Samedi 11 octobre : clôture d’une série de neuf concerts donnés par l’ensemble Archimusic au Triton,pour nous présenter son nouveau répertoire.
Samedi 11 octobre, Jean Pierre VIVANTE, directeur du Triton (Les Lilas - 93) s’est félicité de la réussite de la résidence de l’ensemble Archimusic commencée le 30 septembre. La salle pleine à chaque soirée lui a donné raison. Succés à chaque fois avec une évolution notable au fil de jours. Ce travail communautaire s’est perfectionné peu à peu pour aboutir à une quasi perfection samedi (vidéo bien ajustée, voix bien placées par rapport à la musique, ce qui parait-il n’a pas toujours été le cas)
Comme nous allons le découvrir,ce fut une vraie gageure de jouer cette œuvre très difficile !
L’ensemble Archimusic,sous la houlette de Jean Rémy Guédon au saxophone (lire ou relire son interview par Armel Bloch ) regroupe trois musiciens issus du jazz : Fabrice Martinez à la trompette, David Pouradier Duteil à la batterie et Yves Rousseau à la contrebasse,et quatre musiciens issus du classique : Vincent Arnoult au hautbois,Emmanuelle Brunat à la clarinette basse, Nicolas Fargeix à la clarinette et Vincent Reynaud au basson.
Dans cette œuvre ambitieuse, ils se sont adjoints les deux superbes voix de Laurence Malherbe, venue du lyrique, et celle de Jean-Marie Marrier (ex-membre de "Captain Mercier" ,groupe connu des amateurs de Jazz et de Rhythm’n’Blues).
MuTemps se dit un concert "augmenté", incrustant comme dans la réalité augmentée, des manipulations visuelles dirigées brillamment par Johan Lescure avec une mise en espace des musiciens assurée par Julie Desprairies, experte en chorégraphie.
Les petites pièces musicales sont inspirées de "Description de l’Omme, Encyclopédie" de Jacques Rebotier (auteur,metteur en scène et créateur inclassable). Vous avez bien lu "Omme" et non "Homme", ce qui nous interpellera tout au long du spectacle.
Le côté surréaliste ne sera pas sans me rappeler le mouvement de l’Oulipo, (Ouvroir de littérature potentielle), fondé en 1960 par le mathématicien François le Lionnais et l’écrivain et poète Raymond Queneau, formidable laboratoire d’expérimentation sur la manipulation des mots avec différentes techniques, dont la suppression de certaines lettres ou mots... tel l’Omme.
En attendant le début du concert,les spectateurs sont ainsi invités à donner leur définition de l’Omme, qui sera alors vue par la salle entière et lue par les chanteurs à la fin du spectacle.
Le travail de Jean Rémy Guédon a été d’articuler ces textes savamment choisis autour de ses musiciens (avec pour nous heureusement un livret que nous avons eu le temps de lire avant le concert). La performance des chanteurs est telle, dans la diction rapide et alternée, les images vidéo occupent tant la vue que sans livret il aurait été difficile de comprendre parfois le texte (et quel texte !) très bien servi par les musiciens, parfaitement rythmé par les plans visuels judicieusement choisis et très humoristiques.
Pour exemple, sur une succession de billets de banque ou pièces de "nullos" (et non d’euros !), L’argent,d’abord rond et en 3 D fut piétiné et écrasé afin d’être réduit à sa deuxième dimension. "Les pièces de monnaie sont des sphères écrasées qui roulent et nous roulent,volontiers"
Admiration totale pour les 2 chanteurs qui échangent sur un rythme rapide et soutenu, les textes très riches de Rebotier. La musique très riche est également bien servie par chacun dans un équilibre ou personne ne vole la vedette.
Est ce du jazz tel qu’on se l’imagine ou de la musique contemporaine proche de celle de Stravinsky (on pense à l’Histoire du Soldat).
Non,c’est du Rebotier servi par Guédon, amplifié par les images. La conclusion participative portera les définitions de l’Omme par des spectateurs qui ne manqueront pas d’humour ce soir là.
Ainsi : "L’Omme est un homme à qui on a pratiqué une H-ectomie" ou" pour faire une bonne Omme, prenez 4 oeufs,battez les etc..." avec l’image finale d’un MuTemps mutant par juxtaposition de tous les visages des spectateurs qui ont bien voulu se faire tirer le portrait à l’entrée du concert.
Applaudissements très chaleureux au bout de presque une heure trente de concert que je n’aurai pas vu filer ! Mon voisin revenait pour la seconde fois, totalement enchanté !
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PS : que diriez vous de "L’omme est un homme à qui on a retiré une lette"
Qui dit mieux ?