La trentième édition de Jazz à Vienne a débuté sous les meilleures auspices avec des artistes généreux et un soleil réjouissant. Morceaux choisis.
La trentième édition de Jazz à Vienne a débuté sous les meilleures auspices avec des artistes généreux et un soleil réjouissant. Morceaux choisis.
> 25 juin 2010
Joachim Kühn a 66 ans et rien ni personne ne pourra jamais l’empêcher d’aborder le genre musical qui lui plaît au moment où il le décide. Apôtre de la liberté, il apporte au jazz des compositions d’envergure, des disques à son image, changeants mais qui ne laissent pas indifférents, un style personnel dont le romantisme n’est pas absent. En ouverture de Jazz à Vienne 2010, sur la scène du théâtre antique, il est apparu en trio avec Ramon Lopez et Majid Bekkas pour un set d’une qualité remarquable. L’aspect world du trio l’est pour le meilleur. Personne ici ne renonce à sa spécificité et chacun s’efforce de donner le meilleur de son originalité musicale.
Joachim Kühn crée sur le clavier des bribes mélodiques énergisantes dans le respect d’un interplay aussi riche qu’équilibré. Sur scène, le nomadisme du pianiste de Leipzig s’expose dans sa vision globale de la musique comme une source créative à laquelle il puise pour délivrer des formes improvisées personnelles qui séduisent sans coup férir le public. L’homme est engagé dans sa musique, c’est peu de le dire, et le respect qu’on lui témoigne est à l’aune de son talent.
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> 25 juin 2010
Un trio minimaliste dans l’ambiance cosy du Club de minuit, celui de Susie Arioli. La canadienne au style affirmé a proposé un concert de grande facture. Il est ardu d’approcher la perfection dans le contexte acoustique qu’elle impose à son art vocal. Elle réalise pourtant ce tour de force avec simplicité. Des standards du jazz au blues de Memphis Slim en passant par la chanson française de Vian ou Trénet, Susie Arioli a déroulé dans l’excellence et la finesse des mélodies intemporelles avec une fraîcheur et un savoir-faire étonnant. Solidement épaulée par Jordan Officer et Bill Gossage, elle laisse aller sa voix en confiance dans des tonalités qui émeuvent toujours un public acquis à la nostalgie et non à la mélancolie. Un beau moment d’échange dans la confidentialité à l’italienne du théâtre de Vienne.
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> 26 juin 2010
Le maître. Adulé dans son pays et reconnu pour avoir donné au flamenco une contemporanéité qui respecte ses origines, il impose l’image d’une sensibilité profonde et d’un jeu âpre : l’essence du flamenco est-elle ailleurs ? Seul ou entouré de ses musiciens, il suscite l’intérêt dès la première note et l’adhésion dès la deuxième. Il laisse la part belle à l’improvisation et ses musiciens donner une charge émotionnelle d’une intensité épique à l’art qu’ils pratiquent. La chaleur de l’accueil réservé par le public à ces artistes est relative à l’humanité violemment charnelle qu’ils expriment par le chant, la percussion ou la danse. Tout ce qui peut sortir d’une guitare flamenca sort des mains de Paco De Lucia avec aisance. Sa technique sidérante lui permet toutes les audaces mais ne nuit jamais à l’essence mélodique de la musique, à son authenticité. Dire qu’il domine l’ensemble est juste mais ne traduit pas la modestie de l’homme. Osons donc affirmer que, tutélaire malgré lui, il est le cœur d’un groupe à sa mesure (à sa démesure). Derrière la posture hiératique du timide autant que du sage, la passion, la grâce et le feu, l’habitent. Le cheminement qui est le sien depuis plus de quarante ans expose les couleurs et les contrastes de l’idiome fascinant qu’il pratique d’un concert l’autre avec sincérité. L’admiration que lui portent les aficionados est plus que méritée et sa musique éminemment nécessaire.
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