dimanche 27 mars

La programmation jazz dans la région est telle que je suis allé au théâtre, celui des Arts de Cluny, assister non sans entrain et avec raison à la représentation d’une pièce consacrée à Albertine Sarrazin. Et le jazz là-dedans ? Je m’en fous. Le jazz est partout. Même dans ce seul(e) en scène où Nelly Pulicani, dans une mise en scène sobre et efficace, déroula avec force un texte tendu, enchâssé dans les brisures rythmiques, au creux duquel le corps flamboyant porta le verbe (en son temps reconnu et loué) d’un destin mal foutu, tout de cahot et de fulgurance, un de ces destins que l’on envierait presque s’il n’était pas marqué au fer du sceau de la tragédie. Ce fut une belle soirée de théâtre contemporain bien pensé à tous les niveaux. C’était un 18 mars, jour qui vit naître en 1930 la grande écrivaine allemande Christa Wolf ou encore en 1951 l’immense Bill Frisell. Et comme la programmation dans la région est véritablement (comme on dit chez les germanophones) ausserordentlich, ce samedi 26 mars, jour qui vit disparaître Walt Whitman en 1892, je suis allé faire un tour au « jardin secret », librairie clunisoise, à la rencontre d’Aliette De Laleu, autrice d’un Mozart au féminin dont on parle un peu beaucoup ces temps-ci. Et puisque je viens de le lire, je sais maintenant pourquoi. Sous-titré « Histoire de la musique classique au féminin », cet ouvrage accessible au commun des mortels a le grand mérite de faire découvrir tout un pan caché, celé, étouffé, de la musique classique : celle écrite et jouée par des femmes. C’est ainsi que, de l’antiquité à nos jours, j’ai pu découvrir nombre de figures dont j’ignorais jusqu’au nom bien que certaines me fussent tout de même connues ; on peut être relativement vieux et curieux, sans a priori aucun. Judicieuse idée de ce livre, le placement entre chaque chapitre d’une playlist permettant d’appréhender sans recherche tâtonnante telle ou telle compositrice, instrumentiste ou cheffe d’orchestre. J’ai de la sorte et entre autres découvert cette pièce de Barbara Strozzi (1619 – 1677) « Che si può fare » interprétée par Mariana Flores qui est un diamant brut, rien moins. C’est donc à une lecture didactique fort intéressante que nous convie Aliette De Laleu. Quant à la conclusion ouvertement féministe, il est probable qu’elle satisfasse les militant(e)s et qu’elle irrite les plus masculinistes des lecteurs. De mon point de vue, elle demeure nécessaire encore aujourd’hui bien qu’elle soit quelquefois dans la forme plus ou moins inefficace. Cela n’a toutefois pas nui à ma lecture car l’ouvrage mérite que l’on s’y attarde pour sa richesse intrinsèque. Et pour le jazz, je vous en reparle un de ces jours.


Sarrazine

Texte : Julie Rossello-Rochet
Mise en scène : Lucie Rébéré
Jeu : Nelly Pulicani

Compagnie La maison


Aliette De Laleu

Mozart était une femme
Histoire de la musique classique au féminin
Editions Stock