Un concert caritatif au profit de l’Ukraine a eu lieu au Crescent, à Mâcon. J’y étais.
Jeudi 14 avril 2022
La guerre est triste et douloureuse, injuste à l’humain en toute circonstance et provoquée par sa bêtise depuis la nuit des temps. Vue d’ici, l’Ukraine est aussi lointaine que proche et nous sommes démunis. Aider pour adoucir passagèrement le désespoir, aider pour soulager le calvaire autant que faire se peut, aider pour donner un instant de consolation, c’est ce qu’ont réalisé des associations mâconnaises dont la Cave à musique et le Crescent qui accueillait les festivités, en partenariat avec la Croix-Rouge. Au programme ? Un concert déjanté et festif : on a toujours le droit (voir l’obligation) d’user du rire et de la dérision à tout moment. En ce 13 avril, qui vit en 1975 débuter la guerre du Liban, entre autre réjouissance, la liste des horreurs ce jour-là est longue, le Crescent de la place Saint-Pierre, plein comme un œuf, avait organisé une rencontre entre le rock et le jazz. Mais où donc était la rigolade ? Je vous le demande !
Juste là, sur scène, devant des spectateurs hilares où un arbitre juventusien officiait, tel un monsieur déloyal, afin de départager le deux groupes s’affrontant pacifiquement. Les jazzmen jouèrent du rock et les rockers, emmené par Claude Bloch, jouèrent du jazz. Exercice improbable qui vit par exemple Eric Prost, figure emblématique du Crescent, délaisser son saxophone ténor pour le chant (on sait maintenant pourquoi il joue du saxophone) et jouer (presque) avec ses potes du Nirvana, du Hendrix, ou encore du Rage against the machine. Après quoi les rockers envahirent la scène pour interpréter en ouverture un « Fly me to the moon », comment dire, intéressant, et quelques autres titres jazzy d’une facture, comment dire, approximative. Chaque musicien donna ce qu’il avait en stock pour que les choses se passent au mieux, supporté sans faiblir par un public acquis à toutes les causes de la soirée et sévèrement accroché au bar. Faut pas déconner, n’est-ce pas ?
Nous nous aperçûmes à cette occasion que le challenge n’était pas simple, malgré le travail en amont, quel que soit l’univers habituel des musiciens présents. Ce fut donc un exploit rondement mené par des humains sympathiques réunis pour une juste cause. Mais tous n’en avaient cure car le but fut atteint. Et ce but était simple : remplir les caisses au profit de la Croix-Rouge afin qu’elle puisse soutenir les réfugiés ukrainiens. Je ne peux donc, en toute honnêteté, vanter la musicalité ultime que j’aime à côtoyer. Cependant, j’affirme que la soirée fut aussi bon enfant que festive et qu’elle est déjà un bon souvenir. Un souvenir utile. Certes, cela ne permet pas aux yéménites de mieux vivre sous les bombes (certaines sont françaises), ni aux syriens d’être heureux dans les ruines de leur pays, ni aux ouïghours de n’être plus écrasés et, putain la liste est trop longue ! C’est trois fois rien et c’est pourtant beaucoup mieux que rien ; mais la nécessité d’agir demeure car les nécessiteux sont nombreux. On fait ce qu’on peut.