Musique de l’instant, sensations immédiates.

Avant que la musique ne commence, Burton Greene nous annonça que la musique que nous allions entendre était créée sur le moment, sans aucune préparation. Il nous remercia d’écouter une musique qu’il qualifia de difficile.
Certes, il n’y a aucun thème qui aiderait à se repérer, sauf un bref Blue Monk dans un cluster et une étrange Marseillaise, plus reconnaissable au rythme, dans les deux cas joués par le pianiste.

Alan Silva, Abdelhai Bennani - Sunset, Paris, 9 mars 2013
Photo © Philippe Paschel

Le groupe était constitué d’un pianiste, d’un claviériste, d’un saxophone ténor et d’un batteur jouant sur une batterie électronique. Le ténor joua fort peu, il participa avec un son d’un faible volume aux improvisations collectives et prit de brefs chorus, un seul un peu plus long, qui permirent d’entendre un son hérité de Albert Ayler, si typique d’un certain free jazz d’autrefois. Le batteur utilisa heureusement peu les possibilités de son instrument, mais on aimerait l’entendre sur une vraie batterie.

L’important était la rencontre Burton/Silva.

Burton Greene n’est pas souvent venu à Paris, la dernière fois remontant à 25 ans selon lui. Son style se caractérise par un jeu en clusters plus qu’en accords, et, avec parcimonie, des sortes de mélodies. Si l’on peut se fier à la mémoire, il n’a pas beaucoup changé en 30 ans (1).
Alan Silva n’utilisa que des sons anciens, évoquant le thème Telstar, jouant souvent les basses et une musique aventureuse et indescriptible, beaucoup plus vive et intéressante que celle produite dans le disque qu’il a fait récemment en duo avec Burton Greene [1].

Burton Greene - Sunset, Paris, 9 mars 2013
© Philippe Paschel

L’improvisation qui débuta le 3ème set fut proprement extraordinaire, suscitant même un grand intérêt du pianiste. C’était aussi visuellement impressionnant : des grappes d’accords sur toute l’étendue du clavier, les mains volaient littéralement.

C’est une musique difficile à qualifier, à décrire : elle est variée, rythmée, en tout cas d’un rythme sous-jacent qui fait battre le pied, mais aussi planante. Musique de l’instant, elle procure des sensations immédiates. Enfin il fallait y être.

Malgré le retour du froid et les vacances scolaires, le Sunside s’est rempli correctement, le public s’est renouvelé à chaque set, mais le premier rang est resté solide.

> Sunside - Rue des Lombards - Paris 1er - Samedi 9 mars 2013
Burton Greene (piano), Alan Silva (claviers), Abdelhai Bennani (ténor), Chris Henderson (dms).

Note :

  • Nous l’avons vu deux fois, une fois en solo le 19 novembre 1978, sous une tente installée sur le Forum des Halles non encore construit -très peu de monde- ; et une autre fois le 2 avril 1981 au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, accompagné de Fred Loflay (ténor et alto), Harry Miller (b), Max Bolleman (dms) et Josée König (voc.) -magnifique musique pas très bien accueillie.

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> Liens :

[1Parallel Worlds (Long song records- 2012)