Mercredi 23 août 2023

Aujourd’hui, 23 août 2023, Martial Solal à 96 ans. Iconique et tutélaire, il m’est plaisant de le saluer en ce jour anniversaire. Paul Lay, lui, a quelques décennies de moins mais est déjà un pianiste qui compte dans le paysage du jazz. Il fut aussi un finaliste du prix Martial Solal. Mais qu’est-ce que le hasard, n’est-ce pas ? En compagnie d’Isabel Sörling et de Simon Tailleu, il explora les musiques populaires américaines de la fin du dix-neuvième et du début du tième siècle qui accouchèrent du jazz, une sorte de pendant musical (partiel) au livre de LeRoi Jones (1934-2014), « Blues people ». Une chose fut évidente, ce trio enivra le public avec une réelle générosité et un savoir faire émérite. Immergés dans leur musique comme dans l’étouffante chaleur de la salle, ils livrèrent sans faiblir leurs versions de thèmes plus ou moins passés à la postérité. Je notai au passage une mise en musique réussie du poème « To Germany », de l’écossais Charles Hamilton Sorley, mort au combat à vingt ans durant la première guerre mondiale. Son poème le plus connu outre-manche demeure aujourd’hui « When you see millions of the mouthless dead » et il est d’une telle sombreur que sa lecture nous fait souvenir de notre chance. Le pianiste et le contrebassiste furent impériaux et la chanteuse sut habiter les mots. Leur musicalité sensible fit des merveilles, leur virtuosité ouverte et jamais gratuite permit à chacun d’appréhender auditivement le meilleur de leur art et l’émotion qui l’accompagna. Le pont entre la scène et l’auditoire, ce lien lumineux qui réunit pour un temps les amateurs de bonheur otique, se créa sans effort, ce qui n’est pas toujours le cas, loin s’en faut. En fin de concert leur interprétation de « Battle of the republic » me rappela que Monty Alexander en fit par le passé à Montreux une version survitaminée joyeusement convaincante. Bien évidemment, deux rappels furent nécessaires à l’assouvissement des spectateurs comme des artistes d’ailleurs que rien ne semblait pousser vers la sortie, si ce n’est la fin de toute chose. Et à toute chose bonheur est bon ; restons positifs…


Isabel Sörling : voix
Paul Lay : piano
Simon Tailleu : contrebasse


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