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  Avishai COHEN : "1970"

EUH ??

Ouh la la la la ! J’ai pensé un instant que Guy Lux allait sortir de sa boite et qu’il y aurait un duo avec Michèle Torr. Je n’ai rien contre la variété, j’en écoute jamais et je n’ai rien contre la pop music, j’en écoute beaucoup, mais là, ce n’est pas « Top of the pops », c’est « Flop of the flops ». Au mieux c’est « Ring parade ». J’en suis tout ébaubi d’ouïr ainsi les ravages du produit de consommation de masse surproduit. Bon reconnaissons cependant qu’Avishai Cohen a affirmé n’avoir pas voulu faire un disque de jazz. Est-ce une raison suffisante pour se plonger ainsi dans la mièvrerie ? Du miel, du liquoreux, du sucre ! Diabète de type 2 s’abstenir. Au fait Neil Young sort un album le 1er décembre, accompagné par Promise of the real. En cadeau de Noël, y’a pas photo. À moins que vous détestiez quelqu’un en particulier qui mériterait son Avishai. Votre belle-mère ?

Yves Dorison


  Isabelle OLIVIER : "In Between"

À la lisière du jazz

Si on excepte quelques rares noms féminins américains tel celui de Dorothy Ashby et plus contemporain celui de Carol Emmanuel, la harpe reste marginale dans le jazz mais l’instrumentiste Isabelle Olivier, quant à elle, parvient plutôt bien à occuper le devant de la scène depuis sa Victoire du Jazz en 2006. Il lui faut pour ce faire rivaliser d’invention et déployer une belle énergie. De ces deux qualités cette musicienne-compositrice est incontestablement dotée. Chaque album est l’occasion de la découverte d’un nouveau monde et sa conceptrice partage son activité créatrice entre Chicago et Paris. En témoignent aussi sa série de concerts-spectacles à la faveur de la parution de son opéra jazz Don’t worry be HaRpy le trimestre dernier ainsi que la sortie toute récente d’un nouvel opus intitulé In between.
Entre deux, à la lisière (concept et l’un des titres de cet album), ces deux expressions valent autant pour la musicienne que pour son univers musical. Situé en effet entre des influences diverses, aux confins de mondes variés et à la lisière du jazz précisément, ce disque séduira les esprits curieux. Ceux plus sensibles à un jazz davantage roboratif apprécieront l’énergie de Ranga ou le swing chaloupé de Make music. Le dialogue avec les autres instruments laisse certes peu de place à l’improvisation mais donne lieu à des mélodies soigneusement arrangées tel Potawatami avec la guitare de Raphael Olivier ou bien encore Peruvian Lullaby avec la flûte de Julle Koldin…..
Tout y est subtil, sensible, raffiné, « debussyste » par endroits, compositions et arrangements mais quid de la "permaculture artistique" se demanderont à juste titre certains, à propos de la profession de foi de cette "harpiste hors pistes" - selon le bon mot de Libération.

Jean-Louis Libois


  Iiro RANTALA & Ulf WAKENIUS : "Good Stuff"

Chaque fois que l’on a croisé Ulf Wakenius, nous avons vu un homme joyeux qui promenait sa virtuosité guitaristique de par le monde avec simplicité. Cette propension à la vitalité joviale, elle s’entend sur scène bien sûr, mais aussi dans ce disque en duo avec le très expressif (et virtuose) pianiste finlandais Iiro Rantala. À l’écoute du premier morceau, le sentiment général relève du « rien de neuf sous le soleil ». Puis, sans que l’on sache bien pourquoi, l’on se laisse attraper par le dialogue tour à tour paisible ou endiablé qu’entretiennent les deux artistes. Pour la petite histoire, il n’est pas étonnant que ces deux là jouent ensemble. Le suédois a joué longtemps avec Peterson et le finlandais considère Oscar comme l’un des pères du piano jazz. Ce disque d’orfèvres au faite de leur art, constitué d’une musique particulièrement ouvragée (quelquefois un peu chargée), au répertoire varié, ne révolutionne pas le jazz, la musique, le monde, l’univers entier et la vie sur Mars, mais il fait du bien à écouter ; ne serait-ce que par la plaisir évident pris par Wakenius et Rantala à jouer, quitte à se jouer de nous, cette musique qui évite avec maestria la mélancolie. Il l’ont fait aujourd’hui, nous l’écouterons encore demain, de temps à autre, pour conforter notre inénarrable optimisme dans ce triste macromonde.

