Sublime, simplement.

Jeanne, elle s’appelle Jeanne.
ADDED.
Elle n’a pas de cane mais une voix. Jeanne high-value ADDED. ADDED, comme supplémentaire.
Les fous du dico auront trouvé quelques autres synonymes : extra, more, other, further, fresh, additional, supplementary... Autant dire qu’elle ne fait pas dans l’ordinaire. Et quand elle joue avec ses deux acolytes, elle se nomme "Yes is a pleasant country".

Au piano Bruno RUDER, aux sax ténor et soprano Vincent LÊ QUANG.

La séparer de ses musiciens s’avère impossible. À eux trois, debout sur les épaules des géants qui les ont précédés, ils convoquent deux duos : Horace PARLAN et Archie SHEPP, Ran BLAKE et Jeanne LEE. Et les synthétisent.

Jeanne Added
Jeanne Added
Photo © Yves Dorison
Photo © Yves Dorison
Bruno Ruder
Bruno Ruder
Photo © Yves Dorison
Photo © Yves Dorison
Vincent Lê Quang
Vincent Lê Quang
Photo © Yves Dorison
Photo © Yves Dorison

Ils ont trouvé un équilibre sonore recommencé note après note ( le propre de l’équilibre n’est-il pas son côté instable-éphémère ? ).

Jeanne et sa voix telle qu’elle se donne à entendre à cet instant là, sans afféterie : brute de décoffrage, un souffle, une raucité, un murmure, un vibrato, un son pleine bouche, une tension, des silences suspendus,... nos frissons.

Elle interprète des textes en anglais ( et un en français, ) qui parlent d’amour (toi, moi, jamais, kiss me, partir, revenir, encore, toujours ) et laisse à ses compères la partie improvisée dont ils se sortent avec talent. Les deux lascars jouent terrible, sans baratin, sans en faire trop :

Vincent épatant en soutien indéfectible avec des chorus beaux, beaux et beaux.

Bruno idem avec un phrasé léché, une frappe chirurgicale ( sans aucun mort au premier rang ) et une intensité dramatique ( on se croirait dans un scénar à rebondissements ).

Dans la salle, il flotte des plumes d’anges qu’une patte de chat tente parfois de saisir et leur mouvement suspendu retient le temps qui ne passe plus.
Léger et intense, sussuré-crié, poétique-ordinaire, aérien-aérien et nous, quelque part en l’air, en apesanteur. Pourvu que ça ne s’arrête pas, gare à la chute.

Chut !!, c’est ce que dit ma voisine d’un murmure comminatoire à un photographe qui ne s’entend pas shooter et confond le Triton avec le bord d’une piste de F1.
Oui, pour les écouter jusqu’au fond de soi, faire silence n’est pas inutile.

Alors ça devient sublime.

Le Triton - 11 bis, rue du Coq Français ; 93260 Les Lilas - vendredi 19 avril 2013 à 21h.


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