01- Hélène Duret Synestet . Rôles - OUI ! -
02- Pigments & The Clarinet Choir. Léon-Gontran Damas’s Jazz Poetry


  Hélène Duret Synestet . Rôles

Igloo records - Socadisc

Hélène Duret  : clarinette, clarinette basse
Sylvain Debaisieux : saxophone ténor
Benjamin Sauzereau : guitare
Fil Caporali  : contrebasse
Maxime Rouayroux : batterie

Hélène Duret Synestet . Rôles
Hélène Duret Synestet . Rôles
Igloo Records 2022

Il y a des disques qui s’imposent à votre écoute dès les premières secondes. C’est le cas de celui-ci qui est paru au mois de juin 2022. Je l’ai aussitôt fait figurer parmi mes "coups de chapeau" sur Zarbalib.fr (ici) mais il fallait bien que je lui trouve une place sur CultureJazz. "Rôles" permet d’imaginer Hélène Duret en femme de caractère (Je ne l’ai jamais entendue en vrai, même pas dans le trio Suzanne -à écouter ici-). Elle aurait pu être cantatrice (elle fréquenta jeune les Chorégies de sa ville natale, Orange), elle aurait pu être actrice (le théâtre l’intéresse aussi) mais elle est devenue clarinettiste classique et improvisatrice. Pas étonnant alors qu’elle imagine une scénographie fictive pour une musique qui devient un jeu collaboratif et se déplie en plusieurs tableaux. Des petites valses "à la Sclavis" (influence indéniable, une qualité !), des collages rockisants, des errances libertaires mais disciplinées, c’est tout un paysage sonore changeant et bien vivant qui se dessine au fil des plages. Cette mise en scène et en sons suppose une complicité sans faille entre les acteurs de ce Synestet, un véritable groupe d’une cohésion esthétique assez impressionnante. Le tricotage des voix du saxophone (Sylvain Debaisieux) et de la(des) clarinette(s) se déploie en mailles larges pour laisser s’exprimer l’inventivité de Benjamin Sauzereau, guitariste à large spectre qui allie maîtrise instrumentale et intelligence des effets utilisés avec subtilité et à-propos. La cohésion de l’ensemble repose aussi sur les interactions d’une paire-rythmique occitano-brésilienne (Rouayroux-Caporali) qui allie souplesse et sens des couleurs tout en assurant l’équilibre de l’ensemble. Soulignons une fois encore l’excellent travail effectué par le célèbre label belge Igloo dirigé par Pierre Villeret qui administra l’AJMI d’Avignon pendant plusieurs années... Sans doute avait-il repéré alors le talent de cette musicienne provençale ? On se réjouit en tout cas de pouvoir disposer de ce très beau disque en attendant des concerts en France !


  Pigments & The Clarinet Choir. Léon-Gontran Damas’s Jazz Poetry

Yolk Records – J2083 - L’Autre Distribution & Bandcamp

Nicolas Audouin, Olivier Themines : clarinettes
Julien Stella : clarinettes, beatbox
Olivier Carole : basse, voix
Guillaume Hazebrouck : piano
Nina Kibuanda : slam

Pigments & The Clarinet Choir. Léon-Gontran Damas's Jazz Poetry
Pigments & The Clarinet Choir. Léon-Gontran Damas’s Jazz Poetry
Yolk Records 2022

À travers ce nouvel album sur le label nantais Yolk, le pianiste Guillaume Hazebrouck témoigne une fois de plus de la singularité de ses choix artistiques. On connaissait son sextet, Frasques, avec deux contrebasses (dont Sébastien Boisseau) et la voix et les percussions de Kristof Hiriart, le basque (cf. "Jazz sur Lie" en 2004, dans nos archives !). Avec Pigments, la formule instrumentale est toujours originale mais la musique se tourne vers les racines africaines des peuples victimes de la colonisation. Ce projet est né de la découverte des textes du poète guyanais Léon-Gontran Damas (1912-1978). Avec la complicité du slameur Nina Kibuanda, il a imaginé une formule sans batterie ni percussions où un chœur de trois clarinettes ferait écho à la voix. Ces anges des anches ne sont autre que Olivier Thémines, un vétéran du label Yolk, Julien Stella qui doit son excellent réputation au duo No Sax No Clar (autre formation hébergée par le label Yolk) et Nicolas Audouin, nouveau venu chez Yolk mais déjà réputé ! Sans percussions disais-je ? Ce serait omettre la double fonction de Julien Stella, un virtuose du beatboxing qui assure la base rythmique en parfaite entente avec le bassiste Olivier Carole. Voilà donc un album atypique, entre musiques mêlées d’Europe et des aires de la négritude. Une belle occasion de découvrir la poésie de Léon-Gontran Damas si, comme moi, vous ne la connaissiez pas.