Yves Dorison


  Dianne REEVES : "Light Up The Night - Live in Marciac"

Bien des gens pensent que la majorité des disques studio de Dianne Reeves sont surproduits et inintéressants. Ils ont raison. Mais ceci est un disque enregistré en public. Et qui ne sait pas que la chanteuse est une bête de scène, lieu où elle délivre des performances bien souvent mémorables. Son énergie, l’empathie véritable qu’elle partage avec le public, sa joie de chanter et tout tenter, tout cela lui confère déjà un statut à part. C’est cependant vocalement qu’elle s’impose avec cette invraisemblable maîtrise qui la place sur des hauteurs fréquentées par les plus grandes seulement. Suffisamment intense pour vous coller une paire de frissons, ici et là, au détour d’un éclat. Ajoutons une mention particulière à son groupe de musiciens (d’habitués) qui savent la suivre en toute circonstance là où son inventivité la mène. Et elle n’en manque pas... Et quitte à se faire plaisir, en complément, vous pouvez jeter un œil sur Youtube au concert qu’elle a donné le 10 septembre 2017 à Jazz à La Villette, à Paris (voir ici...). La classe, ça ne peut pas faire de mal.

Yves Dorison


  SEAL : "Standards"

Dans nos souvenirs, Seal demeure à jamais comme le premier chanteur à avoir fait du playback sur la scène de Jazz à Vienne. Notre curiosité fut donc piquée en voyant ce disque intitulé "Standards" avec un grand orchestre, des cordes et le mythique studio Capitol de Los Angeles. La nouvelle, bonne ou mauvaise, est la suivante : quels que soient les moyens employés, quand c’est pas bon, c’est souvent pas génial. Ça passe à peu près sur les tempi rapides (mais faut d’abord oublier Joe Williams) mais c’est terriblement plat sur les ballades (même en oubliant d’abord Johnny Hartman) au point que l’anglais arrive même à tuer les feuilles mortes une seconde fois. Si l’orchestre fait le job, avec dentelles et confettis façon too much, Seal tient son rang… et l’on sait qu’il ne sera jamais premier sur la ligne et dans les encyclopédies. Il a récemment déclaré au sujet de cet enregistrement : « J’ai vécu une expérience qui n’arrivera plus jamais...  ». Nous voilà rassurés.

Yves Dorison


  Hervé SELLIN Quartet : "Always Too Soon – Dédicated To Phil Woods"

Swinguant

Hervé Sellin, pianiste qui rend hommage au saxophoniste Phil Woods, dans ce nouvel album. Pierrick Pedron saxophoniste rendant hommage au pianiste Monk dans un album précédent. Et pourtant, Sellin n’a pas joué avec Woods mais avec Johnny Griffin (qui tout comme ce dernier a joué avec Monk) ; bref tout ce beau monde - auquel il convient d’ajouter le très demandé contrebassiste Thomas Bramerie ainsi que l‘un des piliers du jazz parisien, le batteur Philippe Soirat- est fait pour s’entendre et jouer ensemble. Et il s’entend littéralement à merveille en jouant avec complicité, duplicité (au sens premier du terme), à l’unisson ou par chorus interposés.
Centenaire (de la naissance oblige) mais pas seulement, Monk est l’une des figures puisant à la fois dans la tradition bop et arc-bouté sur l’avenir. À un point d’équilibre (et de tension) parfois rompu par certains mais que d’autres n’ont de cesse de maintenir. Le quartette d’Hervé Sellin s’inscrit dans cette lignée.
Monk le fédérateur donc, ici revisité dans quatre titres par le quartette avec brio. Fidélité à l’esprit et parfois à la lettre aussi bien, tant il est vrai que cet univers du pianiste est difficilement sécable (Laurent de Wilde, autre adorateur de Monk disait quelque chose comme cela en évoquant son rapport au musicien dans son album qui lui est dédié).
Sens du swing et de la mélodie vont de pair avec une vision moderne du jazz ; et cet hommage par Phil Woods interposé le rappelle à sa manière. Aussi bien -comme il se doit- dans les thèmes monkiens (Crepuscule with Nellie et Ask me now que dans les compositions originales d’Hervé Sellin et tout particulièrement dans Willow Woods et Always Too Soon.
Résonne néanmoins dans la composition de Corinne Bonnefoy, Remenber Phil, l’image du saxophoniste disparu par la voie du pianiste. Elle fait écho à la composition d’H. Sellin qui donne son titre à l’album Always to soon.
Le dernier mot reviendra à Thélonius Monk : "Je n’aime pas le mot bebop. Je joue juste de la musique moderne."

Jean-Louis Libois


  Références, détails et liens...

