Nouvelles, Renouvelables, Inusables : Tout est affaire d’énergie
| 00- ALEXANDRE HERER . Nunataq2
| 01- FRANCOIS BERNAT QUARTET . Winter suite
| 02- CARNALISME . De profondis
Alexandre Herer : Rhodes
Pierre Mangeard : batterie
Gaël Petrina : basse
Onze heures Onze
Musiciens invités : Malik Mezzadri flûte, Julien Pontvianne saxophone ténor, Denis Guivarc’h saxophone alto, B.C Manjunath mridangam
Salué par la presse spécialisée (et ici même,“Appeal …” mars 2020) lors du premier Nunatak, le pianiste –compositeur Alexandre Herer récidive. Il y a nécessairement un air de famille du fait d’un personnel identique à l’oeuvre (le batteur Pierrre Mangeard, le bassiste Gaël Petrina) et d’une l’inspiration toujours venue du froid ; d’où la référence commune aux deux disques aux contrées glaciaires.
Néanmoins, l’invitation faite à des musiciens extérieurs réchauffe –nous semble-t-il l’univers personnel d’Alexandre Herer. S’il reste toujours le maître des lieux aux claviers de son Fender Rhodes et très inspiré (dès le premier titre, on est embarqué), impulsant le rythme, dessinant le paysage sonore, les impulsions données par les improvisations aussi bien du flûtiste Malik Mezzadri que des saxophonistes Julien Ponvianne et Denis Guivarc’h viennent judicieusement l’animer (dans le bien nommé “Ice Shelf”). Il n’est pas jusqu’à un changement de continent musical qui ne s’opère sous l’influence indienne du mridangam (tambour) de B.C Manjunath.
Un réchauffement climatique bienvenu dans la planète jazz pour briser la glace, en quelque sorte. Sorti le 25 février dernier, Nunatak2 donnera lieu à un concert le 23 mars à la Petite Halle.
https://www.alexandreherer.fr/
Jazz family
François Bernat : contrebasse, composition
Frédéric Borey : saxophone ténor
Paco Andréo : trombone
Stéphane Adsuar : batterie
François Bernat est un musicien patient et il a bien raison. Après avoir été dans un premier temps accompagnateur, et tandis qu’il anime les soirées jazz de la Péniche le Marcounet à Paris de 2015 à 2020, c’est en hommage à la musique de Miles Davis qu’il produit son premier disque en tant que leader en 2018. Prenant un peu le large des standards, il livre un second disque à la fois personnel et fidèle à ses sources. C’est ainsi qu’ impressionné par les musiques de Wayne Shorter, Joe Henderson et Dave Holland, le contrebassiste François Bernat décide de se jeter dans le grand bain des compositions personnelles.
L’équilibre, c’est ce qui frappe à l’écoute de cette « Winter Suite ». Équilibre entre écriture et improvisation, entre la part faite aux différents instruments sans que cela soit synonyme d’uniformité ainsi qu’en témoignent les premiers titres très enjoués et très enlevés. Il n’est pas jusqu’à cette longue suite qui donne son titre au disque qui dans un registre peut-être plus intériorisé n’hésite pas à laisser la parole, à tour de rôle, à chaque instrument pour mieux les réunir dans des dialogues réjouissants en particulier entre Frédéric Borey au saxophone et Paco Andréo au trombone..
Un disque stimulant. Concert le 27 avril au Sunset
Nunc
Patrice Grente : contrebasse
Etienne Ziemniak : batterie
Guillaume Gargaud : guitare
Tout un programme pour cette formation, au nom sibyllin, fondé en 2010 par le contrebassiste Patrice Grente et le batteur Etienne Ziemniak qui enregistre à trois reprises avant ce nouvel opus, Carnalisme. "Carnalisme" est selon un certain Michel Koch (1913-2005) le « lieu flou, trouble et glissant que chacun possède et nul ne repère, c’est là que tout carnalisme puise » (« Piété pour la chair ».)
Voilà qui promet ; et il n’en faut pas plus pour que sous l’impulsion du trio (ils son trois dorénavant avec le guitariste Guillaume Gargaud) les forces telluriques se déchaînent à fond dès le premier titre et ce douze minutes durant, sans répit. Et cela vaut pour l’ensemble des « compositions ».
Les sons saturent tout le long de ces folles improvisations ; qu’en est-il de l’auditeur ? Difficile de prendre des repères dans une écriture sans entrave, là où les instruments se répondent au gré d’une logique et d’une architecture sonore très libres. La transe au terme de ce voyage constamment paroxystique dans ce magma sonore ? Une expérience des limites en tous cas dans ce jazz en fusion. Citons,enfin, pour mémoire cet aphorisme d’une héroïne d’un film de J.Rivette : "Quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limites"
Magma, fusion à l’image de la matière et des couleurs de la pochette (très réussie) de Deborah Lennie.
En revanche, oreilles sensibles, s’abstenir.
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