Écho de deux soirées haut de gamme en compagnie de Théo Ceccaldi transfrontalier, Oumou Sangaré, Pierrick Pédron-Gonzalo Rubalcaba duo, Harold Lopez-Nussa, Lee Fields.
Nombre de festivals pourraient regarder avec envie la grosse machine de Jazz à la Villette, sa programmation luxuriante, ses salles uniques, son public aussi nombreux que relax. Cette édition sera la dernière pour un tandem qui laissera une trace indélébile : Vincent Anglade et Frank Piquard (parti vers d’autres aventures), deux architectes d’une production avisée.
Tout débute pour votre serviteur dans l’immense Grande Halle où exceptionnellement la totalité du public est assis convié à un double plateau enchanté.
Théo Ceccaldi, diablement inventif convoque quatre voix de sa génération, indicateurs de l’actualité des possibles. Ce projet a vu le jour à jazz sous les pommiers où Théo est en résidence. En coulisse l’égérie de la fête Normande, Didi fait lien, présente à ses amis les parents des frères Ceccaldi confortablement installés dans les premiers rangs.
On s’interroge sur la capacité de Théo Ceccaldi à ensorceler, débaucher quatre solistes au standing certifié. La réponse : son goût du grand mix réunissant l’extravagante La Chica, le chanteur Algérien Sofiane Saidi, la fort suave Anna Majidson. Une passion africaine a conduit le violoniste à parfaire cet assemblage vocal avec Emma Lamadji qui brillera aussi en seconde partie aux côtés de la diva Oumou Sangaré.
L’ensemble passionne, tout de mouvements, soutenu musicalement par les seules 8 cordes enfiévrées des frères Ceccaldi.
Les cameras de Oleo Film traduiront pour le plus grand nombre cette création.
À la tête d’un band pop-rock, la grande Oumou Sangaré haute en couleurs déploiera son univers dans la profondeur d’un chant unique soutenu de voix féminines qui expriment la grande singularité de l’art malien au diapason des convictions affirmées de la native de Bamako.
Le real book sensible du saxophoniste Pierrick Pédron. Ici de même on s’interroge sur les secrets de fabrication de ce duo avec l’immense pianiste Gonzalo Rubalcaba. Pierrick s’en explique longuement en scène, met dans la confidence le plus grand nombre, détaille les secrets de fabrication d’une histoire rêvée.
Dans l’auditorium, la totalité des protagonistes sont réunis pour la célébration : financiers, producteurs ou agents de promotion. Mais sans la présence de deux musiciens aux connaissances encyclopédiques on doute que le défi de cette rencontre ai pu briller de la sorte. Daniel Yvinec et Laurent Courthaliac sont ces hommes de l’ombre, savants alchimistes ayant fait éclore un des plus retentissent disque de l’année 2023 en 8 titres. La plupart sont interprétés ce soir et Pierrick Pédron décrit leur sens. Parmi ces pétites joués magistralement, Pierrick s’attarde longuement sur la place de la composition de Carla Bley « Lawns ». Luxe suprême, le set sera retransmis ( à volonté) dans le nouveau Jazz Club de France Musique animé par Nathalie Piolé. Dans la diffusion les mots et commentaires de Pierrick ne seront pas retenus au montage.
Gonzalo Rubalcaba semble aux anges , en voyage, quasiment dans le rôle d’un sideman, ayant accepté à la fois le répertoire, les arrangements et nombre de conditions fixées amicalement par le staff artistique du saxophoniste Breton. Un seigneur des 88 touches qui ne manquera pas de faire entendre son éloquence, notamment lors de l’interprétation du hit de George Russel « Ezz-Thetic ».
Tension autre en seconde partie dans un idiome vraiment Cubain le pianiste Harold Lopez-Nussa exprime son humeur du moment avec en invité le couteau suisse de l’harmonica Grégoire Maret.
Non loin, dans la Grande Halle, la charismatique figure inaltérable du chanteur Lee Fields prolonge la fête pour un public qui lui-même semble prolonger à la fois l’été et les vacances. Lee Fields, la voix soul incarnation d’ une forte tradition afro-américaine, soutenu par un band anglais des plus réjouissant. Ne manquez pas sa venue dans vos contrées, Lee Fields sillonne encore l’Europe à cette heure.
Théo Ceccaldi « No Borders #1 » La Chica chant et piano, Sofiane Saidi chant, Emma Lamadji chant,
Anna Majidson chant et mandoline,Théo Ceccaldi violon et Valentin Ceccaldi violoncelle
Oumou Sangaré chant Emma Lamadji chant, Kandy Guira chant, Woridio Tounkara chant,
Abou Diarra kamalen’goni ,Julien Pestre guitare, Alexandre Millet claviers, Elise Blanchard basse, Jonathan Grandcamp batterie
Pierrick Pedron saxophone alto et Gonzalo Rubalcaba piano
Harold Lopez-Nussa piano-claviers, Grégoire Maret harmonica, Luqes Curtis basse, Ruy Lopez-Nussa batterie
Lee Fields chant, Toby Pazner claviers, Joseph Crispiano guitare, Frederick Deboe saxophone, Jason Colby trompette, Jacob Silver basse, Evan Pazner batterie