Charles-André Wentzo livre sous forme d’abécédaire une somme passionnante sur l’un des maîtres incontestés du jazz.
DUKE ELLINGTON, le plus grand compositeur et chef d’orchestre de jazz
Charles-André Wentzo
Editions Morel, 408 pages
Dans son enfance, au sein d’une classe moyenne le préservant de la pauvreté, le petit Edward Kennedy préférait nettement le baseball aux leçons de piano que lui imposait sa mère, c’est un fait avéré. A la fin de son existence, on pense qu’il avait composé environ mille pièces. Quelqu’un a-t-il le nombre exact ? D’autres assertions sont plus aisément validées, notamment celle qui fait de lui l’un des compositeurs les plus ouverts dans le monde de la musique ; du jazz oui, mais aussi de la musique sacrée ou également de la musique dite classique. Une autre vérité : il instaura une dynamique entre composition et improvisation qui n’appartenait qu’à lui (normal, il n’y a qu’un Duke Ellington) mais qui a fait florès. Pour un peu, vous pourriez croire en me lisant que je suis un spécialiste du Duke. Et vous auriez tort. Tout mon savoir vient du livre de Charles-André Wentzo que je viens de lire de A à Z. Et c’est bien ainsi car il est construit comme un abécédaire. Dans ses pages, vous trouverez tout ce dont vous avez besoin. Qu’ils s’agissent de détails biographiques, des enregistrements réalisés, de concerts mémorables, des musiciens qui sont passés dans son orchestre, d’anecdotes dont fourmille le jazz et qui, pour une part, tissent quelques fils de la légende, tout y est ou presque (personne ne peut se targuer d’être exhaustif à l’égard d’une telle figure). Il est évident que l’auteur (et contrebassiste) est un passionné et que la somme représentée par cet ouvrage lui a demandé un travail de longue haleine que l’on salue. Rendre ainsi hommage à celui qui osa des alliages sonores et des chromatismes novateurs, particulièrement dans ses suites, et qui sut utiliser à merveille et en premier lieu la personnalité de ses musiciens plutôt que leur seule technique, c’est à l’évidence une très bonne idée. Il fallait un peu d’audace pour affronter ce géant qui fut musicalement avant-gardiste, donc pionner, et qui nous a légué l’héritage que l’on sait (si vous rencontrez un jazzman qui crache sur Ellington, ou même qui émet des réserves, faites-le moi savoir…). En vous plongeant dans ces pages, vous serez assurés de prendre le bon train, le A.