Avec Dmitry Baevsky, Clovis Nicolas et Leon Parker, le Quartier Latin Jazz Club a proposé ce 24 mars, à l’heure de l’apéro, un trio alléchant pour ceux qui aiment le jazz mainstream d’aujourd’hui.
Dimanche 24 mars 2024
J’ai fait des fouilles sur le site historique de Saint Romain en Gal et j’ai trouvé un nouveau club de jazz sis dans l’enceinte du musée gallo-romain. Étonnant, non ? Le créateur de l’affaire s’appelle Jean-Paul Boutellier. C’est le gars qui créa en 1981 un festival juste en face, de l’autre côté du Rhône, à Vienne. Rapidement iconique, le dit festival a marqué son époque avant de rejoindre, après le départ de son fondateur, le clan des machines à fric sans âme. J’étais là pour écouter Dmitry Baevsky, accompagné par Clovis Nicolas et Leon Parker. Ils envoyèrent à l’auditoire du jazz avec un bon paquet de standards mais également une ou deux compositions de l’altiste. Pas de surprise, ce fut du jazz. Tout le monde connaît Leon Parker et chacun sait que depuis quelques années il aime se donner en spectacle en incorporant une once de beatbox durant le concert, ce qui me fatigua (je reste poli) mais ne doit pas faire oublier que c’est un sacré batteur, sa carrière en témoigne. Clovis Nicolas quant à lui, toujours impeccablement costumé cravaté, tint sa grand-mère d’une main ferme et imaginative, inspirée, avec un son net et précis. Ses soli furent des modèles qui évitèrent l’écueil de la flamboyance inutile. Vous me suivez ? Quant à Dmitry Baevsky, que je n’avais plus vu sur scène depuis 2010, je constatai avec bonheur que le temps avait bien fait son œuvre. Je me trouvai face à un musicien accompli, puissant, capable d’enchevêtrer les lignes sans jamais perdre de vue la boussole mélodique, redoutable de précision rythmique et toujours prêt à surprendre harmoniquement, mine de rien, les oreilles des plus attentifs, à la manière d’un Jacky McLean, dirais-je. Au cœur de la playlist surgit une pittoresque incongruité ; le trio interpréta The sun died, un morceau repris par Ray Charles, composé par Pierre Delanoë and Hubert Giraud pour Nicoletta. Vous avez bien lu. Il est mort le soleil, l’un des plus douloureux calvaires auditifs de ma préadolescence. À choisir, la version du natif de Saint Pétersbourg fut de loin la meilleure que j’entendisse jamais. Et oui un bon jazzman possède la capacité unique de transformer la merde en or en parlant avec sa science musicale et son bon goût aux neurones du public. C’est ainsi et l’ensemble des titres joués rappela cette évidence dans un lieu atypique à l’acoustique franchement agréable, avec vue sur le Rhône. Un nouveau club de jazz étant une très bonne nouvelle, mon avant-soir du 24 mars fut satisfaisant. Un dicton dit aussi que s’il gèle au vingt-quatre mars, les poiriers diminuent d’un quart. Encore une bonne nouvelle, il n’avait pas gelé en matinée. Une petite poire pour la route ?
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