Jeudi 07 mars 2024

L’association Le Galpon existe depuis 2005 et c’est un lieu bouillonnant, sis dans la petite ville de Tournus (71700 pour les intimes). Elle est animée par une bande d’agités fort sympathiques qui concocte avec imagination et gourmandise une programmation embrassant toutes les formes d’art. Le lieu et l’accueil sont on ne peut plus chaleureux et une soixantaine de personnes peut allègrement s’entasser (façon sardine ou presque) dans la petite salle de spectacle bien équipée. Ce 07 mars 2024, il n’y fit pas froid et le Grio (GRand Impérial Orchestra) dut resserrer les rangs de l’octet pour ne pas déborder de l’espace scénique, ou presque. Extension de l’Impérial Quartet, ce big band de poche est marqué par de belles influences bien digérées qui définissent sa personnalité caractéristique, à savoir qu’il y a du sang dans les artères et que ce n’est pas demain la veille qu’elles se boucheront. Appuyés sur une rythmique et un clavier, cinq vents secouèrent donc nos tympans sans faire sem-blant (le photographe que je suis vous dirait qu’il y avait du grain). Cette rugosité nécessaire à l’esprit du groupe propulsa une musique trépidante, emplie d’humanité première, qui alpagua l’auditoire dès les premières notes. La balle étant toujours dans le camp du soliste, elle ne cessa de rebondir de l’un à l’autre ; mais de fait, il arriva qu’il y eût plusieurs balles et il fallut suivre, ce qui ne me dérangea pas. Dans le cas contraire, si j’avais voulu du simple et peu contraignant, j’aurais acheté l’intégrale de Sheila (Sheila la ouate que j’préfère… Aïe…). En lieu et place, j’eus des réminiscences ornettiennes, des échos carlableysiens (le tromboniste prit plaisir à marcher sur les plates-bandes de Gary Valente), la répétitivité de la brousse, des dérapages contrôlés et des orchestrations fouillées, j’en passe, dans la même veine, car au final le Grio n’est que le Grio et c’est déjà beaucoup : de cavalcades déjantées en envolées lyrico-extatiques, il laboura son champ d’action musicale avec une tonicité festive, un goût sûr pour l’inventivité et une générosité souriante et libertaire comme je les aime (option sales gosses impertinents), le tout dans un bocal reconverti en haut fourneau pour l’occasion par les larrons qui l’agitèrent. Je notai pour finir qu’en ce 07 mars qui vit naître Carolyn Carlson (1943) et André Du Bouchet (1924-2001), la petite scène du Galpon fut fort bien éclairée. L’appareil photo qui m’accompagne remercie sincèrement car c’est singulier de nos jours ; je songe même quelquefois, vu la tendance du moment consistant à confondre le show et le concert, qu’un bon technicien lumière devrait avoir les mains liées avant le début du concert...


Gérald Chevillon : Saxophones basse, ténor, sorpano
Damien Sabatier : Saxophones baryton, alto, sopranino
Aymeric Avice : trompette
Fred Roudet : Trompette
Simon Girard : Trombone
Aki Rissanen : Piano
Joachim Florent : Contrebasse
Antonin Leymarie : Batterie


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