Concert à deux au "Chien à 3 pattes". Comme quoi l’arithmétique peut être capricieuse comme un Paganini sans Mister.
Cent quarantième étape
Connaissiez-vous le Yumi Duo ? Constitué de Tanguy Gallavardin (clarinette, claviers) et d’Antoine Noyer (percussions), de jeunes musiciens offrant à ouïr un univers pour le moins personnel, il s’exprimait ce 10 mars dernier au Pêle-mêle Café de Montmerle sur Saône, lieu de résidence hivernal du Chien à Trois Pattes dont la programmation ne laisse de nous satisfaire. Comme quoi, avec peu de moyen, du savoir et beaucoup d’intelligence, on fait vivre la passion du jazz. Nous, pour sûr, n’avions jamais entendu parler de ce duo et il était subséquemment agréable de le découvrir. C’est bien ce à quoi nous pensions, sur la route longeant la Saône, en écoutant l’américaine Shelby Lynne rendre hommage à Dusty Springfield dans le beau disque produit par Phil Ramone et enregistré en 2007. C’est, selon nous, un petit bijou d’équilibre qui a peu à voir avec le jazz (encore que) et beaucoup avec l’épaisseur du silence et la suspension. Mais quoi ? Nous ne sommes pas sectaires. Pas tout à fait. Enfin, passons.
Sur scène, avec une ribambelle de percussions, un marimba, un mélodica, un clavier, deux clarinettes et un looper, le Yumi duo créa un authentique macrocosme musical aux influences variées ; il approcha l’orient, l’Afrique et l’Inde tout en gardant un pied en terre occidentale et les doigts dans l’improvisation. Impression étonnante, il nous apparut, à certains moments, que ces jeunes musiciens flirtaient avec la pop progressive des années 70 (quelque part entre Genesis et Yes, première période). Auraient-ils trop écouté les vinyles de leurs parents ? Peu importe, ce n’était pas désagréable et cela ne nuisit pas aux paysages harmoniques qu’ils élaborèrent pour l’auditoire. Les climats musicaux se succédèrent sans rompre le fil natif qui les reliait. Cette homogénéité patente laisse augurer un avenir serein pour ce duo, pourvu qu’il ne reste pas bloqué sur les acquis de cet ethno-jazz à géométrie variable, bien en place, mais dont on ignore quels futurs chemins il empruntera. Quoi qu’il en soit (et qu’il en fut), le public du val de Saône apprécia chaleureusement l’exercice avec son habituelle bonne humeur et la soirée s’écoula avec simplicité. Comme d’habitude dirons-nous, voire comme de bien entendu.
Après cet excellent concert, un de plus, il fallut néanmoins reprendre la route à une vitesse raisonnable. Pour cela, rien ne vaut France Culture… Au fait, saviez-vous que le 10 mars 1899 (précisément un vendredi) un décret limita la vitesse à 20 km/h en agglomération et à 30 km/h en rase campagne ? Attendez-nous on arrive qu’ils disaient… Mais à quelle heure commençaient les concerts à la fin du XIXème siècle ?
Dans nos oreilles
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Devant nos yeux
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