Louise, le projet d’Émile Parisien, a été offert au public du Respire Jazz Festival. Très bonne idée.
Samedi 02 juilllet
Un Parisien aux champs, c’est mieux qu’un préfet, n’en déplaise à Daudet. Et comme en sus on sait depuis Rousseau que l’Émile est bien éduqué, qu’il vint donc avec sa Louise enchanter ma soirée me donna l’œil frais et les oreilles disposes avant même qu’ils débaroulent, ses musiciens et lui, sur la scène du Respire Jazz. Le séant toujours posé sur le foin (de la première coupe assurément), je constatai d’emblée que parmi les musiciens accompagnant le saxophoniste et leader sur le disque, Manu Codjia était le seul rescapé du line up initial. Cela ne gâcha pas l’affaire car tous formèrent une bande amicale, heureuse d’être réunie pour l’occasion et prête à en découdre avec le répertoire du projet. Après une entrée en matière paisible, prendre ses marques c’est essentiel, le sextet décolla et Émile Parisien sut embarquer avec lui ses condisciples. La rythmique ignescente bouscula allègrement les tempos et les solistes surent faire parler la poudre, chacun à leur façon, en organisant un maelstrom pointu dans ses moindres détails. D’un thème à l’autre, le saxophone fluide et percutant du chef de bande prit sa part de gâteau sans jamais picorer dans l’assiette des autres, faisant de ce sextet un groupe homogène, et rigolard aussi, qui sut narrer les histoires, avec une verve et une sensibilité affirmées, et ramener à la surface des mélodies avec un naturel stupéfiant l’émotion humaine dans sa vérité première. Dans cet ordre d’idée, la re-création du « Madagascar » de Joe Zawinul démontra (s’il le fallait encore) la capacité de ce sextet à transcender la musique, à faire naître d’un morceau connu des figures de style originales propices à la transfiguration. Le public ne s’y trompa pas puisqu’il applaudit debout cette bande de joyeux drilles aux regards mutins, heureux d’avoir éclaté les cadres sans renier les ancêtres dont je pus entendre l’écho ici et là dans leur musique. Si bémol il y eut lors de ce 2 juillet qui vit en 1961 Hemingway rendre définitivement son stylo, ce fut comme le jour précédent dû au fait que la seconde partie ne fut pas à la hauteur de la première et qu’elle parvint sans forcer à éteindre mon enthousiasme. Ce dernier devrait toutefois s’en remettre contrairement à l’Ernest précité.
Émile Parisien : saxophone
Yoann Loustalot : trompette
Manu Codjia : guitare
Julien Touéry : piano
Simon Tailleu : contrebasse
Gautier Garrigue : batterie