Au Centre Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin (69), les premiers bruissements du festival A Vaulx Jazz 2013 se sont exprimés avec des hauts et des bas.
Les premiers bruissements du festival A Vaulx Jazz 2013 se sont exprimés avec des hauts et des bas.
Ce jeudi 14 mars c’était au tour de Youn Sun Nah accompagnée du guitariste Ulf Walkenius de débuter ce périple festivalier.
Nous ne retiendrons surtout de cette prestation, que son interprétation finale magistrale, de l’indémodable chanson de Léo Ferré « Avec le temps ».
Pour le reste il s’agissait de fragments épars constitués d’une sorte de doxologie spirituelle dont elle semble affamée au point d’aligner malencontreusement les effets successifs. Jouant à pousser des cris d’orfraie toutes ailes déployées, ponctués par des minauderies dont la vertu dormitive la poussait à susurrer inlassablement. Elle racolait le public par un mécanisme de séduction outrancier, qui trahissait une certaine inconsistance dans la forme profonde du concert et ces incantations mystifiantes.
Même si la relation dyadique avec son guitariste débordait d’une reconnaissance mutuelle, cela ne suffisait pas à faire décoller la pulpe.
Télérama ayant fait, dans le numéro de cette semaine, un tel éloge proche de l’emphase obséquieuse, qu’on peut se permettre d’exprimer la déception qu’on pouvait avoir sur la patate en sortant d’un pareil exploit Jazz, Canada Dry.
Pas sûr que l’été prochain à Jazz à Vienne elle arrive à ébranler la pierre romaine du théâtre antique. Si Melody Gardot avait su s’y rendre lunaire en 2012 ce ne fut pas le fruit du hasard.
En deuxième partie ce fut le tour du plat de résistance qui fit l’effet d’un véritable anxiolytique, avec l’arrivée de Jean-Marie MACHADO et l’orchestre Danzas qui invitait André MINVIELLE, pour faire « La Fête à Boby » ce trublion de la chanson française.
D’entrée de jeu on plonge dans un désenracinement avec l’ordinaire. Le dérèglement verbal et musical tombe de plein pied dans le versant d’un jazz non conformiste. La tutelle intellectuelle de celui-ci reste une condition positionnelle nécessaire pour refuser toute aliénation musicale morale. Cette liberté intérieure dont regorge tout l’univers de Boby Lapointe vient se juxtaposer à la perfection avec l’esprit inventif qu’a bien voulu lui donner Jean-Marie MACHADO par des arrangements inventifs, qui n’ont su faire fuir que les spectateurs qui se laissent éblouir par les chanteuses anglophones.
Le choix de cette ambition provoque forcément des réactions très diverses.
Chacun s’y voit ou ne voit pas ce que Boby a bien voulu nous donner à voir, et qui s’écarte du ronron quotidien auquel nous devrions rester attachés servilement sous prétexte de ne pas troubler l’ordre établi. Machado et Minvielle parviennent bien à traduire ce dérèglement qui cause du souci au raisonnable. La bigarrure sans cesse mobile entre eux deux, restait un principe de base d’une grande efficacité. Les paroles gravitaient autour d’un soleil joyeux constant qu’André Minvieille se saisissait d’une facilité déconcertante. La surface de la scène s’adornait d’une grande joie, on y sentait l’âme rieuse et sardonique de Boby Lapointe qui venait jouer de ses aphorismes cinglants, incrustés dans la tournure des mots, qui, reliés les uns aux autres finissaient toujours par trancher dans le vif de la dérision.
Les musiciens flottaient au gré des divagations avec aisance, conjurant parfois la démesure qu’ils assénaient à vive allure.
François Merville parvenait à déployer sa vélocité légendaire dans un court intermède. C’est toujours un vrai bonheur de revoir ce batteur faire vibrer sa force percussive avec cet aplomb. Ses enchaînements s’entrelacent avec une cohérence stupéfiante de lucidité. Une seule frappe enclenche, déclenche, toute une série de suites logiques, qui lui donne une grâce à l’état pur.
Une pareille expression était une aubaine qu’il ne fallait surtout pas laisser filer. Le Jazz accouplé aux chansons donnait lieu à ce petit grain de fantaisie, qui vous délivre de toutes les morosités dont on nous submerge dans la vie courante, sur France Info ou ailleurs.
Jean Marie Machado : piano, arrangements / André Minivielle : voix / Lionel Suarez : accordéon / Fabrice Theuillon : saxophones / Gueorgui Kornazov : trombone / Fanny Menegoz : flûte / Jérémie Dufort : tuba / Jean-Marc Quillet : percussions et vibraphone / François Merville : batterie
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