Avishai COHEN : "1970"

> Sony Music / Sony Music

Avishai Cohen : voix, basse, contrebasse / Tal Kohavi : batterie / Yael Shapira : violoncelle / Jonatan Daskal : claviers / Karen Malka : voix / Itamar Doari : percussions / Elyasaf Bishari : oud...

01. Song of Hope / 02. My Lady / 03. It’s Been so Long / 04. Se’i Yona / 05. Emptiness / 06. For No One / 07. Motherless Child / 08. D’ror Yikra / 09. Move on / 10. Ha’ahava / 11. Vamonos Pa’l Monte / 11. Blinded // Enregistrement récent. Lieu non précisé.

Isabelle OLIVIER : "In Between"

> Cet album figure dans la Pile de disques de novembre 2017, ici...

> Enja Yellowbird - ENJ-9757 / L’Autre distribution

Isabelle Olivier : harpe, composition / Julle Koldin : flûte / Hugo Proy : clarinette / Fraser Campbell : saxophone / Raphaël Olivier : guitare / Thomas Olivier : piano / Devin Gray ; Ernie Adams ; Dré Pallmaerts : batterie

01. Intro / 02. Peruvian Lullaby / 03. Potawatomi / 04. A new world / 05. Comment ça va ? / 06. Glose / 07. Skylark (H.Carmichael) / 08. Barbes / 09. Monarque / 10. Fête de la musique / 11. Impressions / 12. Lisière / 13. Pantoum / 14. Rengas / 15. In between // Enregistré récemment à Versailles, Paris, New York et Chicago.

Iiro RANTALA & Ulf WAKENIUS : "Good Stuff"

> Cet album figure dans la Pile de disques de novembre 2017, ici...

> ACT - ACT 9851-2 / PIAS

Iiro Rantala : piano / Ulf Wakenius : guitare

01. vienna ( ulf wakenius) / 02. carmen ( georges bizet - arr. by iiro rantala) / 03. helsinki ( iiro rantala) / 04. palma ( iiro rantala) / 05. seoul ( iiro rantala) / 06. nessun dorma ( giacomo puccini - arr. by iiro rantala & ulf wakenius) / 07. berlin ( ulf wakenius) / 08. what a wonderful world (weiss-thiele - arr. by iiro rantala & ulf wakenius) / 09. rome ( ulf wakenius) / 10. sir duke ( stevie wonder - arr. by iiro rantala & ulf wakenius) / 11. love the stuff - ain´t no mountain high enough ( stuff - nickolas ashford & valerie simpson) / 12. giant steps ( john coltrane - arr. by iiro rantala) // Enregistré à Berlin les 30 et 31 mai 2017.

Dianne REEVES : "Light Up The Night - Live in Marciac"

> Concord Music Group / Universal Music

Peter Martin : piano / Romero Lubambo : guitare / Grégoire Maret : harmonica / Reginald Veal : contrebasse / Terreon Gully : batterie.

01. Dreams / 02. Minuano (Six Eight) / 03. Nine / 04. 4 Infant Eyes / 05. All Blues / 06. Heavens / 07. Cold / 08. Beautiful // Enregistré en concert au festival de Marciac le 9 août 2016.

SEAL : "Standards"

> Cet album figure dans la Pile de disques de novembre 2017, ici...

> Decca / Universal

Seal Henry Olusegun Olumide Adeola Samuel : voix /+ grande formation studio non détaillée (cordes, vents, section rythmique)

01. Luck Be A Lady / 02. Autumn Leaves / 03. I Put A Spell On You / 04. They Cant Take That Away From Me / 05. Anyone Who Knows What Love Is / 06. Love For Sale / 07. My Funny Valentine / 08. I ve Got You Under My Skin / 09. Smile / 10. I m Beginning To See The light / 11. It Was A Very Good Year // Enregistré récemment lieu non précisé.

Hervé SELLIN Quartet : "Always Too Soon – Dédicated To Phil Woods"

> Cet album figure dans la Pile de disques de novembre 2017, ici...

> Cristal Records - CR 259 / Sony

Hervé Sellin : piano / Pierrick Pédron : saxophone alto / Thomas Bramerie : contrebasse / Philippe Soirat : batterie

01. Lennie’s Pennies (Tristano) / 02. Willow Woods (Sellin) / 03. Crepuscule With Nellie-Evidence (Monk) / 04. Ask Me Now (Monk) / 05. Trinkle Tinkle (Monk) / 06. Always Too Soon (Sellin) / 07. Dark Machine (Pédron) / 08. Remembering Phil (C.Bonnefoy) / 09. Gratitude (T.Harrell) / 10. Ya Know (J.Emley) / 11. Autumn In New York (V.Duke) // Enregistré à Rochefort (17-France) du 21 au 23 avril 2017.