Le guitariste américain est presque un habitué du lieu et il remplit le club à tous les coups.
Samedi 25 mars 2023
De retour au Crescent, prêt à en découdre avec un club faisant régulièrement le plein, ce qui est compréhensible puisque la programmation est un poil plus accessible que celle du Périscope à Lyon, ce qui ne justifie pas tout. Un club, c’est une ambiance et les personnes qui l’animent sont seuls responsables du plaisir qu’ont les spectateurs à fréquenter le lieu. Si, en sus, on construit une base se renouvelant tout au long des années avec la régularité à laquelle on vide un fût de bière ou une bouteille d’un vignoble du coin et que le sourire est de la partie, cela fonctionne. La preuve par le Crescent qui était ras la gueule en cette soirée du 25 mars, jour de naissance d’une chanteuse nommée Franklin que seule la mort Aretha. Ajoutez un quartet new-yorkais emmené par la guitare de Jonathan Kreisberg et vous avez le secret d’une soirée impossible à foirer. Accompagné par le pianiste Marko Churnchetz, le contrebassiste Phil Donkin et Colin Stranahan à la batterie, il sut faire le nécessaire pour séduire la salle. Dans le désordre, un morceau de Wayne Shorter pour débuter le premier set, un Moonlight in Vermont savamment détourné en pièce survitaminée, un Autumn in New York de belle facture, un morceau furieux de Lonnie Smith (avec lequel Jonathan Kreisberg a longtemps tourné), du Ravel réharmonisé par Richie Beirach et que j’t’emballe tout ça avec force virtuosité sur le manche, voire une once de trop. Le batteur fut, comment dire, très présent et je regardai d’ailleurs le second set (ou presque) depuis le bar. Le pianiste pianota et le contrebassiste contrebassista. Tous remarquables de précision, technique irréprochable, si tu n’as pas ça dans la grande pomme tu ne joues pas, tous à l’écoute du leader (pas de partoches, ils étaient en fin de tournée) et public conquis par l’ensemble. Durant le second set, le guitariste methanysa son instrument avec des effets qui ne m’en firent aucun. Une intro guitare batterie, longue comme un jour sans pain, qui précéda un morceau renouant avec l’esthétique du premier set me convainquit de jeter mon joker. Exit le pérégrin. Sur la route de retour, à la radio, deux vieilles dames en Ephad expliquaient comment, après quarante années de secret, elles s’étaient enfin mariées. Elles étaient heureuses, c’est bien, non ? Pas comme moi après une soirée mi-figue mi-raisin.
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