Une soirée en demi-teinte au Périscope avec The Bridge, partenariat musical transatlantique
Mardi 16 janvier 2024
The Bridge, ce partenariat musical transatlantique entre Chicago et la France, c’est bien souvent une aventure. Hier soir au Périscope, cela ne manqua pas d’en être une, pour le public (assez nombreux pour un mardi) et pour les musiciens qui s’étaient rencontrés pour la première fois dans l’après-midi, genre Hello, bonjour, on improvise quoi ?? Euh… on improvise. Ah cool ! Let’s go. Et allons-y gaiement. Un set, trois morceaux et pas de rappel. Je fus chez moi juste après minuit. La première pièce ? Le saxophoniste posa le décor avec un truc à bidouiller les sons et le contrebassiste fit dans le bruitisme caverneux d’outre tombe tandis que le saxophoniste baryton travailla la répétitivité. Le batteur quant à lui fut, à l’instar du contrebassiste, dans une veine relevant, me sembla-t-il, de l’assemblage de sons flirtant avec l’ésotérisme abscons plus que de rythme à proprement parler. L’ensemble décolla lentement et je fus surpris par le décalage des phrases plutôt mélodiques du leader au saxophone ténor avec le reste de l’amalgame sonore. Chacun de fait tint son absence de partition avec sérieux et le liant entre les protagonistes fut ténu. La deuxième pièce repris les codes de la première avec un léger supplément de puissance, qui demeura très raisonnable, et un détour appuyé par de petites flûtes que se partagèrent le contrebassiste (une) et le batteur (trois). Incertain quand à ma capacité de compréhension, je sentis toutefois que la soudure prenait entre les quatre comparses, mais pas de quoi faire hurler un fan ultime (on se calme). Au dernier morceau, l’option free « on va te péter les tympans » fut promue et le quartet s’engagea dans une cavalcade effrénée qui réveilla un tant soi peu les pavillons des spectateurs, que dis-je, une chevauchée endiablée (où le saxophoniste ténor tutoya des aigus forts inhabituels) dont l’élan fut coupée assez vite par un decrescendo qui acheva ce premier concert de la tournée comme il avait commencé, dans un bruitisme étouffé, propice à l’oubli. J’imaginai in fine qu’avec un peu de chance la prochaine formation de The Bridge pourrait passer au Périscope en fin de parcours car un peu de préparation en amont n’aurait pas nui (du temps, quoi). Les musiciens n’y furent pour rien, les organisateurs de la tournée peut-être un peu. Cela me laissa un arrière-goût d’inachèvement, de celui que je constate, fort marri, quand le lien entre la scène et moi ne se tisse pas, mais rien d’alarmant, soyez rassurés. C’était un 16 janvier hivernal, jour qui vit mourir un paquet d’inconnus célèbres parmi lesquels Romain Bigot (1835-1903), inventeur du bigophone, instrument qui n’est pas celui que vous croyez. Je vous laisse vous ruer sur vos dictionnaires, en papier ou en ligne. Vous connaissez déjà ma préférence.
Hunter Diamond : saxophone ténor et autres
Florian Nastorg : saxophone baryton et autres
Yoram Rosilio : contrebasse
Mikel Patrick Avery : batterie