Où le Pérégrin mélange les dates, la colère et la joyeuseté, l’avant, l’après et le maintenant. Le tout parfaitement à jeun (et tout de même à Lyon).
Cent quarante et unième étape
Bien, bien, bien… avant d’en venir à ce 29 mars qui sera un enfer pour les amoureux réunis de Georgette Plana et Georges Guétary, revenons un peu sur la programmation de la trente-huitième édition du Festival Jazz à Vienne, ou non. Euh… Depuis quelques années déjà, avec tout le respect qu’on lui doit et l’admiration qu’on lui porte, Roy Hargrove n’a plus de souffle. Gregory Porter possède un abonnement au festival, mais la Golden subscription revient indéniablement à Marcus Miller qui revient et n’en finit pas de revenir, à tel point qu’on se demande s’il ne loge pas sur place à l’année. Et Magma ? C’est tout nouveau et plein d’avenir, Rhoda Scott aussi. Avishai Cohen ? Hélas l’insupportable contrebassiste récupéré par le tiroir caisse ; nous voulons le trompettiste sinon rien. Ron Carter ? Pas très neuf non plus, mais le seul que nous regretterons quelque peu de rater. Melody Gardot ? Il faut savoir raison garder. Jeff Beck ? Don’t look back. Nous non plus d’ailleurs car la nostalgie est le plus sûr moyen de mourir vivant. Je vous passe Morcheeba, Gilberto Gil, Dhafer Youssef, Youssou N’Dour, etc. Pour rester bien en vie, vivant et souriant, nous éviterons donc le théâtre antique et les gens importants qui disent des choses importantes sur la musique et la météo, la jauge et les sandwiches, etc. Seuls Lettres sur cour d’une part et, d’autre part, Fabrice Tarel, Elina Duni et Cenk Erdogan, les trois en solo dans le cadres des Musaïques au musée gallo-romain, retiendrons notre attention. Mais là, pas besoin d’accréditation. Adieu attachés de presse et communicants de tout poil. Mes amitiés à la sécurité. On va se taper des tranches de gratuit avec supplément d’âmes en toute quiétude. La vie est belle et les moutons aussi.
Ceci dit et avant d’en venir au 29 mars qui verra pâlir les amoureux réunis de Marcel Amont et Yvette Horner, il faut que nous souvenions un instant de la rencontre lyonnaise entre Daniel Erdmann et Federico Casagrande, sous la tutelle de Bruno Tocanne. Car ce fut un moment d’exception, croyez-nous, où les lyrismes aventureux se marièrent à l’envi, sans contrainte et avec une inspiration illimitée. Les trois musiciens portés par leur désir de musique surent à l’unisson développé un jazz à l’éloquence raffinée sans omettre les échappées belles qui font le sel de ce type de rencontre. En une heure et quinze minutes, ce trio européen créé pour l’occasion nous a donné une envie et une seule : les écouter de nouveau à l’avenir. C’était un 16 mars 2018 à Lyon, c’est-à-dire à une date où la trente et unième édition du festival A Vaulx Jazz aurait dû battre son plein. À la place une biennale des cultures urbaines voulue par la mairie de Vaulx-en-Velin, la deuxième édition, le remplace. La première avait eu lieu trois ans auparavant. Ce doit être pour cela qu’ils l’ont appelée biennale. On dit ça, on dit rien, n’est-ce pas ? L’arithmétique, c’est compliqué. Cerise sur le trio européen que nous écoutâmes, le concert prévu ce 16 mars au festival vaudais fut annulé. Ils ne pouvaient pas lutter, c’est tout simple… A Vaulx Jazz était (à peine déguisé) sur une scène croix-roussienne avec des musiciens ayant tous joué au festival que l’on regrette. Un 16 mars donc, qui vit par le passé (1737) la création parisienne au théâtre des Italiens de la comédie de Marivaux « Les Fausses Confidences ». Et cela reste entre nous bien évidemment. Tout comme ce fameux 29 mars périscopien sur lequel nous aurons plaisir à écrire bientôt. Nous sommes juste en avance sur notre temps tandis que « l’étang latent attend que passent les thons », mais ces mots-là, façon haute couture, c’est Charlélie qui les chantait il y a un long temps. Et la mélancolie n’a rien à voir avec la nostalgie ; soyez-en certains. En attendant, restez avec nous, on découvrira d’un fil le 29 mars en avril.
Dans nos oreilles
Claudia Solal & Benjamin Moussay - Butter in my brain
Devant nos yeux
Mary Ellen Mark - Tiny streetwise revisited