Tous les bons festivals ont une fin... Celle-ci fut brillante et pêchue.
Dimanche 21 juillet 2024
Bastien Griat : saxophone
Grégoire Kieffer : claviers
Juan Camillo Roldan : batterie
En ouverture de la dernière soirée dans une ambiance à peine rafraichie par les orages de la nuit précédente, Benoit Brunner fit venir devant la scène la quarantaine de bénévoles sans lesquels le festival ne vivrait pas. Une initiative encore inédite pour moi bien que j’eus déjà vécu des festivals à la pelle, une initiative qui définit le climat général de l’événement où l’accueil souriant est en permanence de mise. Ils avaient même composé leur tube qu’ils partagèrent avec un public aussi gai qu’eux. J’étais loin de ces abominables festivals mercantiles où une sécurité patibulaire et des attaché(e)s de presse incompétent(e)s font la misère aux photographes d’abord et aux chroniqueurs ensuite quand ils ne représentent pas le média idoine… Bref, le Boplicity Jazz Festival sait recevoir et c’est assez rare pour être signalé.
En première partie de soirée, Le jeune trio strasbourgeois Nobaban tint la scène avec un jazz hybride attrayant et déjà marqué par une originalité certaine. Un saxophoniste au discours fluide, un claviériste aimant triturer les harmonies et un batteur jamais envahissant, à la frappe précise et plutôt aérienne. Voilà ce qui fut proposé au public dont j’étais. Le trio soigna des lignes mélodiques bien architecturées en leur laissant la possibilité d’une échappée sans pour autant qu’elles soient illisibles. Par bien des aspects, elles furent captivantes, notamment par la qualité de l’interplay. Il me sembla toutefois qu’une certaine timidité les contraignit légèrement bien qu’ils furent visiblement heureux d’être accueillis sur une belle scène en première partie d’un furieux, déjà vieux routard de la scène qui occupera le paragraphe suivant de cette chronique estivale.
Guillaume Perret : saxophone, électronique
Tao Erhlich : batterie
Guillaume Perret vit sa musique sur tous les territoires. Voyageur épris de sons et de sens, il démontra une fois de plus, avec Tao Erhlich à la batterie, l’étendue de ses désirs musicaux et l’éloquente énergie qu’il puise en lui pour les magnifier. Techno par ici, électro par là, rock un peu plus loin, tribal aussi, jazz toujours, son souffle saxophonesque, branché sur une somme d’effets suffisante pour enflammer une banquise, ne manqua pas sa cible. Le public quoi… Poussé au cul par un batteur percutant et inspiré, il déploya un savoir-faire généreux et bouillonnant qui plaqua littéralement les auditeurs à leurs sièges. Comme en sus sa joie de jouer lui fait parcourir la scène en tout sens et jusqu’à son bord, il établit naturellement un lien d’amicale confiance avec le public. Tous les musiciens ne savent pas le faire. Lui dont la musique sortait d’un chaudron fervent y plongea avec bonheur les spectateurs et leur demanda avec un joyeux sourire s’ils ne voulaient pas faire le rappel debout, histoire d’attiser plus encore sa musique nativement ignée dans un éclat final où chacun put se déhancher à loisir, applaudir à tout rompre ; en deux mots : être heureux. Well done comme on dit là-bas (de l’autre côté de l’océan, pas dans les vosges). Cela eut lieu un 21 juillet, jour qui vit naître Hemingway dont je peux vous assurer qu’il sut lui aussi faire feu, plus précisément le dernier jour de sa vie terrestre…
Je vous signale enfin que l’association qui gère le festival a fait l’acquisition d’un espace de 2000 m2 dans la ville afin d’installer une structure culturelle polyvalente. Et bien sûr, il y aura également de la musique. Je constate avec plaisir qu’à Rambervillers, en ces temps troubles de repli identitaire où la bêtise défie l’intelligence, où l’ignorance combat le savoir, que des personnes existent encore qui œuvrent sans compter pour le bien commun par le seul vecteur qui bonifie l’humain, la Culture, avec un enthousiasme inspiré. On les remercie, n’est-ce pas ?
https://boplicity.fr/
https://nobaban.bandcamp.com/album/propulsion-2-nobaban
https://www.guillaume-perret.com/