Samedi 09 mars 2024

Un Crescent blindé, aussi bien dans la salle que sur la scène, voilà ce à quoi j’eus droit hier soir pour mon plus grand plaisir car The Very Big Experimental Toubifri Orchestra est une entité musicale à part (et à part entière). Dix-huit allumés de l’outre jazz qui foutent un joyeux bordel sans oublier de faire des musiques sur lesquelles ils collent des paroles gentiment foutraques (donc pleines de sens), c’est en soi si rare qu’il est bon de le signaler (aux autorités ?). Ils emplissent physiquement la salle, joue avec l’auditoire, affichent des codes vestimentaires à faire pâlir une fashion week, tendance déconstruction post patriarcat chauffée à la sauce flower power. Aux temps anciens de mes jeunes années zappatesques, rock-progressives à souhait, mâtinées de bizarreries davisiennes on-the-corner ou encore aghartiennes, de langueurs à la Klaus Schulze (1947-2022) et de rêves de mandarine, il y aurait eu dans le club une ambiance chichon-bière-buvard-patchouli et plus si affinités. Bon en 2024, il reste l’alcool (à consommer avec sidération) et pour moi le jus d’abricot. Cela n’empêcha pas l’orchestre de semer une zizanie hautement musicale et créative (il n’a que l’apparence du branquignol) et de satisfaire en deux sets gagnés d’avance un public particulièrement réceptif à leurs délires. Histoire de coller un bémol à l’affaire, je notai toutefois que la masse sonore développée sous la basse voûte du club fut à l’oreille un peu brouillonne et les paroles partiellement étouffées (est-ce ainsi que les polyphonies se corsent ?). Ce fut néanmoins (bouche en plus) un handicap insuffisant pour gêner la séance de gym tonic seventies imposée au public. Ajoutez à cette agitation corporelle transpirante un tube de l’été italo-parodique, si proche de la vérité top-cinquantesque que j’en eus des sueurs froides et la peur panique de rencontrer Guy Lux, un mélange global de conflagrations free et de rengaines fantasques travaillées en finesse aussi bien qu’à l’os, et vous obtenez une machine musicale de guerre à faire pâlir de honte une paire de Marvel et défaillir tous les musiciens si mortellement investis dans la profondeur de leur grand œuvre qu’ils en oublient de sourire, d’aimer la vie et d’enchanter le public, « parce que tu comprends l’incompréhension nous tue, surtout quand mon âme de septième diminuée est ignorée d’un peuple qu’elle pourrait sauver c’est sûr ». Ah ben merde alors ! Qu’ils conjuguent le verbe Toubifrier à tous les temps, à tout l’étang aussi où ils pourront noyer leur égotisme superbe dans un partage fraternel. Trêve de plaisanterie, la déconnade c’est plus sérieux qu’il n’y paraît et va quand même falloir ranger la chambre et vider les cendriers. La faute au TVBETO, cqfd. Et puis faut que ça brille ! Le 09 mars, c’est l’anniversaire d’Ornette.


Emmanuelle Legros : trompette, bugle
Félicien Bouchot : trompette, bugle
Yannick Pirri  : trompette, bugle
Mathilde Bouillot : flûtes
Laurent Vichard : clarinettes
Benjamin Nid : saxophone Alto
Damien Sabatier : saxophone alto
Thibaut Fontana aka Captaine Saxo : saxophone ténor
Yannick Narejos : saxophone ténor
Stéphanie Aurières : saxophone baryton
Aloïs Benoit : trombone, euphonium
Grégory Julliard : trombone, tuba
François Mignot : guitare électrique
Alice Perret : claviers
Lucas Hercberg : basse électrique
Mélissa Acchiardi  : vibraphone, percussions
Lionel Aubernon : batterie, percussions
Corentin Quemener : batterie, percussions

et tout le monde chante


Nouveau disque à sortir le 15 mars prochain : Outre


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