Quatre-vingt onzième étape

En ce 21 janvier 2017, rendez-vous avait été pris avec le Chien à 3 Pattes de Michel Dugelay, lieu de perdition jazzistique sis à Montmerle-sur-Saône dans le Pêle-Mêle café. Au programme le trio Blue Yonder, trio constitué de Guillaume Orti (saxophones alto, mezzo-soprano en Fa & synthé MS-20), Bruno Ruder (fender rhodes & synthé basse) et d’Emmaunel Scarpa (batterie & compositions).

Emmanuel Scarpa

Nous avions des attentes, à moins que ne soyions impatients, et nous ne fûmes en aucune manière déçus par la musique proposée. Extraites du rayon jazz & musiques improvisées, option musique contemporaine, les compositions d’Emmanuel Scarpa permirent aux musiciens de parcourir l’espace improvisable sans heurts ni longueurs malgré un cadre initial assez prégnant. De fait, c’est bien la variété des thèmes qui colora l’ensemble des deux sets en offrant à chacun une possibilité d’expression personnelle non feinte. Il en découla naturellement une tranche de vie musicale (plus mélodique qu’à l’accoutumée) en permanente évolution, exécutée de main de maître par des artisans d’art complices, sûrs de leur coup. A priori plutôt malaisée d’approche pour une oreille néophyte ou plus encline à se laisser bercer par Bix Beiderbecke, cette musique n’en fut pas moins bien accueillie car elle ne manquait pas d’âme, ce qui est rare dans ce champ expérimental qu’est la musique contemporaine, champ qui nous laisse le plus souvent dubitatifs, quelquefois pantois ou plongés dans l’ennui, épuisés rien qu’à la lecture du livret et, en toute occasion, plutôt énervés et finalement désolés. Mais quoi, ce ne fut pas le cas ce soir-là car la finesse était au rendez-vous, une finesse due aux musiciens dans l’exercice de leur art et pas un concept fumeux pondu par un esprit (es-tu là ?) dont on ignore les démotivations profondes, les failles intellectuelles et autres fêlures d’un semblable acabit.

Après un tel concert, il est néanmoins bon de vous faire souvenir que le 21 janvier à vu la disparition de Lénine (1924), de Orwell (1950), de Peggy Lee (2002) et qu’en 2017 il reste aux américains 3 ans, 11 mois et 29 jours à bouffer du Donald laqué. Espérons que les godes ne vous blesseront pas trop, ni vous, ni l’Amérique. Amen.


Post Scriptum : le pérégrin ne chroniquera pas le nouvel album de Sarah McKenzie car le syndrome gros label a encore frappé. Et que je te minaude du français à l’accent british trop sexy. Pléiade d’invités pour un son bien lisse et consensuel et une playlist propre à ravir les festivals que l’on déteste cordialement. Pochette à deux balles fadasse, genre la blonde années 50 dans le halo du parapluie. On se demande ce qu’elle regarde là en-dessous, la pauvre Sarah. Elle a dû perdre un truc, filé un bas. On ne s’arrêtera pas plus longtemps sur le sujet.


Dans nos oreilles

Ornette Coleman - Jazz to come


Devant nos Yeux

Gérard Challand
- Feu nomade et autres poèmes