La vie du jazz la nuit, riche et multiple, à Marseille. Christian Ducasse ne l’a pas manquée.
Il a fallu tout d’abord l’action diplomatique de Raphaël Imbert, sa force de persuasion aux fins d’ensorceler la direction de France Musique, puis le relais des forces institutionnelles locales, l’engagement des artistes invités, une conjugaison de concours et cette nuit du jazz fut vraiment étoilée.
Au micro de « OpenZaï » Alex Dutilh et Nathalie Piolé se démultiplient lors d’un direct de plus de 4 heures (disponible sur le site de France Musique). Le duo met sans cesse en valeur les musiciens qui défilent sur le podium de la salle Tomasi.
Public très esprit famille, on s’arrange du trop plein : 800 billets vendus, 300 invitations ! Dans l’illustre bâtisse édifiée par l’architecte Henri Espérandieu entre 1864 et 1874 plusieurs salles vibrent en petit, très petit ou grand format, un feu d’artifice.
Le maître de cérémonie officie au sax ténor, duo enlevé avec la batteuse Anne Pacéo annonçant un nouveau compagnonnage des deux figures de la scène hexagonale. La presse locale (La Provence), éternellement réjouissante annonce nos artistes en ménage !
Le Normand Christophe Leloil chez lui à Marseille depuis plus d’une décennie a l’art de dénicher des trésors cachés. En duo le trompettiste dialogue sur les hauteurs avec une pointure du piano : Rob Clearfield. Diantre, l’axe Marseille-Chicago fonctionne depuis l’installation en ville de Famoudou Don Moye il y a presque vingt ans !
Une rareté ? Le choeur Emelthée s’installe a capella avec le trompettiste Erik Truffaz, brouilleur de piste. Un télescopage heureux d’époques, d’univers musicaux réunit les protagonistes sous la baguette de Marie-Laure Teissèdre (bis : à écouter impérativement via France Musique). Truffaz reviendra en invité du trio du batteur Edward Perraud (Bruno Angelini piano et ancien élève de classe de jazz de Marseille, Arnault Cuisinier contrebasse).
La vedette ? Elle est annoncée par la chanteuse locale Élise Vassallucci lors d’un duo réussi avec la diva à suivre Célia Kameni : c’est Theo Crocker !!!
Oui ce sera lui la star de la nuit. Theo Crocker se présente en douceur devant les micros de « OpenZaï » en compagnie de son pianiste Mike King.
Une heure plus tard dans une la salle Audoli survoltée son groupe BLK2LIFE fera étalage de son riche vocabulaire où Hip Hop et swing tonique font bon ménage. Gros succès, d’autant que Théo Crocker maîtrise l’art de la scène et ses codes festifs.
Rapidement on ne sait plus où donner de l’oreille mais les élèves de la classe de jazz (jadis la toute première en France à l’initiative du pianiste Pierre Barbizet en 1964, direction inégalée : Guy Longnon) ont leur mot à dire, la nuit est à eux. Sachants et apprenants : le septet « New Thing » cultive un jazz canal historique enrichi de nouvelles lectures : rafraichissant.
(Léo Hubert sax alto, Fabien Torres trompette, Romain Morello trombone, Fabien Ottones piano, Damien Boutonnet contrebasse, Timon Imbert fils du directeur batterie)
L’ équipe du festival des 5 continents pilote avec maestria cette célébration (direction Hugues Kieffer, assistance avisée Aurélie Pampana). On respire en extérieur autour d’un food truck. La buvette permet des retrouvailles dont celle si heureuse de Henri Florens illustre pianiste formé par le trompettiste Guy Longnon à la classe de jazz. À proximité l’autre Henri, Fiore infatigable animateur du club le Jam désormais itinérant ou Claude Norbert du précieux club Roll Studio, tous deux certifient par leur joie communicative le bonheur d’assister à cette nuit inédite.
Pour parfaire, Jean-Marc Coppola élu communiste et adjoint à la Culture, dit l’engagement de la nouvelle équipe municipale, celle qui a libéré Marseille
en juillet 2020. Engagement sincère de la grande ville même si ses finances sont dans le rouge. Il faudra faire avec pour que Marseille conserve son rang.