Vendredi 02 février 2024

Ce vendredi 02 février au matin, dès le lever, je savais que la journée serait belle. Le soir, Marc Copland serait au Périscope, en duo avec le contrebassiste bernois Daniel Schläppi, et moi aussi. Les deux musiciens ayant déjà à leur actif trois disques, nul doute que la satisfaction serait mon lot du jour. Une salle pleine et deux artistes généreux, que demandez de plus ? Une heure quinze, rappel compris, la formule économique à la mode, ce ne fut pas leur truc. J’eus droit à deux sets et deux rappels, à l’ancienne, de quoi satisfaire un public de connaisseurs majoritairement convaincu d’avance, et moi avec. Je découvris d’abord en live le jeu du contrebassiste et un son très particulier dû à l’utilisation de quatre cordes en boyau, un son chaud avec une raideur élastique étonnante qui lui permit d’avoir une dynamique intéressante en contrepoint du toucher très personnel, à la légèreté arachnéenne, de Marc Copland. Ce dernier, à son habitude, fit preuve d’audace harmonique, avec en sus ce jeu de pédales atypique et sophistiqué qui le caractérise, et il installa des variations de coloristes impressionnistes qui établirent un onirisme subtil propice à l’élaboration d’une poétique musicale qui n’appartient qu’à lui. Le duo développa sur la durée un art de la ballade que le pianiste définit ainsi : « la sensibilité, la couleur, les dynamiques, l’économie et la clarté ». Au gré du concert, hormis quelques compositions originales des deux compères, l’auditoire put côtoyer Scott La Faro, Ron Carter, John Abercrombie, le traditionnel anglais Greensleeves, entre autres. Histoire de clôturer sur une mélodie entêtante, ils ajoutèrent pour la fine bouche en rappel final le « And I love her » des Beatles, revu et corrigé à l’aune de l’art de passementier des gammes du pianiste. Cela fut amplement suffisant pour les visages s’éclairassent d’un sourire béat. En ce 02 février, jour de naissance de Stan Getz (1927-1991) et de Graham Nash (1942-), je fêtai en musique ma bonne fortune, à savoir l’élégance modeste, les subtilités d’une grâce discrète, l’art pondéré d’un duo confidentiel, sa gaieté lyrique, qui mériterait une audience beaucoup plus large ; il semblerait cependant que l’époque ne se soucie guère de ces qualités fondamentales, ce qui nous retombera sur la tronche tôt au tard. Et merde, avec tout ça j’ai oublié de manger des crêpes ! Et je vous rappelle à toute fin utile que la Chandeleur est historiquement une fête païenne, latine, que les curetons ont récupérée sans vergogne. Un satané rétro dans la face, voilà tout ce qu’ils méritent…


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