Banlieues Bleues 2016. La soirée d’ouverture réunissait le quartet d’Airelle Besson et le Red Star Orchestra avec Thomas de Pourquery (Espace 1789 à Saint-Ouen) le vendredi 18 mars.
Saint-Ouen c’est cette ville bigarrée, traversée en son cœur par la pas toujours très marrante ligne de métro n°13, barrée au sud par le périphérique, anneau dont je demande ici officiellement l’éradication, frôlée au nord-ouest par la Seine, une ville qui possède un des plus anciens clubs de balle aux pieds de France, le Red Star, et qui a la chance de compter en son sein L’Espace 1789, lieu multiculturel unique qui va chercher un peu plus loin sa programmation, prenant des risques cinématographiques hors des sentiers battus des blockbuster proposant des spectacles autour de la danse contemporaine, des expositions, faisant de la découverte et de la curiosité un principe pour les jeunes et moins jeunes. C’est aussi, depuis plusieurs années, la salle qui ouvre le festival Banlieues Bleues.
Le problème que l’on rencontre ici est que ce quartet talentueux et prometteur se retrouve coincé par le temps qui lui est imparti alors que l’on a bien senti que la musique d’Airelle demande de l’espace pour s’épanouir, développer les improvisations et les interactions. Aussi c’est plus à une présentation de l’album qui devrait bientôt sortir que nous avons eu droit. Dommage et nous attendrons donc un prochain concert pour nous faire une idée plus précise, ce d’autant que l’appétit est là, on nous a mis l’eau à la bouche : Le son d’Airelle a cette chaleur déjà entendue dans d’autres occasions et dont nous avons souvent parlé à CultureJazz, Isabel Sorling une voix originale et sans fard, Benjamin Moussay une connaissance harmonique un sens de la phrase, Fabrice Moreau celui de la mise en scène. Il faut laisser du temps au temps, nous n’aurons même pas celui d’un rappel…
L’Etoile Rouge est un club mythique à plus d’un titre. Le bigband a aussi des origines organiques : des tuyaux, des boyaux, des anches, le Coton club, l’Apollo Theater, Duc, Conte et autres Fletcher forgées dans le rag et la danse. Il a trouvé avec le Vanguard Orchestra de Thad Jones, Mel Lewis un équilibre formel, 4 trompettes, 4 trombones, 5 saxophones et la section rythmique. Certes il n’y a pas la richesse du tissu orchestral du monde classique ; ici nous sommes plus proche du trident, d’une opposition-fusion blocs contre blocs sorte de classicisme d’une époque dorée qu’il est devenu difficile de développer en l’état et qui fut rompu par les Gil Evans, Maria Schneider, Vienna Art Orchestra ou encore André Hodeir, Laurent Cugny. On l’a vu récemment en littérature en peinture les contraintes titillent l’imaginaire. Alors de quoi est fait le Red Star Orchestra ? Né de l’envie de musiciens audoniens de former un grand orchestre, de reprises en reprises il a fini par engendrer un répertoire original sur des standards connus de tous, hier avec Olivia Ruiz aujourd’hui avec Thomas de Pourquery transformé pour l’occasion en crooner. Une ré-harmonisation originale de You Don’t Know What Love Is, une réappropriation associant Speak Low à Lush Life et nous voilà plongé dans la tradition des grands formats. Peut être serait-il possible d’aller encore plus loin mais ne boudons pas le plaisir de cette soirée durant laquelle nous aurons apprécié quelques beaux soli de trompette ou de trombone. Juste nous demanderons un peu plus de risque musical dont cet orchestre semble avoir le potentiel. Laissons du temps au temps…
Des Puces aux douces folies du livre dont la Seine est son encre, on s’enlivre, village diaprée tu grattes aux dos des portes de la grande ville, forte d’une richesse culturelle multiple tu vis, foot et musiques, bouillonnement, jardins ouvriers, architecture industrielle baroque, l’endroit mérite en effet beaucoup mieux que l’image qu’on lui colle habituellement. Je sais, moi l’audonien d’adoption chantre de la ville, que Ouen vient de Aldowin qui veut dire vieux amis.
À l’Espace 1789, longue vie !
Banlieues Bleues :
Vendredi 18 Mars
Soirée d’ouverture à l’Espace 1789 - 2-4 Rue Alexandre Bachelet, 93400 Saint-Ouen,
Airelle Besson quartet :
Airelle Besson : trompette / Isabel Sörling : voix / Benjamin Moussay : piano, claviers, Fender Rhodes / Fabrice Moreau : batterie
Red Star Orchestra :
Voix : Thomas De Pourquery / Trp 1 : Alexis Bourguignon / Trp 2 : Franck Guicherd / Trp 3 : Mathieu Haage / Trp 4 : Xavier Bornens / Trb 1 : Bertrand Luzignant / Trb 2 : Thomas Henning / Trb 3 : Daniele Israel / Trb 4 : Stéphane Montigny / Alto 1, Clt 1 : Esaïe Cid / Alto 2, Fl 1, Clt 2 : Julien Raffin / Ténor 1, Bclt, Clt 3 : Jean-Hervé Michel / Ténor 2, Fl 2, Clt 4 : Julien Duchet / Baryton, Fl 3 : Sylvain Fétis / Piano : Mathieu Jérôme / Guitare : Marc-Antoine Perrio / Contrebasse : Blaise Chevallier / Batterie : Julien Grégoire
Direction, arrangements : Johane Myran