RUSS LOSSING . Alternate side parking music

Aqua Piazza Records

Russ Lossing : piano, Fender Rhodes, Wurlitzer
Adam Kolker : saxophones ténor & soprano
Matt Pavolka : contrebasse
Dayeon Seok : batterie

A New-York, vous stationnez votre automobile d’un côté de la rue ou de l’autre en fonction du jour. Cela implique de la changer de place et cela crée des perturbations qui obligent le conducteur à attendre qu’une place se libère. Russ Lossing (très estimé outre Atlantique et méconnu chez nous) à mis à profit ce temps perdu pour composer ce disque. Cela donne un disque très anguleux qui par moment irrite comme on peut l’être pris dans un bouchon. Heureusement, les musiciens de ce quartet sont des furieux qui prennent à bras le corps ce jazz contemporain de très haut vol. C’est une musique traduisant parfaitement le ressenti du compositeur et elle suscite chez l’auditeur les images adéquates. Russ Lossing varie les claviers, ce qui influe sur les ambiances de la plus juste des manières qui soit. La rythmique omniprésente ajoute une touche obsessive qui sied remarquablement à l’univers décrit. De son côté, le saxophoniste entretien un dialogue fructueux avec le leader et l’ensemble est un régal pour nos ouïes car les quatre membres du quartet savent s’écouter. C’est original et c’est donc une raison suffisante pour les écouter.


www.russlossing.com


  GABRIELA MARTINA . Homage to Grämlis

GM Music

Gabriela Martina : chant
Kyle miles : basse
Maxim Lubarsky : piano
Jussi Reijonen : guitare
Ben Rosenblum : accordéon
Gus Sebring : cor des alpes (11)

Gabriela Martina a été élevée dans une ferme au cœur des montagnes suisses et, dans ce disque, c’est à cet héritage qu’elle rend hommage. Formée de manière précoce au Yodel et dotée d’une voix exceptionnelle, cette chanteuse installée au États-Unis ne se réfère à aucun genre pour créer sa musique. Hybrides par nature, entre ruralité traditionnelle, jazz urbain et influences mêlées, les compositions de la vocaliste sont habitées par une belle âme. Les musiciens qui l’accompagnent sont à la hauteur de l’enjeu et cela donne un disque plutôt inclassable, mais tout de même plus proche d’une pop folk raffinée, façon Joni Mitchell, que jazz à proprement parler. Ce n’est pas grave en soi car l’ensemble est interprété avec une précision horlogère très inspirée. Et nous le répétons, Gabriela Martina possède une voix originale, dont elle fait ce qu’elle veut, et une technique parfaitement assimilée lui permettant de se focaliser sur sa sensibilité artistique. Cela donne un surprenant album qui mérite plus qu’un détour.


www.gabrielamartina.com


  BEN MILLER TRIO . Feathers of Ma’Ath

Truth Revolution Records

Ben Miller : piano, Fender Rhodes
Taru Alexander : contrebasse
Joseph Lepore : batterie

Encore un trio d’inconnus de nos oreilles made in USA. On se demande quelquefois combien de millions de jazzmen il y a sur terre ! Si on leur faisait la place qu’ils méritent, la face du monde n’en serait pas changée pour autant, mais celle de nos radio à coup sûr ! Et cela nous ferait le plus grand bien. Il faut donc écouter ce trio vitaminé, plein d’un entrain quasi juvénile qui déroule un jazz d’aujourd’hui bien ancré dans les racines du genre. La musique jouée dans cet enregistrement, des compositions originales qui pourraient passer pour des standards du hard bop, est riche de détails qui participent grandement à sa musicalité. Nous ne savons pas qui était Maât, déesse égyptienne aux ailes d’aigle, et quelques autres figures mythologiques auxquelles se réfèrent la musique du trio mais une chose est certaine : si elles étaient à l’image de ces mélodies menées tambour battant avec une belle subtilité, elles ne devaient pas être ennuyeuses. Une belle découverte à faire pour celles et ceux qui se donneront la peine d’écouter ce trio.


www.benjaminmillermusic.com


  KEITH JARRETT . Carl Philip Emmanuel Bach

Ecm

Keith Jarrett : piano

En publiant cet enregistrement datant de 1994, nous pourrions penser que le label Ecm fait les fonds de tiroirs et capitalise sur le nom de Keith Jarrett puisqu’il ne peut plus jouer (ou presque). A moins que le dit label veuille mettre en avant l’interprète de musique classique que le pianiste à souhaiter être de temps à autre. Avec ces Wurttemberg Sonatas (1744) initialement écrites pour le clavecin, le pianiste livre donc sa vision des compositions de Carl Philip Emmanuel Bach, le plus connu des rejetons de Jean Sébastien. La prise de son est un peu trop ronde à notre goût et nous préférons écouter la version qu’en donne Ana-Marija Markinova (Genuin, 2005), version un peu plus alerte et correspondant plus à l’esprit de fantaisie rayonnante voulu par le compositeur, façon Sturm und drang. Nous avons aussi observé que Keith Jarrett prend quelques libertés dans l’interprétation de ces sonates en allongeant certains mouvements. Ce doit être le privilège du jazzman et le disque n’en est pas moins agréable à l’oreille. Pour les aficionados ultimes.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Keith_Jarrett