Lundi 15 avril 2024

Je n’avais plus mis les pieds au Goethe Institut de Lyon depuis un petit bout de temps que je peine à mesurer. C’est ainsi, mais Daniel Erdmann me donna l’occasion d’y revenir afin d’écouter l’un de ses projets récents, à savoir With strings, Light Blue, une formation composée d’un quatuor à cordes et de lui-même au saxophone ténor. Au programme, des compositions du leader, issues de son répertoire où écrites pour cette formation, et deux œuvres de Philip Glass et Samuel Barber, réservées au quatuor, furent jouées. Devant une audience un peu trop confidentielle à mon goût, le quintet déroula un savoir-faire d’autant plus épatant que le quatuor était composé d’élèves des conservatoires de Lyon et Paris. D’une pièce l’autre, le chaleureux ténor enveloppa les cordes au service d’un lyrisme musical finement ouvragé ; sur le sujet, le travail d’arrangement laissa notamment de beaux moments d’exposition à l’alto et au violoncelle. Les mélodies surent emprunter quelques chemins de traverse, provoquant ici ou là quelques belles surprises. Quant aux deux pièces exécutées par le quatuor, n’étant pas un grand admirateur de Philip Glass, je préférai nettement le célébrissime « Adagio for Strings » (1936) qui valut à Samuel Barber sa renommée, au risque d’occulter les autres parties de son œuvre de compositeur. Il est à noter d’ailleurs qu’il fut de son vivant, dans la musique contemporaine, considéré par ses pairs comme un « has been », vu son goût pour des mélodies fricotant de trop près avec le romantisme. Je pense néanmoins que son existence fut nécessaire car tous les compositeurs contemporains ne pouvaient être abscons ou chiants à crever. Le quintet imaginé par Daniel Erdmann ne le fut pas, lui, et son concert fut un havre de paix musical, un objet sonore original qui sut étouffer passagèrement la temporalité, ce dont j’ai souvent besoin. Le concert s’acheva sur une reprise joyeusement cuisinée à la sauce Erdmann du tube d’Harold Arlen Over the Rainbow. C’était un 15 avril, jour qui vit naître l’impératrice du blues, Bessie Smith (1894-1937), un dimanche, ainsi que le génial et très mozartien Neville Marriner (1924-2016), un mardi, fondateur de la mythique Academy of Saint Martin In The Fields. Au fait, vous souvenez-vous du nom du premier violon qui le remplaçait quelquefois à la baguette dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix ? Les détenteurs de la bonne réponse auront droit toute ma considération. Ils pourront aussi, s’ils le souhaitent, s’acheter le Sir Neville Marriner Conducts Mozart paru chez Warner Classics fin mars.


Réponse à la question : ;-)


Daniel Erdmann : Saxophone ténor, composition
Natan Gorog : violon
Benjamin Loriot : violon
Paul Erdmann : alto
Lila Beauchard : violoncelle


http://www.daniel-erdmann.com/Home.html
https://www.goethe.de/ins/fr/fr/sta/lyo.html