Fin de chantier pour la 29ème édition du festival A Vaulx Jazz à l’ouest du désert blanc, ou quelque chose dans le genre...
Soixante-et-unième étape
Soirée intitulée Cap Ouest à A Vaulx Jazz ce 19 mars, jour de naissance de Livingstone (1813) ! Bien vu le hasard ! Avec un tentet appelé White Desert Orchestra puis un quartet nommé West, il n’était pas impensable de se perdre entre les notes de ce crépuscule festivalier d’autant plus crépusculaire que la faible affluence du public au centre culturel Charlie Chaplin n’arrangeait pas l’ambiance.
En première partie donc, Eve Risser, par ses compositions et avec le soutien de neufs musiciens, tenta de nous faire musicalement vivre son ressenti face aux grands canyons du sud ouest américain. Avec un parti-pris contemporain très net et des subtilités dans l’écriture de la musique allant bien au-delà de nos maigres connaissances, il nous est apparu clair que la pianiste œuvrait au cœur d’un projet éminemment personnel résonnant de manière plus organique que mélodique. Étant naturellement sensible au tellurisme, notre incapacité à pénétrer cet univers nous sembla conséquemment déconcertante car à aucun moment l’émotion ne nous saisit. Pas l’ombre d’un frisson n’égaya notre écoute et notre esprit, lui, acheva de s’égailler, libre et vagabond, sans avoir jamais rejoint les sculpturales beautés des roches américaines ni même ressenti les inquiétants bruissements et les abyssaux tressaillements de leurs particularismes tectoniques. Nous avons failli devant une savante musique. C’est un aveu.
La seconde partie où le quartet West de Vincent Courtois (le trio de Médiums, avec Robin Fincker et Daniel Erdmann, augmenté de la présence pianistique de Benjamin Moussay) joua à la demande du festival le disque enregistré aux studios La Buissonne nous réconcilia avec nous-mêmes ! Nous fûmes capables d’éprouver de belles sensations à l’écoute du répertoire courtoisien, ce qui fut assurément dû à l’expressionnisme chaleureux des compositions du violoncelliste parisien. Nous le savions depuis fort longtemps, notre oreille possède un besoin maladif de mélodie. Sans elle, notre épiderme se glace. Jamais nous ne serons minéral, trop enclin par nature à la vibration charnelle. À cette aune, le quartet West fut un vecteur d’émotions qui nous convint parfaitement. Chaleureuses et ouvertes sur l’exploratoire, les sonorités liées des vents et des cordes touchèrent l’ensemble du public sans difficulté. Brillante et élaborée, la musique de ce quartet laissa filtrer le sentiment, pas le sentimentalisme, avec un éclat qui fait toute la différence. Cela nous ne nous étonna néanmoins pas car, c’est un fait avéré, Vincent Courtois possède le don rare de concevoir des projets d’une densité inusuelle tout comme il sait s’entourer des meilleurs avec une fidélité complice qui, en toutes circonstances, permet l’excellence.
Dans nos oreilles
Lou Tavano – For you
Sous nos yeux
Erri De Luca – Les saintes du scandale