Samedi 16 novembre 2024

Giovanni Mirabassi : piano
Rosario Giuliani : saxophone alto


La pianiste et compositrice viennoise Léopoldine Blahetka [1] (1809-1886) est née un 16 novembre. En 1829, elle rencontra Chopin avec lequel elle joua à Varsovie des œuvres pour deux pianos. Considérée comme un des grands talents de son époque, elle purge aujourd’hui sa peine, comme nombre de compositrices, dans les tréfonds de l’oubli. Ceci pour dire que le 16 novembre de l’année en cours, j’étais à Lausanne, à Chorus comme on dit là-bas, pour écouter le duo de Giovanni Mirabassi et Rosario Giulani (je n’avais plus vu sur scène ce dernier depuis 2009). Ayant reçu leur disque une dizaine de jours avant, je ne fus pas surpris par la qualité des débats. Au premier rang, le son purement acoustique fut pour moi un régal qui donna à l’échange complice des deux musiciens un relief propice à une lecture auditive particulièrement affinée. En terme de finesse, les deux transalpins s’en donnèrent à cœur joie, prenant chacun les tours des soli inspirés avant de se rejoindre, au bon vouloir de leur plaisir. Jouer ensemble fut à l’évidence l’occasion pour eux de disserter musicalement dans une ambiance purement jazzy sur leurs compositions respectives. Délicats ou expansifs, ils le furent tour à tour, au gré des lignes qu’ils entrelacèrent avec le goût sûr des musiciens expérimentés. Dire qu’ils furent mélodiques et italiens est un pléonasme dont je m’amuse (il m’en faut peu), mais il dit une vérité première : tous les jazzmen natifs de la botte possède ce truc en plus qui leur permet d’accrocher nos ouïes (consentantes) de façon imparable avec des combinaisons variées, des inflexions et des modulations qui, si elles paraissent presque simples, son toujours diablement efficaces et susceptibles d’emporter avec deux accords l’adhésion de n’importe quel auditoire. Celui du Chorus ne fit pas exception à la règle. Au premier rappel, les deux compères jouèrent « Le chant des partisans », pièce que Giovanni Mirabassi joue à chacun de ses passages dans l’antre lausannois du jazz, étant lié par « un contrat moral, renouvelé pour vingt-cinq ans », je le cite, avec le patron du lieu, Jean Claude Rochat. Sur ce coup, ayant donc entendu dans ce club par le passé différentes versions de l’artiste, je déclare que la tradition a du bon et mes deux filles présentes ce soir-là ne me désavoueront pas. La suite au prochain épisode, si le cœur vous en dit. Et s’il ne vous dit rien, la punition sera la même.


https://chorus.ch/