jeudi 19 octobre 2023

Birds of unknown

Patricija Škof : chant
Tibor Pernarčič : saxophone ténor
Tilen Beigot : guitare

Grâce au projet Footprints qui permet, d’une part, d’exporter le jazz rhônalpin des jeunes pousses à l’étranger et, d’autre part, d’importer la jeunesse du jazz européen par chez nous (si j’ai tout compris), j’eus le plaisir, l’autre soir au Chien à 3 pattes, de découvrir un jeune trio slovène, trois ans d’âge pour être exact. J’avoue, le coup du jazz slovène, je ne l’avais pas vu venir… Ce fut conséquemment rafraîchissant ; cela nous changea du tout venant (vu qu’en France les programmateurs manquent souvent de curiosité). Naturellement, la chanteuse et ses deux acolytes étaient de première jeunesse, ce qui ne les empêcha pas d’être d’excellents musiciens en voie d’accomplissement. Leur musique, aux frontières des jazz(s), fut agréable à l’oreille. Atmosphérique par nature, elle se développa autant par les mélodies que par l’approche raffinée qu’ils lui insufflèrent. En termes d’influence, il me sembla qu’un vent septentrional s’était glissé entre les montagnes slovènes (ils viennent de Maribor), la faute à ce sentiment de paisible songerie entretenu par le chant et ses chuchotements, par la rondeur du saxophone ténor comme par la clarté sonore du guitariste. En fins techniciens, ils se permirent des passages à l’unisson assez osés, de quoi surprendre et ravir le public, mais ne firent cependant pas étalage de leur savoir plus que nécessaire. Plus concentrés sur la musique et sa transmission au public, bien ancrés dans un interplay maîtrisé, ils surent, avec l’aide de quelques pédales et autre loop savamment utilisés (c’est-à-dire sans excès), générer des ambiances intimes, impressionnistes, rehaussées de brisures rythmiques propices et bienvenues. Le saxophoniste et le guitariste eurent l’espace requis pour s’exprimer et ils le firent avec justesse. De toute évidence ce trio aime l’équilibre et il le démontra en narrant des histoires créatives construites sur la nuance, l’inventivité, et déjà empreinte d’une réelle maturité musicale. C’était leur premier concert en France et chacun put constater leur joie à partager leur musique avec un nouveau public. Et comme dans la niche du chien à 3 pattes le public est toujours complice, la soirée ne fut que satisfaction. Et oui, we can get satisfaction ! Quant à moi, j’ai choisi mon camp depuis longtemps, je ne serai jamais une pierre qui roule. In jazzo veritas et comme le disait mère-grand : À la saint-René, couvre ton nez !

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http://www.chien3pattes.com/index.php