Une soirée réussie avec Andy Emler à Villefranche sur saône

A quelle distance sommes-nous ? se demande ce trio sur son dernier opus. Proche du public assurément. Le 29 avril 2008, à Villefranche sur Saône, Andy Emler, Claude Tchamitchian et Éric Échampard ont empli le théâtre d’une musique qui n’appartient qu’à eux.

Andy Emler et les professeurs du Conservatoire
29 avril 2008
Villefranche sur Saône

En première partie, Andy Emler a proposé un exercice d’improvisation totale en compagnie de tous les professeurs du conservatoire de la ville. Ils avaient passé la journée ensemble et ce moment musical fut "époilant" et frais, chacun prenant sa part du gâteau "bruitiste" pour mieux la redistribuer, notamment au public invité par un tiers a un second rôle de premier choix. Printaniers vous dis-je, voire gouleyants, ces bruits de bouche et autres (dé)compositions instrumentales spontanées ravirent la vedette au silence en donnant à ouïr des timbres embusqués dans l’improbable.

Andy Emler trio
29 avril 2008
Villefranche sur Saône - Photo © Yves Dorison

Andy Emler, on ne parle que de lui ces temps-ci et c’est très mérité, sait être un parmi les autres, avec les autres : ce qui lui donne, paradoxalement, un statut incontesté de leader. Il n’en abuse pas d’ailleurs car il aime trop partager, échanger, ses désirs de musique, sa joie de jouer avec ses accompagnateurs comme avec le public. Et c’est bon à écouter, et c’est beau à voir.

Le plaisir musical intense est chose rare en ces temps de formatage outrancier de la culture et l’on sent, hélas trop souvent, que nombre de musiciens s’en satisfont malgré eux en nous offrant des prestations convenues. Tel n’est pas le cas avec ce trio. Eric Echampard, Claude Tchamtichian et Andy Emler le savent bien et leur travail est d’évidence une partie de plaisir autant qu’une leçon de musique, de jazz vivant.

Convaincus et convaincants, ils livrent une musique émancipée, rayonnante et exaltée. Savants sans être ennuyeux, ils approfondissent à tout instant un cheminement mélodique en quête de sens (une philosophie du bonheur ?). La connivence leur va comme un gant qu’ils sont trop heureux de relever ; c’est là la belle audace, l’impertinence, de ce jazz contemporain qui transcende les genres et transgresse notre triste époque avec tact et raffinement.


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