Jeudi 05 décembre 2024

De retour au Chien à trois pattes (Montmerle sur Saône, 01090) pour une soirée jazzy groovy bluesy rock avec un duo qui tourne depuis quelques années maintenant, à savoir Sangoma Everett & Lionel Martin. Avec un long set dédié à leur dernier album paru il y a un an (Letter to the world), augmenté de quelques morceaux plus anciens (dont l’épatant Ni Dieu ni maître en rappel), les deux compères firent feu de tout bois et mirent une bonne baffe au public, public qui en aurait volontiers pris quelques unes de plus ; bande de musichistes va ! Le ténor bourré d’effet ajouté à l’effet Sangoma, ce fut l’assurance, au-delà de l’engagement musical intense, d’un concert tout sourire, un moment bienvenu par ces temps qui courent à la recherche d’une hypothétique ligne d’arrivée éloignée du mur. Ici et là, Sangoma Everett chanta et slamma, du Jimi Hendrix et du Mongo Santamaria, dit aussi un poème dédié à son voisin décédé, accompagné par un Lionel Martin prêt à bousculer les codes, soufflant autant que nécessaire et lorgnant vers une possible transe. Si je résume, ils firent sacrément ronfler la chaudière. Le gars originaire de Norfolk, grâce à ses poignets élastiques, démontra qu’on peut faire chanter les fûts et les cymbales, surtout quand on y prend un plaisir gourmand et que l’on est doté d’une science qui séduisit bien des jazzmen tout au long de sa carrière. Le lyonnais, lui, secoua généreusement son saxophone augmenté entre chemins mélodiques et escapades sur les talus. Il n’en fallut pas plus pour que leur jazz grand ouvert, un melting pot musical sensible, et leur lyrisme naturel fissent mouche. Que demander de plus ? Rien. Je regrettai malgré tout que ce 05 décembre qui vit naître Jacques Roubaud (1932-2024) fut aussi celui de son décès. Il fut poète et mathématicien, membre éminent de l’Oulipo et créateur de La Belle Hortense, héroïne inénarrable native de Poldévie. Jacques Roubaud édicta en outre deux principes oulipiens qui portent son nom. Le premier indique qu’un texte écrit suivant une contrainte parle de cette contrainte, le second affirme qu’un texte écrit suivant une contrainte mathématisable contient les conséquences de la contrainte mathématique qu’elle illustre. Cqfd ?


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