La bourgade de l’ain possède un festival depuis une vingtaine d’années et cela ne lui suffit plus. Elle tente aujourd’hui d’imposer des rendez-vous jazz le dimanche à 18 heures. Une bien belle idée.
Dimanche 05 mai 2024
Connu pour son festival déjà âgé de vingt ans, le bourg de Fareins (01480) met à disposition de structures culturelles locales l’Espace Carjat afin que soit organisé des concerts le dimanche à 18 heures ; une excellente idée, propre à étouffer le blues du dimanche soir des actifs, et qui en sus offre une tranche de culture à toutes et à tous, ce qui de nos jours est plus que méritoire, surtout quand on songe aux coupes budgétaires dans le spectacle vivant annoncées par le ministère de la culture, si tant est qu’il en soit encore un. Cette fois-ci, c’est l’association Karakib, sise à la maison éclusière de Parcieux (01600) qui proposait un concert avec le groupe Shezar, un quartet dédié à la musique orientale avec un arrière-plan légèrement jazzy. Peu importe d’ailleurs ; un oud, une clarinette le plus souvent basse, un tarhu (instrument longiligne récent avec des cordes de violoncelle et une sonorité particulière) et des percussions, ce fut suffisant pour créer un univers d’une grande finesse et d’une musicalité singulière de premier ordre. Qu’il joua des thèmes traditionnels ou des compositions originales, le quartet fut parfaitement homogène (malgré le remplacement du clarinettiste historique pour raison de santé) et fit parcourir l’Orient au public somme toute assez nombreux pour une première (bon, c’était pas Madonna à Rio non plus) dans une commune d’à peine plus de deux mille habitants. Quoi qu’il en fut, chacun des musiciens fit preuve d’une virtuosité sans fard et privilégia à chaque instant la musique. Onirique ou festive, cette dernière offrit une palette sonore plus que captivante et sensible, clairement basée sur l’équilibre entre des musiciens à l’écoute et rompu à cet art, et qui n’eut aucune difficulté à séduire l’auditoire (une vingtaine d’années de concert derrière eux explique l’expression musicale irréprochable qui fut la leur). Bien évidemment je pensai à Rabih Abou-Khalil et Anouar Brahem dont la notoriété contribua à l’orée de ce siècle à la diffusion de cette musique aux saveurs multiples pas aussi éloignée du jazz qu’il n’y paraît. C’était un 05 mai dominical (rien à voir avec Dominique A.) et l’on dit que « lorsqu’il pleut le cinq mai, il n’y a pas de noix ». Ça c’est con parce que j’aime bien les noix. Mais un autre dicton affirme qu’« à la sainte-Judith, beau temps se précipite ». Ça c’est mieux, je l’attends depuis trop longtemps et j’en ai un peu plein la nappe... Dans la voiture, le duo de Mal Waldron et Jim Pepper (The art of the duo, 1989 chez Tutu) acheva la journée en beauté malgré l’eau qui tombait en gouttes des nuages sur la terre, notamment grâce à une version solo supercoquentieuse de du Somewhere over the rainbow d’Harold Arlen par le saxophoniste ténor trop tôt disparu. L’adjectif inusité ci-dessus employé est un clin d’œil à Bernard dont j’apprends qu’il a pivoté vers l’ombre oublieuse, le noir profond. Entre Furetière, Larousse, Littré et les autres, ça va swinguer là-haut (ou ailleurs).
Hassan Abdalrahman : oud
Nicolas Beck : contrebasse, tarhu
Jean Louis Marchand : clarinettes
Fabien Guyot : percussions