life" - CAMJazz CAMJ7856-2 / Harmonia Mundi

Antonio Sanchez : batterie, voix et claviers additionnels / Dave Binney : saxophone alto / Donny McCaslin : saxophone ténor / John Escreet : piano et Fender Rhodes / Matt Brewer : contrebasse et basse électrique / Thana Alexa : voix

01. Uprisings And Revolutions / 02. Minotauro / 03. New Life / 04. Nighttime Story / 05. Medusa / 06. The Real McDaddy / 07. Air / 08. Family Ties // Enregistré les 30 et 31 janvier 2012 à New-York.

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