samedi 30 septembre 2023

À force de jazz en circuit court, je vais finir intégralement bio moi ! Mais bon, c’est pour la bonne cause et le Chien à 3 pattes ayant survécu malgré la perte d’une subvention conséquente, il faut bien saluer sa pugnacité, sa résistance et son désir de proposer encore et toujours du jazz, tous les jazz, à celles et ceux qui en demandent entre Saône et vignes. Hier, ce fut donc le guitariste Nicolas Parent et le contrebassiste japonais Kentaro Suzuki qui inaugurèrent la seizième saison du clébard beaujolais au cuvage de Jasseron. Ils le firent tout en douceur, avec délicatesse même. Guitare acoustique ou guitare électrique pour l’un, contrebasse démontable faite maison pour l’autre. Le temps venu de jouer, une suite de titres minimalistes fut donnée, tous lorgnant du côté de l’épure. Je notai une tendance marquée à la répétitivité chez le guitariste et une forme paisible de lyrisme chez le contrebassiste, les deux ayant à cœur de s’écouter pour mieux se rejoindre ou s’éloigner, selon les moments et l’idée en cours. Certains morceaux appartenaient de mon point de vue au genre Americana et l’ombre de Bill Frisell plana alors, tutélaire. D’autres, plus ancrés dans un doux entredeux aux effluves jazzy, firent miroiter des scènes musicales alanguies, de celles que l’on croise en chemin, le nez au vent, quand la rêverie nous assaille (pour notre plus grand plaisir) et que l’on découvre les pouvoirs du silence. J’avoue toutefois que le fil de mon écoute se distendit quelque peu au gré des conjonctures musicales explorées. Quoi qu’il en fût, le temps fila, soumis à cet art de l’esquive qui n’appartient qu’à lui. D’ailleurs, il est préférable de ne pas le penser, ce temps, à moins d’accepter le gâchis temporel qui occupe une partie substantielle de nos vies ; mais, et c’est bienvenu, la musique possède cette vertu d’abolition de la temporalité qui repousse ce spectre chaotique dans la noirceur des confins. Nicolas Parent et Kentaro Suzuki furent donc les outils, par leur présence musicale, d’un bienfaiteur oubli de soi, tout passager qu’il fut. C’était un 30 septembre estival, jour qui vit disparaître Simone Signoret (1921-1985). Mais le sut-elle seulement puisqu’elle, Simone, s’... ?


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