Il y a des choses qu’on ne s’explique pas. Comme ne pas avoir vu Magic Malik sur scène avant la semaine dernoère. Allez savoir pourquoi...
Samedi 26 ocotbre 2024
Magic Malik : flûte, voix
Olivier Laisney : trompette
Maxime Sanchez : piano
Florent Nisse : contrebasse
Pierre Eden : batterie
Et si je vous la faisais à l’envers ? Hier, 26 octobre, jour où naquit Domenico Scarlatti (1685-1757), l’homme aux 555 sonates (sur un total de 717 œuvres), jour où eut lieu en 1881 la célèbre et très cinématographique fusillade d’OK Corral à Tombstone (de quoi écrire un blues) et jour où le dicton dit « À la saint Amand, sont mûrs les glands », je revins au Crescent (plein comme un œuf) voir sur scène pour la première fois Magic Malik. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, me disais-je dès l’entame du concert de sa Jazz Association créée pour rendre hommage à quelques anciens par le biais des standards qu’ils composèrent en leur temps. Une bonne idée d’autant plus que le flûtiste affirma que les jouer était suffisant pour les faire vivre encore sans avoir à les réarranger. Ceci écrit et sa personnalité étant ce qu’elle est, son empreinte, en osmose avec les autres membres du quintet, leur donna cependant une couleur et une saveur distinctes, une identité cousine. Wayne Shorter fut convoqué, Curtis Fuller et Gordon Jenkins sortis des oubliettes, et Coltrane, le plus omniprésent des absents, fut bien évidemment de la partie. J’en oublie. À cela s’agrégea un « Joyeux printemps » inspiré par Clifford Brown et une autre composition originale lors du premier set. J’en oublie, forcément. Tout cela pour vous signifier que l’ambiance fut à la hauteur de la générosité du quintet, chaleureuse en diable, et non sans raison car chacun des musiciens avait sa place au service d’un collectif bien rodé qui sut mettre en valeur ces titres incontournables du répertoire ; de quoi satisfaire les plus récalcitrants des emmerdeurs toutes tendances confondues. À son habitude, Magic Malik souffla et chantonna, feula, cria, dans son instrument avec une énergie habitée par les hautes sphères, sans pour autant accaparer tout l’espace, espace dans lequel ses comparses ne s’en laissèrent pas compter et je notai au passage que leur capacité à intégrer leurs personnalités dans le grand tout était le fruit d’un bel interplay. Deux sets et un rappel plus loin, je songeai que la force de ce quintet résidait dans son équilibre, son swing natif et ses alternatives, son désir de jeu et l’empathie avec les spectateurs que distilla le souriant leader : de quoi satisfaire les plus récalcitrants des fâcheux toutes mouvances mêlées. Je fais semblant de ne pas me répéter, juste pour voir si vous suivez. Alors ?