Vendredi 27 août 2021

Quel concert attendais-je cette année à Jazz Campus en clunisois sinon celui de Susanne Abbuehl ? Que voulez-vous que je vous dise ? C’est comme ça. Accompagnée par le pianiste Stéphane Oliva et le batteur Samuel Ber, (jeune pousse au talent impressionnant), au service des musiques de Jimmy Giuffre et Don Cherry, entre autres, la chanteuse plongea le public dans son univers, public qui se laissa volontiers porter et emporter au gré des mélodies. Quant à moi, à l’écoute, je fus comme à l’habitude étonné qu’autant d’évanescence soit chargée de tant de densité, qu’autant introspection musicale éclate en gerbes aériennes mues par un souffle ardent. Dans l’expression vocale de Susanne Abbuehl, la braise vit sa vie et attend d’être ravivée, ce qui ne manque pas de survenir dès lors que la voix accède au réel. Et c’est ce que j’attends moi aussi, qu’une voix libre s’élève, légère et chatoyante, précise (redoutablement précise) et pétrie d’une opalescence pigmentaire subtile dessinant les contours du chant en appuyant sur les inflexions qui définissent sa singularité. D’abord encadrée par les fragrances pianistiques et les fines ponctuations percussives, Susanne Abbuehl fut rejointe en fin de concert par le souffle ami de Matthieu Michel. Le quartet entra alors dans une autre dimension de l’intime qui se révéla plus ample et délicatement lyrique. Il y aurait beaucoup plus à dire encore, mais il me semble préférable de laisser du silence aux mots afin de mieux goûter le souvenir du moment. Un peu égoïste, je l’avoue, et sans remords… Sachez cependant que ce fut beau. C’était un vendredi 27 août, un peu frisquet en fin de soirée (une quasi habitude dans la région à cette époque de l’année) et je vous signale qu’en ce deux-cent-trente-neuvième jour du calendrier grégorien, en 1909, un saxophoniste naquit et laissa une trace indélébile dans l’univers de la musique. Son nom : Lester Young. Encore un poète !


https://www.jazzcampus.fr/
http://www.susanneabbuehl.com/