Navigation au long cours.

> Auditorium du Conservatoire de Caen le mardi 20 mai 2O14

Taylor Ho Bynum : cornet / Jim Hobbs : saxophone alto / Bill Lowe : trombone basse et tuba / Mary Halvorson : guitare / Ken Filiano : contrebasse / Tomas Fujiwara : batterie, vibraphone

Taylor Ho Bynum, Jim Hobbs, Bill Lowe, Tomas Fujiwara, Ken Filiano, Mary Halvorson - Caen, 20 mai 2014
© T. Giard - CultureJazz.fr
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La scène new-yorkaise à Caen, dans les murs de l’auditorium du Conservatoire en ce qu’elle a d’avant-gardiste constitue un événement à répétition. En avril dernier le trio Medeski, Martin and Wood (lire ici !) se produisait sur cette même scène ; en ce mois de mai c’était au tour du sextette de Taylor Ho Bynum.

Autres musiciens, autre formation, autre musique. Si la recherche d’aventures sonores les réunit, leurs réponses différent. Moins électrique, plus acoustique, plus écrite quoique également improvisée, la prestation des musiciens du leader cornettiste surprend d’emblée par sa recherche sonore puis ne cesse de surprendre ensuite par les solutions qu’elle propose. Musique de l’intranquillité certes pour ceux que l’aventure effraie mais les surprises qu’elle recèle sont à la dimension de son exigence. Pas de thèmes exposés ou si peu, pas de chorus ou tellement rares mais une combinatoire au sein du sextette qui met tour à tour - en duo, trio, quartette – l’ensemble des musiciens pour former au sein de longues suites une variété incessante. Sous l’impulsion il est vrai de leur énergique leader Taylor Ho Bynum.

Quelques accords volontairement dissonants ou expérimentations instrumentales comme autant de signe de l’ancien free jazz ne parvenaient à détourner l’auditeur de ces moments où la complicité du trio guitare, basse, batterie ou de celui du tromboniste Bill Lowe avec la jeune guitariste Mary Halvorson sont de véritables temps de grâce rythmique et harmonique.

Ken Filiano, Mary Halvorson - Caen, 20 mai 2014
© T. Giard - CultureJazz.fr
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Pas davantage d’ailleurs, les contraintes de l’écriture ne débouchaient sur le formalisme braxtonien dont nombre de musiciens du groupe se réclament pour avoir accompagné le maître saxophoniste de l’avant-garde des années 80.

Si les spectateurs retenaient leur souffle – ou plutôt leurs applaudissements, ce n’était nullement signe d’une quelconque réserve mais celui d’une écoute attentive à suivre l’impressionnante imagination musicale irriguant une longue suite, Navigation, proposées en deux temps... Le rappel final en témoigne.

Parfois l’ombre de John Scofield planait sur ce concert : ne peut-on pas y voir la marque discrète autant qu’efficace de la jeune guitariste Mary Halvorson qui a indéniablement marqué les esprits par la qualité de son jeu et l’inventivité dont elle sait faire preuve à chacune de ses interventions.


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